CENTENAIRE DES 24 HEURES – DES MACHINES ET DES HOMMES ⎮ Si la victoire au classement général des 24 Heures du Mans impose le respect dans le palmarès d’un pilote, un succès de catégorie nécessite la même somme de travail, d’engagement et de performance, et possède donc son propre prestige. Après avoir été pilote d’usine Toyota, Nicolas Lapierre est devenu depuis 2015 l’une des références du plateau LMP2, avec quatre victoires dans cette catégorie, dont trois avec Alpine.
Originaire des Alpes savoyardes, Nicolas Lapierre gravit tout d’abord les échelons de la monoplace, remportant le Grand Prix de Macao en 2003 à seulement 19 ans, puis un titre en A1 Grand Prix (championnat aujourd’hui disparu dont chaque écurie représentait une nation) à l’issue de la saison 2005-2006.
Son parcours en endurance commence en 2007, avec une première participation en GT en 2007 (16e). Il passe en prototype en 2009 dans l’ancienne catégorie reine LMP1 et s’installe rapidement dans le top 5 du classement général, avec la cinquième place en 2009 puis en 2011. Cette dernière année, il signe sur Peugeot 908 HDi FAP une victoire de prestige aux 12 Heures de Sebring, l’un des rendez-vous majeurs de l’histoire de l’endurance, associé à Loïc Duval et Olivier Panis.
En 2012, Nicolas Lapierre accompagne le retour de Toyota, à qui il offre cette saison-là ses trois premières victoires (Sao Paulo, Fuji et Shanghai) en compagnie d’Alex Wurz et Kazuki Nakajima. Après deux autres succès en 2014 (Silverstone et Spa-Francorchamps), son histoire avec le constructeur japonais s’achève sur la troisième marche du podium des 24 Heures du Mans.
JEAN-PIERRE ESPITALIER (ACO)
En 2015, il rejoint les rangs de l’écurie KCMG, avec laquelle il remporte la catégorie LMP2 aux 24 Heures du Mans, signant pour la circonstance la première victoire d’un châssis Oreca. Arrivée cette même année en Championnat du monde d’Endurance FIA, l’équipe Signatech Alpine s’attache ses talents pour la saison suivante. Commence un long compagnonnage couronné de succès avec la marque au A fléché.
Le Savoyard et l’Alpine
En 2016, Nicolas Lapierre a pour coéquipiers l’américain Gustavo Menezes et le Monégasque Stéphane Richelmi, qui débutent tous les deux en endurance. Il signe tout d’abord un exploit personnel à Spa-Francorchamps par un dépassement d’anthologie pour la victoire LMP2. Puis s’impose pour la deuxième année consécutive au Mans. Pour Stéphane Richelmi, « découvrir les 24 Heures avec Nicolas, qui n’a plus rien à prouver, cela permet d’apprendre énormément et nous a également aidés à être rapidement performant en tant qu’équipage ». Avec en fin de saison le titre LMP2 des équipes et des pilotes.
Nicolas Lapierre poursuit l’aventure Alpine jusqu’en 2022, signant un bref retour en LMP1 chez Toyota aux 24 Heures 2017 (abandon). En 2018 et 2019, ce sont deux nouvelles victoires LP2 en Sarthe et un nouveau titre LMP2 à l’issue de la Super Saison du Championnat du monde d’Endurance FIA, avec deux nouveaux coéquipiers, le brésilien André Negrao et le français Pierre Thiriet. « Nicolas est un personnage que j’apprécie particulièrement, témoigne ce dernier. Il amène beaucoup de sérénité, il n’y a jamais d’énervement. Il y a aussi un certain recul qui fait qu’on va pouvoir analyser les choses calmement, car il sait ce qu’il faut pour bien régler une voiture et la rendre rapidement performante. »
A partir de 2020, il rejoint l’équipe Cool Racing (avec une victoire à Silverstone dès la manche d’ouverture de la saison 2019-2020 du Championnat du monde), dont il prend la codirection l’année suivante avec le Suisse Alexandre Coigny, tout en restant pilote. En 2021, il mène de front le programme de Cool Racing en European Le Mans Series (ELMS), tout en accompagnant Alpine pour son entrée dans la nouvelle catégorie reine Hypercar, avec la troisième marche du podium manceau en 2021 et une victoire à Sebring et Monza en 2022.
Depuis son arrivée en LMP2 en 2015, Nicolas Lapierre a cumulé onze victoires en catégorie LMP2 (neuf en Championnat du monde dont quatre aux 24 Heures du Mans, deux en ELMS) et deux titres LMP2 en championnat du monde, auxquels s’ajoutent sept succès supplémentaires en LMP1 et Hypercar avec Toyota et Alpine. Un palmarès qui impose le Savoyard comme l’un des pilotes de référence des catégories prototypes depuis plus d’une décennie. Et une expérience inestimable qui sera au service d’un double développement : il sera de nouveau en piste en ELMS chez Cool Racing, qui a recruté le vainqueur des 24 Heures 2021 Jose Maria Lopez ; et chez Alpine, pour la future Hypercar de la marque française attendue en piste en 2024.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2016-2022 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : Au volant de l'Alpine A470, Nicolas Lapierre reçoit en 2019 le drapeau à damier de sa quatrième victoire LMP2 ; les deux équipages Alpine aux 24 Heures du Mans 2016, avec (à partir de la gauche) les vainqueurs LMP2 Nicolas Lapierre, Gustavo Menezes et Stéphane Richelmi ; Nicolas Lapierre (casqué) et ses équipiers André Negrao et Pierre Thiriet à l'arrivée des 24 Heures 2019 ; Nicolas Lapierre (au centre) de la catégorie LMP2 à l'Hypercar, avec ses coéquipiers Matthieu Vaxivière (à gauche) et André Negrao à la Parade des Pilotes des 24 Heures 2022.