La présence de la Serenissima Spyder lors de la vente aux enchères Artcurial Motorcars pendant la dernière édition de Retromobile, le grand rendez-vous parisien de la voiture de collection, a réveillé le souvenir de l'une des plus singulières histoires italiennes des 24 Heures du Mans : celle d'un aristocrate vénitien, le Comte Giovanni Volpi. Après avoir engagé en 1962 l'une des Ferrari les plus originales jamais vues dans la Sarthe, il engage en 1966 sa propre voiture.
En 1964, Giovanni Volpi devient constructeur à part entière. Ainsi naît la première Serenissima de route, un coupé baptisé 308 V. Equipé d'un moteur V8 de 3.5 litres monté en position centrale dans un châssis tubulaire et une carrosserie en aluminium, il constituera la base du Spyder qui disputera les 24 Heures du Mans 1966.
Seulement deux exemplaires de cette version Spyder ont été construits. L'un a été vu en compétition en 1965, notamment aux mains du pilote belge Willy Mairesse (huit participations aux 24 Heures du Mans, trois podiums). Le second est la voiture engagée dans la Sarthe en 1966.
Cette Serenissima Spyder est confiée à un duo de pilotes français, Jean de Mortemart et Jean-Claude Sauer. Alors que le duel Ferrari-Ford monopolise l'attention, la Serenissima Spyder affiche une autre originalité. Pour cette 34e édition, elle arbore le numéro de course le plus convoité : le 24.
Qualifiés en 42e position, Mortemart et Sauer abandonnent à la cinquième heure sur un problème de boîte de vitesses, après un tête-à-queue au départ de la course. A noter également que Serenissima avait amené aux 24 Heures 1966 une deuxième voiture, un prototype de GT surnommé "Jungla" par ses mécaniciens. Mais il n'a jamais pris la piste.
Par la suite Serenissima a créé deux autres coupés GT sportifs singuliers, l'Agena (1967) et la Ghia GT (1968). Depuis lors, le Comte Giovanni Volpi a conservé le Spyder (seul exemplaire encore existant) dans le strict état d'origine dans lequel il avait terminé les 24 Heures du Mans 1966. Ainsi, lors de sa présentation pour la vente Artcurial à Rétromobile, la patine du temps a donné à sa peinture dorée de surprenants reflets argentés. Et l'on devine le numéro 24 calligraphié sur le capot et les portières.
Adjugé 4 218 800 euros le 8 février dernier, quel sera le destin de la Serenissima Spyder ? Son nouveau propriétaire américain la conservera-t-il telle que lors des 24 Heures du Mans 1966 ? Décidera-t-il de la faire restaurer, auquel cas elle deviendrait éligible pour de grandes manifestations historiques comme bien sûr Le Mans Classic ? L'avenir le dira.
Photos - La Serenissima Spyder d'hier à aujourd'hui. En noir et blanc, les 24 Heures du Mans 1966, avec en haut la Serenissima Spyder en piste face à la Ford Mk II n°6) de Lucien Bianchi et Mario Andretti (photos D.R. / Archives ACO). En couleurs, la Serenissima Spyder telle que proposée à la vente aux enchères d'Artcurial Motorcars le 8 février 2019, avec une patine de plus d'un demi-siècle (photos Christian Martin).