24h Le Mans
CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Pionnier de la nouvelle catégorie reine Hypercar en 2021, à l’instar de Toyota et Alpine, l’ancien réalisateur et producteur de cinéma devenu constructeur Jim Glickenhaus a gagné un respect unanime. Sa passion et la clairvoyance de ses choix techniques et humains l’ont mené jusqu’au podium des 24 Heures du Mans en 2022.
« Le pari de Jim Glickenhaus force le respect. Un privé qui décide de faire sa propre voiture… Quand on regarde les équipages qu’il a constitués, on voit qu’il aime la course et qu’il a envie de bien faire les choses. » La parole du pilote Glickenhaus, qui s’est ainsi exprimé quelques heures avant la Journée Test des 24 Heures 2021, pour la première apparition sarthoise du constructeur américain, est l’avis d’expert de Romain Dumas, double vainqueur au Mans et codétenteur du record de la distance depuis 2010. Et indique que Jim Glickenhaus n’a rien laissé au hasard.
L’histoire de Jim Glickenhaus est celle d’une passion de jeunesse. Qui l’a vu, alors qu’il avait onze ans, pousser la porte de la concession de Luigi Chinetti et de devenir un familier du triple vainqueur des 24 Heures et homme de confiance d’Enzo Ferrari outre-Atlantique. Qui l’a vu assister aux 24 Heures 1969. « Je me souviens de tout, raconte-t-il. La foule, la grande roue, la nourriture, le vin, les voitures… » Puis, fortune faite dans le cinéma, l’a poussé à acquérir trois voitures emblématiques du grand duel Ford-Ferrari de l’édition 1967 : la Ford Mk IV de Mark Donohue/Bruce McLaren, la Ferrari 330 P4 victorieuse des 24 Heures de Daytona 1967 également engagée au Mans et une autre Ferrari, la 412 P engagée par l’importateur britannique Maranello Concessionaires.
Puis il va encore plus loin, en faisant concevoir en 2005 par le carrossier Pininfarina, partenaire historique de Ferrari, une voiture totalement inédite sur la base de la dernière Ferrari Enzo restant à vendre. Président de la marque au cheval cabré à cette époque, Luca di Montezemolo considère même qu’elle mérite une appellation officielle. Elle devient ainsi Ferrari P4/5 by Pininfarina. En 2012, elle remporte sa catégorie aux 24 Heures du Nürburgring, terminant douzième du classement général.
Lorsque Jim Glickenhaus se lance le défi des 24 Heures du Mans, il accorde un soin tout particulier au choix de ses partenaires. Reinhold Joest, propriétaire d’écurie le plus victorieux dans la Sarthe, pour le soutien technique ; le préparateur spécialisé Pipo, notamment partenaire de Peugeot en rallye, pour les moteurs ; Podium Advanced Technologies pour le design et la construction.
Jim Glickenhaus a également une idée précise du look de son Hypercar 007 LMH, dont les formes font ouvertement référence aux années 1960 : « les ingénieurs de la soufflerie se sont bagarrés avec moi, mais je leur ai dit ‘je m’en fiche, je veux que la voiture soit belle’. Et je suis très fier du résultat. »
La Glickenhaus n’est pas seulement la réussite esthétique rêvée par son initiateur. Elle est aussi fiable. En 2021, ses premières 24 Heures du Mans s’achèvent dans le top 5 pour Pipo Derani/Franck Mailleux/Olivier Pla (4e) et Ryan Briscoe/Romain Dumas/Richard Westbrook (5e). Trois Français, un Brésilien, un Australien, un Britannique ; deux équipages d’expérience affichant un beau palmarès, aussi bien en prototypes qu’en GT. Encore un casting gagnant…
En 2022, les deux 007 LMH gagnent une place, avec la troisième marche du podium pour Ryan Briscoe/Franck Mailleux/Richard Westbrook, et la quatrième place pour Pipo Derani/Romain Dumas/Olivier Pla. « J’essaye juste de faire perdurer l’esprit de M. Chinetti, de Carroll Shelby, Jim Hall, Briggs Cunningham, Henri Pescarolo et Jean Rondeau, parce que ce sont des gens qui ont changé le monde, indique Jim Glickenhaus. Et c’est ce que j’essaye de faire à mon humble niveau. »
Il est vrai que sans tous ces passionnés et personnalités hors cadre, le monde des 24 Heures du Mans – et in extenso du sport automobile d’une manière plus large – ne serait pas tout à fait le même… Et le fait est que la haute silhouette surmontée d’un chapeau à la Indiana Jones de Jim Glickenhaus a déjà gagné sa place dans la légende des 24 Heures du Mans.
C’est cet esprit, à la fois foncièrement indépendant et profondément original, qu’il défendra une nouvelle fois dans le cadre de l’édition du Centenaire. Romain Dumas, Ryan Briscoe, Franck Mailleux et Olivier Pla seront toujours là, rejoints par un quatrième Français, Nathanaël Berthon, et par le Mexicain Esteban Gutiérrez.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2021-2022 - DE HAUT EN BAS : Jim Glickenhaus en 2022 ; les choix de Jim Glickenhaus ont su convaincre Romain Dumas, double vainqueur au Mans en tant que pilote d'usine Audi (2010) et Porsche (2016) ; les deux Glickenhaus 007 LMH sur la pré-grille de leurs premières 24 Heures en 2021 ; Ryan Briscoe, Richard Westbrook, Jim Glickenhaus et Franck Mailleux (de gauche à droite) sur la troisième marche du podium du classement général en 2022.
