Cinquante ans après, quand on interroge Jacky Ickx sur sa décision de marcher sur la piste des 24 Heures du Mans, le 14 juin 1969, au moment de prendre le départ, quand tous ses concurrents couraient vers leurs autos, puis démarraient en trombe sans prendre le temps de fixer leur ceinture de sécurité, il répond par une pirouette : "J'avais entendu que certains allaient marcher sur la Lune, alors je me suis dit: ''pourquoi ne pas marcher au Mans''? " Plus sérieusement il ajoute : "Je n'avais bien évidemment pas parlé de mon projet, j'avais gardé la surprise, sinon on m'aurait enfermé dans une caravane ou un motor home, au moment du départ. Quant à dire que ce sont mes quelques pas (une vingtaine de mètres) qui ont modifié par la suite la procédure de départ des 24 Heures du Mans, qui ont changé le cours de l'histoire, je ne pense pas. C'est malheureusement l'accident de ce pauvre John Woolfe dans le premier tour cette année-là (non sanglé, il est éjecté de sa voiture et décède) qui a mis fin à ce départ en épi où les pilotes couraient, sautaient dans leurs voitures et s'élançaient." Le pilote belge, parti bon dernier suite à ces quelques pas et pourtant vainqueur à l'arrivée en 1969, ne s'en était jamais caché: il trouvait cette procédure de départ dangereuse. Piloter à cette époque relevait-il de l'héroïsme ? Les coureurs étaient-ils des trompe-la-mort? "Je ne pense pas que nous, pilotes, nous considérions comme des héros ou des gladiateurs. Personne ne nous obligeait à piloter. Le risque, le danger ne rentraient pas en ligne de compte. Moi je pratiquais ce sport, non pas pour la recherche de vitesse, mais pour être le premier, le meilleur, pour gagner." Ce week-end de juillet 1969, que faisait Jacky Ickx ? "J'ai souvenir d'une nuit blanche, d'images regardées à la TV. Ce que la Mission Apollo 11 réalisait alors, c'était une autre dimension ! Nous, en Belgique, ce 20 juillet, nous avions notre Eddy Merckx, vainqueur sur le Tour de France."