L’implication du Japon dans les 24 Heures du Mans fut tardive mais récurrente et intense. En 1973, la Sygma-Mazda donna le ton de la participation nippone. L’année suivante, Sygma est de retour et franchit la ligne d’arrivée non classé, avec Yojiro Terada au volant. Des ennuis mécaniques immobilisèrent la voiture au stand pendant une bonne moitié de l’épreuve, donnant aux techniciens japonais une image de ténacité et de persévérance qui força l’admiration. La participation privée européenne de Mazda en 1975 se révèlera sans lendemain. Le constructeur japonais est de officiellement de retour en 1980, 1981 et 1982. À partir de 1983, Mazda démontre sa maîtrise du moteur rotatif bi-rotor avec une victoire en groupe C junior. En 1984, nouveau succès pour Mazda, en Groupe C2 avant que grâce à un châssis Lola, le constructeur japonais fiabilise définitivement ses mécaniques en 1985. L’apparition du bloc tri-rotor en 1986 correspond aussi à la maitrise de cette technologie. En 1987, belle 7e place de Mazda et en 1988 Mazda termine en 15e position. En 1989, le moteur quadri-rotor se hisse à la 7e place (1er en IMSA), 9e et 12e.
En 1990, la marque laisse entrevoir un possible podium. Mais l’heure de gloire arrive en 1991. Profitant de la transition entre les catégories Groupe C et Sport 3,5 litres atmosphériques, Mazda engage trois 787B pour les 24 Heures du Mans. Mais le constructeur japonais doit faire face à trois Sauber-Mercedes C11, quatre Jaguar XJR-12 descendantes directes de celles qui l’ont emporté en 1990, deux Peugeot 905 débutantes et une armada de 15 Porsche 962 ! Pour préparer l’épreuve et orchestrer la stratégie, Mazda établit un partenariat avec Oreca. L’équipe est également coachée par Jacky Ickx, ancien pilote sextuple vainqueur des 24 Heures du Mans et détenteur alors du record de victoires dans la Sarthe. Les 787B vont s’avérer performantes, fiables et sobres en consommation de carburant. La #55 pilotée par Betrand Gachot, Johnny Herbert et Volker Weidler s’impose devant deux Jaguar XJR-12. Les couleurs « flashy » et surtout le bruit strident du quadri-rotor ont laissé un souvenir impérissable dans les mémoires et les tympans des spectateurs.
Masanori Sekiya, premier pilote japonais à s’imposer
Dans la foulée de ce succès retentissant, la décennie quatre-vingt-dix voit ensuite les grands constructeurs nippons se lancer à l’assaut des 24 Heures. En 1995, néanmoins le Japon est en haut de l’affiche avec la victoire de Masanori Sekiya, premier pilote japonais à s’imposer au volant de la McLaren F1 GTR de Kokusai Kaihatsu Racing. La légende veut désormais que tout pilote se mariant au Mans, ce qui fut son cas, l’emporte peu après. Le nouveau siècle et l’arrivée d’Audi marqueront une pause dans l’épopée japonaise aux 24 Heures du Mans. Un deuxième pilote japonais, Seiji Ara, ajouta son nom dans le palmarès de la classique mancelle en remportant l’édition 2004. Toyota menaça le constructeur allemand dès 2012 puis Porsche pour l’emporter en 2018 et 2019, après des échecs en 2016 et 2017. À noter aussi le retour en force de grands talents japonais au volant depuis quelques années avec Nakajima et Kobayashi.
La Mazda de la collection de l’ACO a été offerte par le constructeur en souvenir de cette page exceptionnelle de l’histoire des 24 Heures du Mans. C’est une authentique voiture de course (châssis 04) qui a été peinte et décorée aux couleurs de la voiture gagnante en 1991, avec ses couleurs fluos et sa déco très graphique. La voiture est dotée d’une mécanique de présentation mais non opérationnelle. Elle est souvent demandée pour aller témoigner en Europe de cette victoire mémorable. Il y a quelques années, la véritable gagnante de 1991 est revenue au Mans pour effectuer en lever de rideau des 24 Heures du Mans quelques tours aux mains de Patrick Dempsey, la star américaine très sensible à cette belle invitation, permit ainsi aux spectateurs d’entendre de nouveau ce bruit inimitable du moteur quadri rotor résonnant sur la ligne droite des stands et des Hunaudières.
Grâce au Musée des 24 Heures du Mans et ses 140 véhicules, l’Automobile Club de l’Ouest vous raconte l’épopée de l’automobile dans la Sarthe et le succès de son épreuve internationale. Bentley, Ferrari, Jaguar, Ford, Porsche, Matra, Audi, Peugeot, Toyota … tous les grands noms y sont représentés par leurs modèles mythiques qui immergent le visiteur dans la plus grande course d’endurance au monde. 350m² d’expositions temporaires viennent compléter ce parcours thématisé qui peut se poursuivre par la visite du célèbre circuit des 24 Heures du Mans.
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