Les directeurs de course ou six vies pour les 24 Heures du Mans
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Les directeurs de course ou six vies pour les 24 Heures du Mans

CENTENAIRE DES 24 HEURES - LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Incontournables et indispensables, les Directeurs de course des 24 Heures du Mans se sont succédés depuis bientôt cent ans. Un poste essentiel qu’ils sont seulement six à avoir occupé depuis 1923.

La direction de course des 24 Heures du Mans est entre autres composée d’un directeur d’épreuve, d’un directeur de course et de deux adjoints au directeur de course. Leur rôle est d’assurer le bon déroulement de la course, le respect du règlement sportif ainsi que la sécurité des pilotes en piste. Chaque fait de course est remonté à la direction de course par les commissaires sportifs et, notamment grâce aux vidéos, le directeur d’épreuve et le directeur de course peuvent leur décision, d’un simple drapeau jaune à la neutralisation de la course sous Safety Car ou l’interruption au drapeau rouge, en passant par la mise en place de slow zones (neutralisation partielle du circuit des 24 Heures).

En cas d’infraction au règlement ou au code sportif, c’est au collège des commissaires, communément appelé Stewards, que revient le rôle de prendre la décision d’infliger une sanction au concurrent mis en cause (arrêt obligatoire au stand - stop & go -, passage au ralenti par la voie des stands - drive-through -, pénalité financière…).

Depuis leur création en 1923, les 24 Heures du Mans ont connu six directeurs de course.

Le tout premier en 1923 est Charles Faroux, qui reste à ce poste jusqu’en 1956. Il fait partie des fondateurs des 24 Heures du Mans, avec le soutien de Georges Durand (secrétaire général de l’ACO), Emile Coquille et Géo Lefèvre. C’est ainsi qu’est né le premier « Grand Prix d’Endurance de 24 heures » qui deviendra par la suite les 24 Heures du Mans. En plus d’avoir officié au Mans, il est également directeur de course avant-guerre du Rallye de Monte Carlo. Ingénieur de formation, il est aussi celui qui a mis en place le chronométrage aux 24 Heures du Mans.

Lui succède ensuite Jacques Loste à partir de 1957. Outre sa fonction de directeur de course, il exerce comme journaliste, spécialiste de la presse automobile et dirige le journal l’Argus pendant de nombreuses années. De 1969 à 1974 il est également vice-président de la société des ingénieurs de l’automobile, créée par Charles Faroux quelques années plus tôt. Jacques Loste a également instauré une tradition qui lui était propre : il tirait son chapeau à chaque voiture à laquelle il présentait le drapeau à damier, en signe de salut et de respect à l’égard des pilotes.

En 1969, Charles Deutsch prend la suite de Jacques Loste. Il prend le rôle de directeur de course pour une édition 69 qui restera dans les mémoires. En effet, c’est l’année où le dernier départ type « Le Mans » a eu lieu et où nous avons pu voir Jacky Ickx traverser la piste en marchant pour manifester contre ce départ selon lui trop dangereux. La même année, Steve McQueen est également en repérages avec son équipe de tournage en vue de son film Le Mans.

Charles Deutsch officie jusqu’à son décès en 1980. Il est également ingénieur polytechnicien dans le domaine de l’automobile. Il crée au cours de sa carrière plusieurs sociétés d’ingénierie dans le domaine de la construction automobile. Il devient ainsi un des pionniers de la recherche aérodynamique. Avant de devenir directeur de course, il s’investit dans de nombreux projets avec différentes équipes participants à la course mancelle : Panhard, Peugeot, et aussi Porsche à la fin des années 1960 et au début des années 1970, travaillant sur la 908, 917, 917-20 Le Mans ou encore Ligier avec qui il étudie l’aérodynamique des premières Formule 1 françaises.

A partir de l’édition 1981, Marcel Martin prend la suite de Charles Deutsch. Entrepreneur manceau, ancien pilote de rallye, il compte aussi deux participations aux 24 Heures du Mans, en 1967 sur une Abarth 1300 OT et en 1968 sur une Fiat Dino. Il occupe le poste de directeur de course pendant vingt ans, jusqu’à l’édition 2000.

Au fil de ces deux décennies à ce poste, il prône l’utilisation du Safety Car et met en place l’implantation de la surveillance de piste par caméra sur le circuit Bugatti, qui est le premier à en être équipé.  « Longue vie aux 24 Heures du Mans, que cette course connaisse autant de succès, qu’elle ait autant de retentissement à travers le monde entier grâce [1] à une aura exceptionnelle, comme elle a pu en avoir depuis sa création. Après vingt années à ce poste, j’ai décidé de tirer ma révérence pour que le vingt et unième siècle démarre avec un nouvel homme à la tête de cette prestigieuse épreuve. Qu’il ressente autant de joie que j’ai pu en avoir en abaissant le drapeau à damier sur le vainqueur. », déclare-t-il lors de ses dernières 24 Heures en 2000.

En 2001, Daniel Poissenot sera donc le premier directeur de course du XXIe siècle. Sa première apparition aux 24 Heures du Mans date des années 1970, puis il intègre l’ACO en tant que responsable de la sécurité piste avant de devenir directeur de course. Sa première édition des 24 Heures du Mans à ce poste est d’ailleurs marquée par l’intégration pour la première fois d’un directeur d’épreuve, poste occupé cette année-là par Jacky Ickx, sextuple vainqueur des 24 Heures du Mans. De 2001 à 2014 il occupe le poste de directeur de course avant de passer la main à Patrick Morisseau.

Lors de l’intégration des 24 Heures du Mans dans le calendrier du renaissant Championnat du Monde d’Endurance de la FIA, un directeur d’épreuve est nommé par la FIA afin de former un duo avec le directeur de course. Depuis 2012, les concurrents des 24 Heures du Mans et du Championnat du monde d’Endurance entendent à la radio la voix du Portugais Eduardo Freitas, qui officie comme directeur d’épreuve. De 2012 à 2014 il forme un duo avec Daniel Poissenot, puis depuis 2015 avec Patrick Morisseau. Eduardo Freitas est désormais une des personnalités emblématique des paddocks de l’actuelle pyramide de l’endurance: outre le Championnat du Monde, ses activités actuelles comprennent également l’European Le Mans Series et l’Asian Le Mans Series.

Les 10 et 11 juin prochains, Eduardo Freitas et Patrick Morisseau auront encore une fois l’honneur de libérer les 62 concurrents et d’abaisser le drapeau à damier au passage du vainqueur de cette édition du Centenaire, déjà mythique avant même d’être disputée.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : Drapeau à damier brandi et chapeau bas de Jacques Loste, un salut auquel répond l'un des deux pilotes de cette Austin Healey Sprite Sebring, douzième des 24 Heures 1965 ; Charles Faroux, directeur de course et grand pionnier de la saga sarthoise ; Jacques Loste prêt pour le drapeau à damier des 24 Heures 1962 ; Charles Deutsch (au centre) en 1975, entouré de deux autres dirigeants de l'Automobile Club de l'Ouest à cette époque : Raymond Gouloumès (à gauche), Président de l'ACO, et Pierre Allanet, Président de la Commission sportive de l'ACO ; en 1981, Marcel Martin abaisse le drapeau à damier de ses premières 24 Heures en tant que directeur de course ; Daniel Poissenot (à droite) en compagnie de Luca di Montezemolo, Président de Ferrari et FIAT et starter officiel des 24 Heures 2009 ; le tandem actuel de la direction de course en deux photos, avec Eduardo Freitas et Patrick Morisseau (au premier plan sur la photo ci-dessus en 2022).

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