Rappelons tout d’abord le rôle majeur du circuit dans l’évolution du revêtement. Si, après la naissance des 24 Heures du Mans en 1923, il a fallu plusieurs années à l’ACO pour convaincre les autorités françaises de l’efficacité de ses techniques (notamment à un coût bien moindre), le ministère des Transports a fini par les adopter pour la rénovation intégrale (et bien plus rapide) du réseau routier national à partir de 1927. Et en 1931, le circuit des 24 Heures se voit ainsi couronné par un titre officiel de « laboratoire national ».
Outre cette évolution du revêtement, une autre innovation directement issue des 24 Heures du Mans est rapidement passée à une utilisation sur route : la première ligne médiane, à la fin des années 1920. Celle-ci est tracée sur le circuit à la demande de certains pilotes, qui indiquent que, de nuit et sous la pluie, il est impossible de se situer sur l’asphalte avec les phares des voitures d’alors.
Et en 1930, une circulaire du ministère des Travaux Publics étend l’utilisation de cette ligne blanche en Vialac sur le réseau routier de l’époque… Et dont le franchissement – volontaire ou non – coûte aujourd’hui quelques points sur le permis de conduire de bien des automobilistes !
Toujours en 1930 apparaît sur les routes françaises un procédé de signalisation vertical issu du circuit des 24 Heures : des panneaux émaillés, appelés auto-lumineux, de marque Reflect, incrustés de loupes semi-sphériques réfléchissantes, provoquant la réverbération sont installés pour signaler les virages difficiles.
Afin de délimiter plus encore les extérieurs des courbes, des poteaux incrustés de cataphotes rouges ou blancs selon les côtés d’implantation ornent en 1933 tous les virages du circuit. Ils y sont en usage jusque dans les années 1960, et on les retrouve de nos jours sur nos routes, en plastique blanc ceint d’un ruban rétro-réfléchissant.
Plus récemment, l’avènement sur le circuit des 24 Heures des « vibreurs », ces structures en ciment situées au point de tangence des trajectoires, initient sur les routes départementales françaises l’utilisation sur leur point de corde de ce type d’accessoire, en version « tôle ondulée ».
Inaugurés au Mans en 1985 pour la gestion des courses de Formule 3000 (ancêtre de l’actuelle FIA Formule 2), les réseaux de télésurveillance ont depuis essaimé sur tous les circuits du monde, et équipent aujourd’hui les réseaux autoroutiers du monde entier.
« Laboratoire national » en 1931, le circuit des 24 Heures du Mans est devenu au fil des décennies une manière de « laboratoire international » d’innovations appliquées au réseau routier du monde entier, comme nous venons de le voir, mais aussi à l’évolution toujours à l’ordre du jour aujourd’hui de ses infrastructures, toujours au service de la sécurité de tous. Mais ceci est une autre histoire à découvrir…
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : Le marquage au sol est encore aujourd'hui le symbole le plus visible des innovations venues du circuit des 24 Heures sur les routes, de la ligne médiane des années 1930 (en haut) au XXIè siècle (ci-dessous, les 24 Heures du Mans 2021).