Gregor Fisken et les 24 Heures du Mans (2/2) : une passion patrimoine au quotidien
Retour

Gregor Fisken et les 24 Heures du Mans (2/2) : une passion patrimoine au quotidien

Pour Gregor Fisken, les 24 Heures du Mans se vivent dans toute leurs richesse, qu’il s’agisse de la course et de son patrimoine. Outre quatre participations en tant que pilote, Gregor Fisken est aussi une personnalité reconnue du monde des voitures de collection. Dans la seconde partie de cet entretien, il évoque la place des 24 Heures du Mans dans cette activité, qu’il exerce depuis plus de trois décennies, avant même son premier départ sarthois en 2004.

Dans ses murs londoniens, Gregor Fisken accueille ainsi des voitures de toutes compétitions et de toutes époques, qu’il s’agisse de prototypes, de GT ou de monoplaces. Au plaisir de l’automobile ancienne élevée au rang d’œuvre d’art s’ajoute celui de la recherche historique et, bien sûr, de la conduite.

Comment vos activités dans le monde des voitures de collection ont-elles débuté ? Etait-ce avant ou après vos premières 24 Heures en tant que pilote ?

« Ayant grandi dans une famille où l’on s’intéressait à la voiture et au sport automobile, j’ai tout naturellement, et toujours, été passionné depuis l’enfance. Cet intérêt m’a emmené encore plus loin à l’âge de 17 ans, quand j’ai commencé en tant qu’apprenti chez Bunty Scott-Moncrieff, un Ecossais spécialisé dans la restauration et la vente de voitures d’avant-guerre. Au côté de Bunty, j’ai énormément appris à propos de la restauration et du monde automobile, puis je suis allé travailler pendant plusieurs années à Londres, au département ventes et enchères d’un concessionnaire de voitures anciennes. C’est en 1991 que cette passion pour les voitures de collection m’a conduit à ouvrir Fiskens Fine Historic Automobiles au Mews, dans les ruelles de Kensington (quartier de Londres, ndlr), où la société est toujours basée aujourd’hui. Tout cela, c’était avant ma première participation aux 24 Heures du Mans en 2004. »

En ce qui concerne les voitures de collection des 24 Heures du Mans, quelles seraient vos préférées, et avez-vous des périodes préférées dans l’histoire des 24 Heures ?

« C’est difficile de dire quelle est ma préférée, mais j’ai particulièrement apprécié de piloter l’Aston Martin DBR1 de 1959, qui avait gagné les 24 Heures cette année-là. Ce fut un très grand honneur de conduire cette voiture, et de le faire sur le circuit du Mans ! C’est tout aussi difficile de choisir une période particulière de l’histoire des 24 Heures du Mans. J’aime beaucoup les Bentley et Alfa Romeo des années 1920 et 1930, tout comme les années 1950, où les Jaguar s’étaient si bien comportées, et bien sûr les années 1960 avec la Ford GT40 et la Ferrari P4. »

"La Matra MS670 est l'une des plus belles voitures jamais vues aux 24 Heures du Mans, et quel son extraordinaire !"
Gregor Fisken

Comment évaluez-vous l’importance des 24 Heures du Mans pour vos activités dans le monde des voitures de collection ?

« Les 24 Heures du Mans sont effectivement très importantes dans mes activités. J’ai toujours ressenti comme un privilège le fait d’avoir vu passer quelques voitures fantastiques et riches d’une belle histoire au Mans. Chaque fois qu’une voiture arrive au Mews, mon équipe et moi-même effectuons une recherche sur son histoire. Nous sommes actuellement en période de recherches intensives sur les nouvelles voitures qui viennent d’arriver chez nous, et les connexions avec Le Mans sont vraiment fascinantes ! Lorsqu’une voiture est dans nos locaux, une partie de notre travail consiste à redonner vie à son histoire. Un très bel exemple en est l’incroyable Ferrari 275 Competizione, engagée au Mans en 1966 par la légendaire Ecurie Francorchamps, dont nous nous sommes occupés il y a à peu près un an. Pour cette 275, nous avons adoré rechercher des photos d’époque du Mans et trouver des images d’archives de la course dont nous avons tiré un film. Nous avons eu également l’opportunité de parler au pilote Claude Dubois, qui nous a parlé de son expérience au Mans au volant de la 275, et c’était formidable ! »

 Quelles seraient pour vous les plus grandes voitures de l’histoire des 24 Heures du Mans vues chez Fiskens ?

