CENTENAIRE DES 24 HEURES - HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Pendant les années 1930 et 1950, Talbot a figuré parmi les grands animateurs des 24 Heures du Mans. Deux pilotes sont tout particulièrement associés à l’histoire sarthoise de la marque : Louis Rosier, qui lui offre son unique victoire aux 24 Heures en 1950 au volant d’une voiture dérivée d’une monoplace de Grand Prix, et Pierre Levegh.
Mais tout d’abord, un petit résumé d’une marque qui a connu bien des changements de propriétaire. D’origine britannique, Talbot est associé à la branche anglaise de la firme française Darracq, puis rachetée par Anthony Lago en 1932. En 1958, Talbot est racheté par Simca qui, intégré à Chrysler Europe revend la marque à Peugeot en 1978. De nos jours, elle appartient donc à PSA devenu Stellantis.
De Talbot à Talbot-Lago
Apparu pour la première fois aux 24 Heures du Mans avec deux voitures en 1925, Talbot s’illustre en 1930, 31 et 32 avec trois troisièmes places. On a retrouvé régulièrement ces voitures à Le Mans Classic depuis sa création en 2002, facilement reconnaissables à leur couleur vert pomme et leur énorme phare central supplémentaire.
A partir de 1935, le modèle d’exception de la marque après sa reprise par Anthony Lago est la T150 C déclinée avec des modèles en série très limitée : Lago spécial et Lago Supersport (SS). Ces dernières attirent particulièrement les grands carrossiers français des années 1930, époque où leur talent domine le stylisme automobile. Nous retrouvons donc une Talbot au départ des 24 Heures du Mans 1935, puis deux en 1937, trois en 1938 et quatre en 1939.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Talbot brillent dans de nombreux Grands Prix en Europe avec la T26 C. Aux 24 Heures du Mans, il y aura trois voitures en 1949, trois en 1950, six en 1951, quatre en 1952, trois en 1954, deux en 1956 et une dernière en 1957.
1950 : la victoire marathon de Louis Rosier
Les 24 Heures du Mans 1950 marquent l’apothéose de Talbot. Associé à son fils Louis Jr, dit Jean-Louis, le Clermontois Louis Rosier remporte l’épreuve en athlète, pilotant 23 heures seul après avoir heurté un oiseau de nuit qui explose le saute-vent de sa T26 GS et le blesse à l’œil. Il doit aussi remplacer sa rampe de culbuteur mise à mal après un passage de vitesse raté à Mulsanne, avec la complicité de son fidèle mécanicien Robert Aumaitre, un ancien de chez Bugatti qui deviendra commissaire technique des 24 Heures. Jean-Louis Rosier n’aurait piloté que quelques tours, ce dont il s’est toujours défendu.
La Talbot victorieuse en 1950 fait partie de ces anciennes voitures de Grand Prix dites « monoplaces décalées », auxquelles sont ajoutés des ailes de style moto et des phares. Des carrosseries enveloppantes, puissantes à souhait, prennent le relais.
1952 : Pierre Levegh tout près de la victoire
Au volant de l’une d’elles, Pierre Levegh fait en 1952 une démonstration en solitaire tout aussi sidérante, au volant de sa puissante Talbot 22 heures durant, avant de casser son moteur à une heure de l’arrivée des 24 Heures alors qu’il est en tête avec cinq tours d’avance sur Mercedes.
Très impressionné par la démonstration du Français, le patron de l’écurie allemande Alfred Neubauer l’appellera aux côtés de Juan Manuel Fangio, Stirling Moss et autres ténors des fifties pour l’édition 1955 des 24 Heures du Mans. Mais ce qui aurait dû être pour Levegh la consécration sera la plus terrible catastrophe de l’histoire du sport automobile.
Après la victoire de Louis Rosier, les meilleurs résultats de Talbot aux 24 Heures du Mans sont l’oeuvre de Pierre Meyrat/Guy Mairesse et Pierre Levegh/René Marchand, respectivement deuxièmes et quatrièmes en 1951. De 1938 à 1956, Louis Rosier aura disputé à six reprises les 24 Heures au volant d’une Talbot, avec notamment pour coéquipiers Juan Manuel Fangio en 1951 et Jean Behra en 1956.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1930-1952 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : La Talbot de Louis Rosier père et fils au stand en 1950 (n°5) : vingt ans plus tôt, la Talbot de Brian Lewis et Hugh Eaton (n°15) signe le premier podium de la marque aux 24 Heures ; en 1938, le duo français Jean Prenant/André Morel (n°5) signe un résultat identique avec le coupé T150 Super Sport ; sur la Talbot victorieuse de Louis Rosier père (au volant) et fils après l'arrivée de la course en 1950, on peut noter les dégâts causés par un impact d'oiseau sur le pare-brise, dont il ne reste plus que le montant ; deux ans plus tard, à l'instar de Louis Rosier père, Pierre Levegh (n°8) passe plus de vingt heures au volant mais doit renoncer alors qu'il est largement en tête.