CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Trois participations seulement ont suffi à Jackie Oliver pour s’inscrire dans la légende des 24 Heures du Mans, avec une victoire d’anthologie en 1969 et un record de vitesse dans la ligne droite des Hunaudières deux ans plus tard.
Jackie Oliver se fait d’abord connaître en voitures de tourisme, puis en Formule 3 et en Formule 2. En 1968, il est titularisé en Formule 1 chez Lotus après le décès du double champion du monde Jim Clark. Et découvre cette même année les 24 Heures du Mans.
Pour cette première participation, il partage avec Brian Muir le volant de l’une des trois Ford GT40 engagées par John Wyer aux couleurs bleu ciel et orange de la compagnie pétrolière Gulf. Les deux autres voitures sont pilotées par Paul Hawkins/David Hobbs et par les futurs vainqueurs Lucien Bianchi/Pedro Rodriguez, pour cette édition reportée aux 28 et 29 septembre à la suite de la contestation sociale du mois de mai en France.
Qualifiée neuvième sur la grille, la GT40 n°11 est l’une des plus rapides du top 10 aux mains de Brian Muir quand l’Australien, alors cinquième, s’ensable à la sortie du virage de Mulsanne au treizième passage. Après trois heures d’efforts à coups de pelletées, il parvient à dégager la voiture et à rentrer au stand. Mais l’embrayage a souffert de ses tentatives répétées de redémarrage dans le bac à sable et rend l’âme à la cinquième heure de course, alors que Jackie Oliver est au volant.
1969-1971 : course à la victoire et chasse au record
En 1969, Jackie Oliver retrouve l’écurie de John Wyer et la Ford GT40 avec un nouveau coéquipier, Jacky Ickx, qui fait son retour dans la Sarthe après la fracture de la jambe qui l’avait privé de 24 Heures 1968.
Qualifiée treizième, la Ford n°6 s’élance bonne dernière après que Jacky Ickx a marché vers sa voiture pour protester contre le départ en épi, qu’il estime dangereux. Jacky et Jackie effectuent une remontée échevelée mais difficile, affrontant brouillard nocturne, piste glissante et menaces de pluie.
Le dimanche à 11 h 10, à moins de trois heures du damier, Oliver cède le volant à Ickx pour un final d’exception, où le Belge arrache la première place à Hans Herrmann (Porsche) dans le dernier tour. A ses côtés, Jackie Oliver remporte la victoire la plus importante de sa carrière. Mais un autre rendez-vous majeur avec l’histoire l’attend sur ce même circuit des 24 Heures deux ans plus tard.
En 1971, Jackie Oliver est toujours pilote de John Wyer, devenu l’année précédente partenaire privilégié de Porsche pour l’exploitation en course de la 917. Il forme cette année-là avec Pedro Rodriguez un duo redoutable, déjà victorieux en début de saison aux 24 Heures de Daytona, aux 1000 km de Spa et aux 1000 km de Monza.
Pour les 24 Heures, le team manager britannique se laisse séduire par les performances prometteuses de la nouvelle version de la 917 à carrosserie longue. Ce que Jackie Oliver va confirmer avec éclat en piste.
Le 18 avril 1971, lors des essais préliminaires (ancêtres de l’actuelle Journée Test) de cette 39e édition, Jackie Oliver entre dans le livre des records des 24 Heures. En 3’13’’6, il est le premier pilote à passer la barre des 250 km/h de moyenne, et établit un record de vitesse de 386 km/h dans la ligne droite des Hunaudières. En juin, Pedro Rodriguez confirme en qualifications avec une pole position en 3’13’’9 (moyenne 250,069 km/h).
Installés en tête dès la deuxième heure de course, le Britannique et le Mexicain restent leaders jusqu’à ce qu’Oliver s’arrête au stand pour près d’une demi-heure peu après trois heures du matin, pour un changement complet de porte-moyeu arrière gauche. La 917 n°18 est troisième avec cinq tours de retard lorsqu’une rupture de canalisation d’huile contraint Rodriguez à l’abandon moins de deux heures plus tard.
Ce sont les dernières 24 Heures de Jackie Oliver. Pendant la première moitié des années 1970, il est l’un des grands animateurs du challenge nord-américain CanAm et poursuit une longue carrière en Formule 1. Après 49 Grands Prix disputés et deux podiums, il est impliqué dans la direction des écuries Shadow et Arrows.
Après avoir quitté la scène des Grands Prix en 1996, il apparaît régulièrement dans des manifestations historiques. Il est notamment venu sur les 24 Heures du Mans 2019, retrouvant Jacky Ickx pour la célébration du demi-siècle de leur victoire. Son record de vitesse dans les Hunaudières tiendra 17 ans, avant d’être battu en course en 1988. Mais ceci est une autre histoire à découvrir au fil de ce Centenaire.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1969, 1971 & 2019 - DE HAUT EN BAS : la Porsche 917 LH (n°18) et la Ford GT40 de sa victoire en 1969 (n°6), les deux voitures pilotées par Jackie Oliver au fil de ses trois participations aux 24 Heures du Mans (D.R / ARCHIVES ACO) ; cinquante ans après leur victoire commune, Jackie Oliver (à gauche) et Jacky Ickx ont participé aux cérémonies d'avant-course des 24 Heures du Mans 2019, notamment aux côtés du Grand Marshal et triple vainqueur Hurley Haywood, ainsi que de SAS la Princesse Charlene de Monaco, qui a donné le départ de cette édition (LOUIS MONNIER / ACO).