Ils sont seulement trois à avoir connu cet instant d’exception, tous anciens et futurs vainqueurs des 24 Heures du Mans : Luigi Chinetti, Jacky Ickx et Fernando Alonso. Ils cumulent l’impressionnant score de onze victoires.
1982 : Luigi Chinetti, vainqueur et citoyen d’honneur
Triple vainqueur des 24 Heures et citoyen d’honneur de la ville du Mans, Luigi Chinetti est en 1982 le premier pilote à avoir eu la chance de donner le départ des 24 Heures du Mans. Luigi Chinetti fait partie de la légende du Mans pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il remporte son premier succès dans la Sarthe en 1932, dès sa première participation. Cette année-là, il court sur une Alfa Romeo 8C aux côtés du français Raymond Sommer. Par la suite, Chinetti revient à douze reprises au Mans et décroche deux autres victoires, en 1934 avec un autre Français, Philippe Etancelin, toujours sur Alfa Romeo 8C, puis en 1949 avec le britannique Lord Selsdon au volant d’une Ferrari 166 MM. Pour la circonstance, il devient le seul pilote vainqueur au Mans avant et après la Seconde Guerre mondiale.
Après sa retraite de pilote et grâce à ses liens étroits avec Enzo Ferrari, Luigi Chinetti fonde en 1958 le North American Racing Team (NART), très proche de la Scuderia Ferrari. L’écurie connait son heure de gloire aux 24 Heures 1965 avec la victoire de la Ferrari 250 LM de Jochen Rindt/Masten Gregory. C’est le neuvième et dernier succès en date de la marque au cheval cabré dans la Sarthe. Cette année, l’édition du Centenaire marquera le grand retour de Ferrari en Hypercar, actuelle catégorie reine des 24 Heures du Mans, quatre ans après la visite de Luigi Chinetti Junior pour le 70e anniversaire de la première victoire sarthoise de Ferrari, signée par son illustre père.
2000 : Jacky Ickx, l’homme qui a réinventé le départ
Par une belle coïncidence de l’histoire, le deuxième pilote invité par l’ACO à abaisser le drapeau tricolore sera Jacky Ickx. Associé au britannique Derek Bell, il avait remporté l’édition 1982 dont Luigi Chinetti avait donné le départ. Légende vivante du sport automobile, lui aussi citoyen d’honneur de la ville du Mans, le pilote belge compte quinze participations et pas moins de six victoires, dont la première a marqué l’histoire de la course.
En 1969, pour afficher son opposition au départ type Le Mans (les pilotes traversaient la piste en courant pour atteindre leur voiture et démarrer la course), il décide de rejoindre sa voiture en marchant, de prendre le temps de s’attacher à son siège puis de se lancer dans la course : « La sécurité devenait une préoccupation, alors je décide seul, sans en parler à personne, de faire quelque chose aux 24 Heures, car je considère le type de départ de cette course trop dangereux. Je n'avais fait que le treizième temps des essais. Partir comme un boulet ne servait donc à rien sur une épreuve aussi longue. Donc, je marche, je prends le temps de m’attacher et quand je m'élance tous les autres sont déjà partis. Et l’année suivante, la procédure de départ était modifiée ». Partir bon dernier n’empêche pas le pilote belge de remporter la course dans le tout dernier tour, au volant de sa Ford GT40 qu’il partage avec le pilote anglais Jackie Oliver. Deux ans plus tard, l’ACO instaure le départ lancé tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Outre 1969 et 1982, Jacky Ickx s’impose en 1975, 1976, 1977 et 1981. Il détiendra le record des victoires aux 24 Heures du Mans pendant plus de vingt ans, avant de se faire détrôner en 2005 par Tom Kristensen, « Monsieur Le Mans » aujourd’hui ambassadeur du Centenaire de sa course fétiche.
2014 : Fernando Alonso, le départ avant la victoire
Pilote Ferrari à l’époque et double Champion du Monde de Formule 1 (en 2005 et 2006), Fernando Alonso est le premier, et toujours seul à ce jour, pilote en activité à avoir abaissé le drapeau tricolore pour libérer les concurrents.
Quatre ans plus tard, après un rendez-vous manqué avec Porsche en 2015, c’est en piste, au volant d’un prototype, que l’on retrouve l’Espagnol au Mans. En 2018, il est pilote Toyota Gazoo Racing au volant de la Toyota TS050 Hybrid n°8, aux côtés de Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima. Pour sa première participation, il remporte la course et s’impose à nouveau l’année suivante avec la même voiture et les mêmes coéquipiers, remportant à la fois la 87e édition des 24 Heures du Mans et le titre de champion du monde d’endurance FIA des pilotes.
Outre le rôle de starter, les pilotes qui ont marqués l’histoire de l’épreuve sont aussi mis à l’honneur depuis 2013 avec le rôle de Grand Marshal , associé à tous les événements rythmant la semaine des 24 Heures. C’est à l’occasion du 90e anniversaire de la création de la course que l’ACO confie à un grand nom des 24 Heures, le privilège de piloter la « leading car » pendant la procédure de départ. Ainsi, depuis 2013, les heureux élus ont été Henri Pescarolo, Allan McNish, Tom Kristensen, Alexander Wurz, Mark Webber, Jacky Ickx, Hurley Haywood, Emanuele Pirro, Derek Bell et Gérard Larrousse.
Y aura-t-il un ou une pilote de légende pour donner le départ de l’édition Centenaire des 24 Heures du Mans ? Pour le découvrir, rendez-vous le samedi 10 juin prochain !
PHOTO : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2014 (D.R. / ARCHIVES ACO) : Fernando Alonso (au centre), entouré (de gauche à droite) du Président de la FIA de l'époque Jean Todt, du pilote Porsche Mark Webber, du Président de la Commission Endurance de la FIA de l'époque Sir Lindsay Owen-Jones et du triple vainqueur des 24 Heures du Mans Allan McNish. Le pilote espagnol avait également pris la piste au volant d'une Ferrari 512. Après ses deux victoires sur Toyota en 2018 et 2019, Fernando Alonso a également été en 2021 sur Alpine le premier pilote à boucler les 13.6 kilomètres du circuit des 24 Heures au volant d'une monoplace de Formule 1.