Né en 1944, Steve Fossett a fait fortune à la bourse de Chicago. Il devient célèbre grâce aux très nombreux exploits accomplis au cours de sa vie : 115 records du monde dans cinq disciplines, rien que ça ! Il effectue entre autres cinq tours du monde, que cela soit en ballon, en bateau en équipage ou en solitaire. D’apparence peu sportive, il met pourtant tout en œuvre au cours de sa vie pour battre encore et toujours des records, avec une envie insatiable d’aller toujours plus vite, toujours plus loin. Il déclara d’ailleurs un jour que « ces records, je les tente pour la satisfaction de les réussir. Je ressens le plaisir d'être allé plus vite ou plus loin que quiconque avant moi ». Introverti, attentionné, déterminé, persévérant, d’une organisation irréprochable et avec une connaissance accrue de la météo… Ainsi décrivait-on cet homme mystérieux aux exploits multiples.
Quand il ne bat pas des records, Steve Fossett partage sa vie entre le Colorado et la Californie où il possédait trois maisons. L’une d’elles est passée à la postérité cinématographique grâce au fameux film Basic Instinct (1992), où elle servait de demeure à Catherine Trammell, la romancière meurtrière incarnée par Sharon Stone.
Une vie de records
Parfois surnommé le « recordman des records », Steve Fossett réalise tout d’abord la traversée de la Manche à la nage en 22 heures en 1985. Ensuite, que cela soit en mer ou dans les airs, on ne l’arrête plus. En effet, c’est en arrivant à la quarantaine que le milliardaire décide d’offrir un tournant à sa vie et d’investir son argent dans une nouvelle passion… battre des records.
En 1994, il se classe cinquième de la route du Rhum. Il traverse ensuite en 1995 l’Océan Pacifique en montgolfière, puis vient le record de la traversée de l’Atlantique en maxi-Catamaran en 2001, suivi par la première circumnavigation (navigation autour d’un lieu, d’un continent… ndlr) de la terre en Montgolfière en 2002. Toujours en dirigeable, il bat le record de vitesse en 2004 puis la même année le record de circumnavigation à la voile et en équipage à bord du bateau Cheyenne. En 2005, il effectue son premier tour du monde en avion, en solitaire, sans escale et sans ravitaillement à bord du célèbre GlobalFlyer. Aux commandes de ce même appareil, Steve Fossett bat en 2006 le record du monde du vol le plus long. La même année il bat le record absolu d’altitude en planeur, soit le premier vol stratosphérique de l’histoire du vol à voile.
L’Américain ne bat pas seulement des records et exploits en mer ou dans les airs, mais est également connu pour ses capacités d’alpiniste. Il accompli au cours de sa vie l’ascension des plus hauts sommets du monde, la première remontant à l’âge de douze ans alors qu’il était scout. Seul l’Everest, le toit du monde lui résistera, après deux tentatives infructueuses.
Cette vie à toute allure s’achève brutalement lors d’un crash en avion en survolant le Nevada. Steve Fossett s’écrase le 3 septembre 2007, mais ce n’est que plus d’un an après que les débris ainsi que des ossements permettant de l’identifier sont retrouvés.
Mais quelle a été la place du sport automobile dans cette vie d’aventurier ? Un sport qui a attiré bien des pionniers en quête d’adrénaline ; Steve Fossett ne fait pas exception et s’est bien sûr essayé aux engins à quatre roues.
Steve Fossett, le sport automobile et les 24 Heures du Mans
Comme de nombreux aventuriers avant lui (à l’instar des Bentley Boys et notamment Glen Kidston, premier homme à avoir effectué la liaison aérienne Londres-Le Cap le 6 avril 1931), Steve Fossett s’est attaqué aux 24 Heures du Mans à deux reprises, en 1993 puis en 1996.
Avant cela, il participe à de nombreuses courses sur les circuits américains. Tout d’abord à Laguna Seca en 1992, puis aux 24 Heures de Daytona en 1993 et aux 12 Heures de Sebring où il termine onzième au volant de la Spice Chevrolet n°19 avec David Tennyson et le Manceau François Migault. Enfin, c’est en 1993 qu’arrive l’aventurier de 49 ans aux 24 Heures du Mans. Il participe au double tour d’horloge à bord de la Porsche 962 CK6 n°15 de Kremer Racing et aux côtés d’Almo Copelli et Robin Donovan. Parti en treizième position, le trio est contraint à l’abandon après 17 heures de course pour un problème d’alimentation, alors que l’équipage occupait la 15e place.
L’année suivante, en 1994, Steve Fossett participe de nouveau à la course de Daytona avec la n°45 mais comme l’année précédente, il ne ralliera pas l’arrivée suite à une casse moteur. La même année, il participe également au Paris-Dakar.
Deux ans plus tard, on retrouve Steve Fossett au volant d’une Courage C41 lors des 12 Heures de Sebring qu’il ne termine pas, après une sortie de piste. La même année, il participe pour la seconde fois aux 24 Heures du Mans, toujours avec Kremer Racing et cette fois avec la Porsche K8 n°2. Il est associé cette année-là au suédois Stanley Dickens (vainqueur de la course en 1989) et le sud-africain George Fouché. Malheureusement, il n’est pas plus chanceux qu’en 1993 et abandonne la course quelques heures après le départ, le samedi soir après une sortie de piste.
La Sarthe n’aura pas porté chance à cet homme de records, qui prouve une fois de plus que, que l’on soit aventurier hors pair ou pilote aguerri, cette course reste toujours aussi impitoyable. Aventurier, pilote… N’est-il d’ailleurs pas important de rappeler que de nombreux pilotes, grâce à leur exploits et records aux 24 Heures du Mans comme dans d’autres disciplines du sport automobile, sont eux aussi à leur manière des pionniers et des aventuriers ?
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1993-1996 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : que ce soit en 1993 (n°15) ou en 1996 (n°2), Steve Fossett (au volant en 1996 ci-dessus) a fait confiance pour ses deux participations à l'expertise des frères Manfred et Erwin Kremer, préparateurs allemands spécialistes de Porsche, dont une 935 modifiée par leurs soins avait remporté les 24 Heures du Mans en 1979 aux mains de l'Allemand Klaus Ludwig et des frères américains Don et Bill Whittington.