CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION Si les 24 Heures du Mans sont incontournables pour les spécialistes mondiaux des prototypes et des GT, elles ont su aussi séduire des pilotes venus d’autres disciplines majeures du sport automobile. Avec, pour certains, l’exploit de la victoire.
Formule 1, Indianapolis, rallye, NASCAR… Le consensus est quasi général : le double tour d’horloge sarthois est sans doute le rendez-vous le plus fédérateur qui soit.
Le Mans et Formule 1 : une tradition à réinventer
Pendant les années 1950, 60, 70 et même 80, il était courant de voir les têtes d’affiche de la Formule 1 sur le circuit des 24 Heures. Ultra-spécialisation aidant, cette tendance s’est quelque estompée par la suite, les pilotes F1 venant dans la Sarthe étant souvent en rupture de carrière en monoplace.
En 2015, Nico Hülkenberg profite d’une absence de concurrence de date avec la Formule 1 pour remporter les 24 Heures dès sa première participation. En 2018, Fernando Alonso revisite la grande tradition des pilotes des années 1950, 60 et 70 en menant de front Formule 1 et Championnat du monde d’Endurance, avec deux victoires consécutives aux 24 Heures du Mans en 2018 et 2019 chez Toyota. Et en ajoutant à ses deux sacres en Formule 1 (2005 et 2006) le titre mondial des pilotes d’endurance à l’issue de la Super Saison 2018-2019. En 2021, l’Espagnol est le premier à piloter une Formule 1 (Alpine) sur le circuit des 24 Heures. Et n’a pas caché son envie de revenir dans la Sarthe pendant le nouvel âge d’or des Hypercars.
Le Mans et les rallyes : de la route au bitume
Les 24 Heures du Mans ont aussi séduit plusieurs champions du monde des rallyes (WRC, pour World Rally Championship). Le premier d’entre eux est le suédois Bjorn Waldegaard en 1971 (abandon), huit ans avant de remporter le premier titre mondial des pilotes de rallye. Double champion du monde en 1980 et 82, l’allemand Walter Röhrl, dispute à deux reprises les 24 Heures, en 1981 (7e) et 1993 (abandon).
Sacré en WRC en 1995, l’écossais Colin McRae fait en 2004 une unique apparition sarthoise sur Ferrari, qui s’achève dans le top 10 du classement général (9e) et à la troisième place de sa catégorie derrière Corvette Racing.
A ce jour, le meilleur résultat d’un champion du monde des rallyes au classement général est la deuxième place de Sébastien Loeb en 2006, en tant que pilote Pescarolo Sport, pour sa deuxième et dernière participation en date. L’an passé, son successeur au palmarès du WRC Sébastien Ogier termine dans les dix premiers de la catégorie LMP2 (9e, et 13e du classement général).
Saluons également les dames pilotes des années 1970, dont la plupart ont fait leurs premières armes en rallye : Anny-Charlotte Verney, Marianne Hoepfner, Christine Beckers, Marie-Claude Beaumont, Yvette Fontaine et bien sûr Michèle Mouton, vice-championne du monde des rallyes 1982 et victorieuse de sa catégorie pour son unique participation aux 24 Heures du Mans en 1975.
Le Mans et Indianapolis : deux circuits, deux mythes
Un tracé de plus de treize kilomètres combinant circuit permanent et réseau routier, un circuit ovale de quatre kilomètres dédié aux très hautes vitesses. Le Mans et Indianapolis sont les deux courses automobiles en circuit les plus anciennes en termes d’éditions disputées. Et les 10 et 11 juin prochains, les 24 Heures rejoindront les 500 miles, qui ont fêté leur propre centenaire du 2011.
Seulement deux pilotes ont inscrit leur nom au palmarès des deux courses. Le britannique Graham Hill a remporté les 24 Heures du Mans en 1972, six ans après avoir s’être imposé dans la cinquantième édition des 500 miles dès sa première participation. En 1967, l’américain AJ Foyt est quant à lui l’auteur d’un exploit unique dans l’histoire du sport automobile, en remportant les deux courses à seulement dix jours d’intervalle. Une performance assortie au Mans du premier record de la distance dépassant les 5000 kilomètres parcourus pour son unique participation.
Ces dernières années, plusieurs anciens vainqueurs des 500 miles d’Indianapolis se sont rendus dans la Sarthe : Juan Pablo Montoya, Scott Dixon ou encore Tony Kanaan. Et cette année, figure parmi les favoris Roger Penske : propriétaire d’écurie le plus victorieux à Indianapolis avec 18 succès, il sera le porte-drapeau de Porsche pour son retour en catégorie reine Hypercar en juin prochain.
Le Mans et NASCAR : des ovales au 56e Stand
Plus important championnat américain en termes de popularité et essentiellement disputé sur ovale, la NASCAR a elle aussi sa course phare : les 500 miles de Daytona, que ses concurrents considèrent comme leur Super Bowl, en référence à la grande finale annuelle du football américain.
En 1962, Fireball Roberts est le premier vainqueur de Daytona à participer aux 24 Heures du Mans. Quelques mois après cette victoire, son unique départ aux 24 Heures s’achève en sixième position, sur Ferrari 250 GTO. En 1972, cinq ans après sa victoire au Mans, AJ Foyt remporte les 500 miles de Daytona, devenant ainsi le seul pilote vainqueur sur cette course et aux 24 Heures.
En juin prochain, l’édition du Centenaire verra dans le 56e Stand accueillir Hendrick Motorsports, l’écurie la plus titrée de l’histoire de la NASCAR et un équipage de très haut standing. Septuple champion NASCAR et codétenteur du record de titres dans la discipline, l’américain Jimmie Johnson sera associé à Mike Rockenfeller, vainqueur des 24 Heures 2010, et au champion du monde de Formule 1 2009 Jenson Button.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), 24 HEURES DU MANS 1962-2018 - DE HAUT EN BAS : Le septuple champion NASCAR Jimmie Johnson, le vainqueur des 24 Heures Mike Rockenfeller et l'ancien champion du monde F1 Jenson Button (de gauche à droite), trois horizons différents réunis pour l'équipage du 56e Stand en 2023 ; Fernando Alonso (à droite) et Sébastien Buemi sur la piste de la ligne droite des stands pour la victoire des 24 Heures 2018 ; Sébastien Loeb, pigiste de luxe pour Pescarolo Sport en 2005 et 2006 ; Graham Hill (à gauche) est encore aujourd'hui l'unique détenteur de la Triple Couronne du sport automobile, avec les 24 Heures du Mans en 1972 (ici avec Henri Pescarolo), les 500 miles d'Indianapolis en 1966 et deux titres mondiaux en F1 en 1962 et 68 ; Dan Gurney et AJ Foyt (à gauche, en blouson Ford) pour l'inauguration de la douche au champagne sur le podium en 1967 ; la Ferrari 250 GTO au volant de laquelle Fireball Roberts a terminé sixième des 24 Heures 1962 est aujourd'hui la propriété du gentleman-driver François Perrodo, vainqueur de la catégorie LMGTE Am en 2021 ; pour l'édition du Centenaire, le 56e Stand sera occupé par une Chevrolet Camaro engagée par Hendrick Motorsports, écurie la plus titrée du championnat américain NASCAR.