Les phares antibrouillard aux 24 Heures du Mans : des bolides dans la brume
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Les phares antibrouillard aux 24 Heures du Mans : des bolides dans la brume

CENTENAIRE DES 24 HEURES - UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS ⎮ Parmi les (nombreuses) innovations techniques apparues et/ou développées dans le grand laboratoire des 24 Heures du Mans, il en est une qui remonte quasiment aux origines du double tour d’horloge sarthois : les phares antibrouillard.

C’est en 1926, lors de la quatrième édition des 24 Heures du Mans, que Pierre Marchal, créateur de la « Société Marchal pour la fabrication de lanternes et projecteurs », a convaincu Les ingénieurs de la marque Lorraine Dietrich, victorieuse l’année précédente, d’installer un projecteur supplémentaire au centre de la voiture, avec pour objectif d’améliorer la visibilité dans le brouillard…

Il était fréquent d’avoir du brouillard dans la nuit et au petit matin dans les Hunaudières et du côté de Maison Blanche, ce esse particulièrement humide en raison d’un ruisseau. Soit deux endroits où la vitesse des voitures nécessitait une vision lointaine.

Or, les phares classiques dispensent une lumière relativement haute, pour que son faisceau porte au plus loin possible. En passant dans le brouillard, composé des gouttelettes d’eau qui se réfléchissent, il se forme un halo réduisant drastiquement la visibilité. Nous avons tous constaté ce problème en roulant en plein-phares dans le brouillard. Le passage en feux de croisement, dont le faisceau est plus bas, évite l’effet d’éblouissement et permet de voir à la portée de ces derniers. Cette nappe d’humidité est située quelques centimètres au-dessus du sol. Les antibrouillards sont donc conçus pour projeter un faisceau lumineux en-dessous de cette nappe et éviter la réfraction. De plus, grâce à une forme particulière du verre (avec des striures verticales) associée à un réflecteur privilégiant la largeur et orienté vers bas, ce faisceau devient plus large et éclaire beaucoup mieux les bords de route.

1926, le brouillard maîtrisé

En cette année 1926, donc, moins handicapées durant la fin de la nuit et au petit jour par le brouillard, les Lorraine Dietrich font la différence et réalisent le premier triplé d’une marque française… face aux Bentley (accident collectif dans la nuit à… Maison Blanche par manque de visibilité) et aux Peugeot (disqualifications).

Les années suivantes, les antibrouillards vont se multiplier. Les phares principaux sont alors logés de part et d’autre de ces calandres très hautes, au-dessus des ailes avant, qui elles-mêmes devaient laisser passer des roues de grand diamètre. Le troisième phare antibrouillard, placé plus bas, au milieu ou en-dessous de la calandre, se généralise durant les années 1930. Et en 1933, Alfa Romeo gagne avec une paire d’antibrouillards située en dessous des projecteurs principaux.

Cette innovation en provenance du circuit des 24 Heures se généralise aussi sur les voitures de série. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, retrouve-t-on ces phares antibrouillards, de la Ferrari victorieuse au Mans à la 4 CV Renault ou la Peugeot 203 (en option) qui s’approprient les départementales. Et les accessoiristes de l’époque en assurent des ventes en grand nombre auprès des propriétaires de voitures non équipées

L’arrivée des lignes carénées monobloc qui englobent les roues (interdiction des ailes séparées), imposées par le règlement de l’ACO en 1952, a nécessité petit à petit d’en revoir l’implantation : par paire ou phare unique au centre ou décalé d’un côté, rapporté sur le nez ou la calandre de la voiture, ou intégrés dedans, voire positionné et profilé sur le capot moteur… L’imagination n’avait pas de limite. Au fil du temps, les antibrouillards seront de mieux en mieux intégrés et carénés au bout des capots avant plongeants ou des ailes.

De l’antibrouillard au LED

Dans la deuxième moitié des années 1960, les phares longue portée et les antibrouillards font petit à petit cause commune sous une verrière unique sur chacune des deux ailes. Dans les années 70 et suivantes, les antibrouillards perdront les stries sur le verre, l’évolution des paraboles internes dans l’optique permettant l’élargissement du faisceau, qui éclaire largement le bas-côté. On parle alors autant de phares de virages que d’antibrouillards. Puis les surfaces complexes dans les phares principaux rendront inutile l’ajout d’une optique spécifique.

De nos jours, les phares à LED permettent de réaliser un éclairage performant quelle que soit la situation, en jouant sur le nombre et l’orientation des LED allumées…Il n’y a donc plus d’optique spécifique pour le brouillard. Les voitures de série suivent le même chemin.  Ainsi va le progrès.

Pour conclure, n’oublions pas de souligner des feux arrière de brouillard, utilisés dès que la pluie arrive. Les projections de fines gouttelettes d’eau derrière les voitures dotées d’énormes pneumatiques forment ni plus ni moins que du brouillard. Implanté au centre de la voiture, il permet dès lors à un pilote qui suit une voiture de mieux voir à quelle distance il s’en situe. Apparu dans les années 70, obligatoires sur les véhicules depuis 1990, c’est à l’origine un simple feu rouge, équipé d’une ampoule deux fois plus forte que les feux arrière. Il est passé lui aussi à la technologie LED depuis... D’ailleurs nos amis anglais l’appellent à juste titre le feu anti-crash !

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : deux pionnières du phare antibrouillard , avec au centre de la calandre pour la Lorraine Dietrich victorieuse en 1927 et sous les phare sur l'Alfa Romeo de Tazio Nuvolari et Raymond Sommer, vainqueurs en 1933 ; ci-dessus, l'éclairage nocturne en version LED de l'Audi lauréate en 2013.

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