Jaguar, la griffe anglaise des années 1950
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Jaguar, la griffe anglaise des années 1950

CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Après la victoire de Ferrari en 1949, les années qui suivent la reprise des 24 Heures du Mans voient le retour au sommet de la Grande-Bretagne. Avec cinq succès entre 1951 et 1957, Jaguar installe durablement sa réputation en égalant le record de victoires alors détenu par Bentley depuis 1930.

Signe de l’attractivité (plus que jamais d’actualité) des 24 Heures du Mans, le cofondateur de Jaguar William Lyons décide au tout début des années 1950 de s’y engager pour optimiser la visibilité de la marque à l’international. Une démarche qu’on n’appelle pas encore marketing à l’époque, mais qui va installer Jaguar au panthéon des grandes sportives, en compétition comme sur route.

En 1950, Jaguar soutient l’engagement de trois XK-120 aux 24 Heures. Née en 1948 et dessinée par William Heynes, elle succède à la SS 100 (1936-1939) et sera produite jusqu’en 1954. Si Bert Hadley et Leslie Johnson sont contraints à l’abandon, Peter Clark/Nick Haines et John Marshall/Peter Whitehead terminent respectivement douzièmes et quinzièmes. Ce premier résultat prometteur pousse Lyons et Heynes à poursuivre cet engagement sarthois.

Jaguar Type C, comme conquérante

Le patron et le directeur technique décident donc d’améliorer la XK-120. Pour cela, ils recrutent Malcolm Sayer. Les connaissances en matériaux légers et en aérodynamique de cet ingénieur aéronautique qui a travaillé chez Bristol Aeroplane Company pendant le second conflit mondial séduisent les deux William. Sur la base de la XK-120, Sayer dessine une nouvelle carrosserie beaucoup plus profilée, aux formes très arrondies. Ainsi naît la XK 120-C, qui passera à la postérité sous le patronyme de Jaguar Type C.

Les résultats ne se font pas attendre. Peter Walker et Peter Whitehead signent en 1951 la première victoire de Jaguar aux 24 Heures du Mans, avec également une onzième place pour Robert Lawrie et Ivan Waller. Après un double abandon en 1952, la Type C renoue avec la plus haute marche du podium l’année suivante avec trois voitures dans le top 5 : Duncan Hamilton/Tony Rolt (vainqueurs), Stirling Moss/Peter Walker (2e) et Ian Stewart/Peter Whitehead (4e).

Pour les 24 Heures 1954, Malcolm Sayer signe son premier chef-d’œuvre. La Type D représente la combinaison idéale de son approche aérodynamique, de la recherche aéronautique et de l’efficacité en piste. Ses formes harmonieuses ont marqué les passionnés de sport automobile bien au-delà des 24 Heures du Mans, avec notamment son long capot avant et cette manière « d’aileron de requin » qui prolonge l’appuie-tête du pilote.

Jaguar Type D, comme dominatrice

En 1954, les vainqueurs de l’année précédente Hamilton et Rolt terminent sur les talons de la Ferrari victorieuse de Trintignant/Gonzalez après un long duel rythmé par la pluie.

La Type D signe ensuite trois victoires consécutives. Après Mike Hawthorn/Ivor Bueb en 1955, Ron Flockhart s’impose en 1956 et 57, respectivement avec Ninian Sanderson et Ivor Bueb. En 1957, c’est même un triomphe pour Jaguar, avec cinq Type D dans les six premiers : John Lawrence/Ninian Sanderson (2e), Jean-Marie Brussin/Jean Lucas (3e), Paul Frère/Freddy Rousselle (4e) et Masten Gregory/Duncan Hamilton (6e). A la quatrième place de 1957 s’ajoutent deux autres beaux résultats pour les Jaguar belges grâce à Jacques Swaters, troisième en 1955 avec Johnny Claes et quatrième en 1956 avec Freddy Rousselle.

Avec cinq succès en sept éditions des 24 Heures du Mans, William Lyons a gagné son pari. Non seulement sa marque rejoint Bentley en tant que codétentrice du record de victoires, mais elle peut désormais compter sur la notoriété gagnée dans la Sarthe pour son développement ultérieur. Et en 1961, Malcolm Sayer réalise un nouveau coup de maître avec la Type E. Directement inspiré de la Type D trois fois victorieuse au Mans et caractérisé par son long capot avant, ce coupé cabriolet entre dans la mémoire collective et installe définitivement Jaguar dans l’histoire des routières sportives.

Mais outre la filiation entre la Type D et la Type E, les 24 Heures du Mans sont également le banc d’essai pour une innovation majeure apparue sur la Type C : les freins à disques. Une histoire à découvrir prochainement dans le cadre de ce Centenaire.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1951-1957 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : la Type D de Ron Flockhart et Ninian Sanderson reçoit le drapeau à damier de la victoire en 1956 ; Peter Walker (à gauche) et Peter Whitehead signent en 1951 la première victoire de Jaguar aux 24 Heures du Mans ; trois Type D à quelques instants du départ en 1956, avec dans l'ordre les voitures de Jack Fairman/Ken Wharton (n°3, abandon), Ron Flockhart/Ninian Sanderson (n°4, vainqueurs) et Freddy Rousselle/Jacques Swaters (n°5, 4e) ; comme la voiture victorieuse en 1956, la Type D des vainqueurs de 1957 Ivor Bueb/Ron Flockhart portait les couleurs bleu nuit de l'Ecurie Ecosse, également caractérisées par une bande blanche transversale sur capot.

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