« Il y en a trop pour être exhaustif, mais si on commence pour les voitures plus récentes, l’Audi R8 a décroché en 2000 la pole position, le meilleur tour en course et la deuxième place finale. Mon Aston Martin DBR9 était une voiture d’usine, qui a terminé à deux reprises sur le podium et a fini avec nous chez Larbre Compétition. Il y a aussi notre AC Cobra 39 PH, voiture d’usine aux 24 Heures 1963 et victorieuse de sa catégorie ! La Talbot Lago T26 de Fangio en 1951, la Bentley 3 litres Supersport de 1926 mais, en tant que spécialistes des voitures historiques du Mans, il y en a encore bien d’autres ! »

Sur les voitures disponibles à la vente chez Fiskens Historic Automobiles, combien compte-t-on en moyenne de voitures des 24 Heures du Mans ?

« Nous avons en moyenne environ 25 voitures à demeure au Mews. Tandis que nous préparons l’annonce publique pour plusieurs voitures dans les mois à venir, beaucoup d’entre elles sont disponibles de manière plus discrète. Notre hall d’exposition compte actuellement une 300S ex-Fangio, une Lister Storm GTM 002 prête à courir, la splendide Ferrari F1-399 victorieuse du Grand Prix de Malaisie, une Maserati Tipo 6CM d’usine de 1936 ex-Comte Trossi, la Shadow DN5 que j’ai pilotée au Grand Prix Historique de Monaco, et quelques superbes Bentley anciennes, dont une Sportsman Coupe 4,5 litres de 1931. Parmi les nouvelles venues figurent la Delahaye 135 CS ex-Jacques Menier engagée aux 24 Heures du Mans 1936, la Lister Jaguar de l’Ecurie Nationale Belge qui avait terminé quatrième des 24 Heures 1958 et une autre très belle voiture liée aux 24 Heures du Mans qui sera dévoilée au printemps prochain ! »

Quelle serait pour vous la voiture de collection la plus agréable à piloter au Mans ?

« Encore une fois, difficile de choisir ! Pour la prochaine édition de Le Mans Classic, j’ai hâte de piloter  une Bentley 4 ½ litres, ainsi que ma propre AC Cobra, connue sous le matricule 39 Ph, qui a gagné sa catégorie au Mans en 1963 aux mains de Peter Bolton et Ninian Sanderson, avec Stirling Moss comme team manager. Je suis impatient de la piloter au Mans, je l’espère avec mon ami et coéquipier Dario Franchitti (triple vainqueur des 500 miles d’Indianapolis, ndlr). »

Quelle voiture rêvez-vous de piloter sur le circuit des 24 Heures ?

« Une Matra MS670 ! C’est une des plus belles voitures qu’on ait jamais vues au Mans ! Et quel son extraordinaire ! »

PHOTOS - EN HAUT : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2007. Dernière voiture pilotée aux 24 Heures par Gregor Fisken parallèlement à ses activités de négociant en voitures de collection, cette DBR9 était conjointement engagée par Aston Martin Racing et l'écurie française Larbre Compétition, triple vainqueur de catégorie GT dans la Sarthe. AU CENTRE (D.R. / FISKENS FINE HISTORIC AUTOMOBILES) : cette Ferrari 275 évoquée au fil de cette conversation par Gregor Fisken a terminé dixième des 24 Heures du Mans 1966 aux mains du Français Pierre Noblet et du Belge Claude Dubois, qui a grandement contribué aux recherches historiques menées par l'équipe de Fiskens Fine Historic Automobiles.

 

Partenaire Majeur

Partenaires premium

Partenaires officiels

Tous les partenaires