CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Depuis 1957, Michel Vaillant est l’un des plus fidèles ambassadeurs du sport automobile et des 24 Heures du Mans dans le monde de la bande dessinée. Et au fil du dernier quart de siècle, le pilote créé par Jean Graton a même été au cœur de trois participations mancelles pas comme les autres. Une passion Le Mans qui a commencé dès l’adolescence pour Jean Graton, créateur du personnage.
En 1937 Jean Graton, alors âgé de treize ans, assiste en compagnie de son père à la quatorzième édition des 24 Heures du Mans. Celle-ci voit la première des deux victoires de Bugatti, avec au volant Robert Benoist et Jean-Pierre Wimille, deux des meilleurs pilotes français de l’entre deux guerres.
Vingt ans plus tard, devenu dessinateur, Jean Graton crée Michel Vaillant dans les pages du journal de Tintin. Pour tester le personnage auprès des lecteurs, il dessine tout d’abord cinq histoires courtes parues en 1957 dont l’une, La 24e Heure, a déjà pour cadre les 24 Heures du Mans. Jusqu’à aujourd’hui, sur les 81 albums parus entre 1959 et 2021, dix-sept histoires ont eu pour cadre ou fait référence au double tour d’horloge sarthois, avec cinq victoires fictives… Le pilote le plus célèbre de la bande dessinée franco-belge n’ayant pas battu - ou pas voulu battre (même fictivement) - un record longtemps détenu par son grand ami Jacky Ickx !
En 2002, c’est sur le circuit des 24 Heures que Luc Besson situe l’intrigue de l’adaptation cinéma de Michel Vaillant, dont il est le producteur et le coscénariste, sur une réalisation de Louis-Pascal Couvelaire. Mais à trois reprises, le personnage de Jean Graton a bel et bien été au départ, avec plusieurs prototypes aux couleurs de Vaillante, constructeur automobile fictif dont les modèles et l’histoire font autant référence à Bugatti qu’à Ferrari.
1997 : le système D selon Michel Vaillant
Pour le double anniversaire de la première visite mancelle de Jean Graton et de la naissance de Michel Vaillant, un prototype Courage, baptisé pour la circonstance Courage-Vaillante, est aux mains d’un trio franco-belge constitué de Didier Cottaz, Marc Goossens et Jérôme Policand. Il porte le numéro 13, nombre fétiche de Jean Graton, et se qualifie treizième sur la grille de départ.
Installée en septième position, elle est victime à la tombée de la nuit d’un problème électronique qui lui coûte une heure. Le moteur refuse de démarrer et la solution viendra d’une astuce que Jean Graton n’aurait peut-être même pas imaginée dans ses albums : le kinésithérapeute de l’équipe pulvérise sur le boîtier électronique incriminé un spray utilisé pour refroidir les muscles ankylosés. Une opération répétée à chaque arrêt au stand, au fil d’une remontée qui ramène la Courage-Vaillante à la quatrième place du général et aussi deuxième prototype classé, seulement précédé dans cette catégorie par les vainqueurs Michele Alboreto, Stefan Johansson et Tom Kristensen.
2017 : Michel Vaillant et les « rebelles »
Ce double anniversaire est à nouveau célébré en 2017 avec la sortie de l’album Rébellion et une participation en catégorie LMP2 aux 24 Heures du Mans et en Championnat du Monde d’Endurance FIA, en partenariat avec l’écurie suisse Rebellion Racing et Motul. Sur les Oreca 07 n°13 et 31 de Vaillante Rebellion, les équipages ont fière allure avec les héritiers de trois noms légendaires du sport automobile (Nelson Piquet Jr, Nicolas Prost, Bruno Senna), un expert LMP2 (Mathias Beche) et deux gentlemen-drivers de talent (David Heinemeier Hansson et le Manceau Julien Canal).
Candidates au podium du général après avoir longtemps figuré en tête de la catégorie, les deux Vaillante Rebellion connaissent des fortunes diverses en fin de course. Retardée par un souci technique, la 31 de Canal/Prost/Senna termine 16e du général (14e LMP2), tandis que la 13 de Beche/Heinemeier Hansson/Piquet est disqualifiée après avoir terminé sur la troisième marche du podium du général. Pour la suite de la saison, la 31 se lance sur les six manches suivantes dans une série victorieuse digne de Michel Vaillant (quatre succès) qui vaut à Vaillante Rebellion, ainsi qu’à Bruno Senna et Julien Canal, les Trophées Endurance FIA des équipes et pilotes LMP2.
2022 : Michel Vaillant et l’invité surprise
En 2022, Michel Vaillant est associé à TDS Racing, équipe française de référence de la catégorie LMP2, sous le nom de TDS Racing x Vaillante, avec une Oreca 07 engagée en European Le Mans Series pour Mathias Beche, le gentleman-driver Philippe Cimadomo et Tijmen van der Helm, jeune Néerlandais (18 ans) venu de la pyramide de l’endurance.
Au Mans, Cimadomo est remplacé à la dernière minute par un autre Hollandais, Nyck de Vries, présent aux 24 Heures en tant que pilote de réserve Toyota et déjà riche de trois participations sarthoises en 2019, 2020 et 2021. L’Oreca 07 une nouvelle fois frappée du numéro 13 termine huitième du général et quatrième des LMP2… un autre « scénario » insolite, dont la réalité dépasse une nouvelle fois la fiction de Michel Vaillant !
L’année 2023 marquera un double centenaire : celui des 24 Heures du Mans et celui de Jean Graton, né le 10 août 1923 et disparu le 21 janvier 2021. Un double anniversaire que Michel Vaillant ne saurait manquer. Alors, le 13 sera-t-il une nouvelle fois au départ pour ce double anniversaire ? Rendez-vous le 10 juin prochain, lorsque s’élancera l’édition du Centenaire…
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : En 2022, et auparavant en 1997 et 2017, le 13 est, avec le logo V de la marque Vaillante, le numéro de course récurrent des participations de Michel Vaillant aux 24 Heures du Mans. C'est le nombre porte-bonheur de Jean Graton, qui a également donné son titre au premier album de Michel Vaillant entièrement consacré aux 24 Heures du Mans, Le 13 est au départ, en 1961.