Le Mans 66 : superproduction pour un duel de légende
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Le Mans 66 : superproduction pour un duel de légende

CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION┃Coïncidence de l’actualité des 24 Heures du Mans et du cinéma : alors que James Mangold vient de présenter ‘Indiana Jones et le cadran de la destinée’ au Festival de Cannes, l’édition du Centenaire nous offre un flashback sur son film précédent, ‘Le Mans 66’.

Depuis quelque temps, le film de sport automobile connaît un regain d’intérêt croissant, mais avec une approche bien différente de celles qui avaient présidé à la naissance de Grand Prix (1966) ou Le Mans (1971). Si ces deux longs métrages présentaient des scénarios fictionnels bâtis autour d’époustouflantes scènes de course, il en est allé autrement pour les deux grands films de sport automobile de ces dernières années : tous deux sont basés sur des histoires vraies.

Réalisé par Ron Howard et sorti en 2013, Rush racontait l’authentique duel entre Niki Lauda et James Hunt – respectivement incarnés par Daniel Brühl et Chris « Thor » Hemsworth – lors de la saison de Formule 1 1976, sur fond de rivalité sportive, d’amitié et de respect mutuel. Son succès a ouvert la voie à plusieurs autres projets, et abouti à la production de Le Mans 66, sorti en 2019.

Ford-Ferrari, un duel très cinégénique

Dans la saga des 24 Heures du Mans, les histoires susceptibles d’être transposées sur grand écran ne manquent pas. Avec ses scénaristes Jez et John-Henry Butterworth et Jason Keller, James Mangold a choisi une période légendaire entre toutes : le grand duel Ford-Ferrari du mitan des années 1960 – auquel le titre anglais du film Ford vs Ferrari fait directement référence.

Au-delà de la rivalité sportive, l’histoire de Le Mans 66 est aussi celles de fortes personnalités : Enzo Ferrari, Henry Ford II, mais aussi la relation entre le Texan Carroll Shelby, vainqueur au Mans en 1959, et le pilote britannique Ken Miles, respectivement patron de l’écurie d’usine Ford et pilote de développement de la mythique GT40. Un aspect qui a sans doute séduit James Mangold, qui a souvent dépeint des personnages hors norme. Souvenons-nous par exemple dans Walk The Line de Joaquin Phoenix, lauréat de l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du chanteur Johnny Cash.

Les acteurs pressentis pour ces deux rôles sont tout d’abord Brad Pitt pour le premier et Tom Cruise pour le second. Ce qui aurait marqué leurs retrouvailles vingt ans après Entretien avec un vampire (1994). Mais finalement, Matt Damon coiffe le stetson de Carroll Shelby et Christian Bale prête sa troublante ressemblance physique avec Ken Miles.

Histoire vraie et contingences cinématographiques

En 1970, le film produit par Steve McQueen avait pris le parti de filmer les séquences en piste sur les lieux même de l’action, pendant la course puis sur le site du circuit des 24 Heures dans les mois qui suivent.

Chez James Mangold, les 24 Heures 1966 proprement dites occupent la dernière demi-heure des 2 h 30 du film. Certaines infrastructures du circuit de l’époque ont fait l’objet d’une reconstitution minutieuse aux Etats-Unis. Pour ce faire, le script est passé entre les mains de l’ACO, et principalement de Fabrice Bourrigaud, Directeur du Musée des 24 Heures. Et la ville du Mans a accueilli l’équipe du film pour le tournage de plusieurs séquences.

Mais comme dans tout long métrage inspiré d’une histoire vraie, impossible de rester fidèle à 100 % à la réalité, à la fois pour des raisons budgétaires et dramaturgiques. Ken Miles n’a sans doute jamais offert de « baptême de la piste » mouvementé en GT40 à Henry Ford II, pas plus qu’il n’a fait le coup de poing en pleine rue avec Carroll Shelby.

Dans le même ordre d’idée, Enzo Ferrari n’assistait jamais aux courses. Pour les 24 Heures du Mans à l’époque du duel Ford-Ferrari, il était toutefois en liaison téléphonique quasi permanente avec son directeur sportif Eugenio Dragoni. Mais sa présence s’impose logiquement d’un point de vue scénaristique, d’autant plus que Henry Ford II était présent sur le circuit des 24 Heures pour donner le départ de l’édition 1966.

Par ailleurs, trois descendants des pilotes Ford de cette période ont participé au tournage : Derek Hill, Alex Gurney et Jeff Bucknum, respectivement fils de Phil Hill (triple vainqueur sur Ferrari et pilote Ford en 1964 et 65), Dan Gurney (poleman et record du tour en course en 1966, vainqueur en 1967) et Ronnie Bucknum (troisième en 1966). Né le 12 juillet 1966, à peine un mois après le podium sarthois de son père, Jeff Bucknum est le seul des trois fils à avoir participé aux 24 Heures du Mans (abandon en 2003 sur un prototype Pilbeam).

Tous ces atouts ont permis la production de l’un des tout meilleurs films consacrés au sport automobile, récompensé en 2020 à la fois aux Golden Globes (meilleur acteur dans un rôle dramatique pour Christian Bale) et aux Oscars (meilleur montage et meilleur son).

Post-générique de fin : Brad Pitt des 24 Heures à la Formule 1

Concluons sur une anecdote : s’il n’a pas incarné Carroll Shelby dans Le Mans 66, Brad Pitt a œuvré comme starter officiel des 24 Heures du Mans 2016. Et est aujourd’hui impliqué dans un film consacré à la Formule 1, pour lequel il prendra le volant pour plusieurs séquences en juillet prochain sur le circuit de Silverstone, et dont le septuple champion du monde Lewis Hamilton est l’un des coproducteurs.

PHOTOS (D.R. / 20th CENTURY STUDIOS) - DE HAUT EN BAS : Ford GT40 et Ferrari 330 P4 sont aussi les héroïnes de Le Mans 66 ; James Mangold sur le tournage ; Christian Bale (à gauche) et Matt Damon dans la peau de Ken Miles et Carroll Shelby ; tournage sur le circuit des 24 Heures 1966 reconstitué, avec Matt Damon, Christian Bale, James Mangold et Josh Lucas (en veston marron) qui incarne Leo Beebe, Directeur de la compétition de Ford ; le départ des 24 Heures 1966 reconstitué pour le film.

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