Frédéric Sausset, les 24 Heures du Mans au-delà du handicap
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Frédéric Sausset, les 24 Heures du Mans au-delà du handicap

CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Premier pilote quadri-amputé à terminer les 24 Heures du Mans en 2016, Frédéric Sausset a également été team manager d’une équipe mêlant pilotes handicapés et valides lors de la classique mancelle en 2021. Aujourd’hui, il n’a pas abandonné son rêve : une filière d’inclusion s’inscrivant dans la durée au plus haut niveau de l’Endurance.

Sa première participation en 2016 était déjà la réalisation d’un rêve. Frédéric Sausset était ainsi devenu le premier pilote quadri-amputé à avoir participé à la classique mancelle et l'avoir terminée. L’espoir était né et la brèche ne devait pas se refermer. Ce chef d’entreprise ne lâche rien et met alors toute son énergie pour créer un projet tourné vers les autres.

Il ne veut plus se mettre au volant, car « je ne voulais pas profiter et me faire plaisir, mais mettre en avant d’autres pilotes, avec des handicaps différents ». L’idée de créer une filière pour les pilotes en situation de handicap trottait dans la tête de Frédéric depuis 2015 : « Déjà à l’époque, je me disais que si je réussissais à faire les 24 Heures du Mans, je créerais une filière spécifique pour des pilotes en situation de handicap, pour leur permettre de participer au plus haut niveau, car cela n’existait pas à travers le monde ! »

« Une montagne » de difficultés

Le projet se concrétise début 2018. Une équipe composée de deux pilotes en situation de handicap et d’un valide, dirigée par Frédéric, devait prendre le départ en 2020. La participation est repoussée d’un an en raison de la crise sanitaire et se fera donc en 2021. Il aura tout de même fallu deux années au pilote pour clore le projet. « Nous avons passé 80 % du temps à trouver des financements. Et nous, par les aménagements, tests et autorisations nécessaires, on est 15 % plus cher ».

"Je reçois toujours des messages, des témoignages nous remerciant car on a donné envie de se battre."
Frédéric Sausset

Pami la « montagne » des difficultés à gravir, il y a aussi eu les aménagements de la voiture bien sûr mais, avant tout, les règlements. « Les fédérations sont toujours un peu timides, notamment en ce qui concerne la sécurité, à cautionner ce type de projet. » La première étape avait consisté, en 2015-2016, à adapter le règlement : « On a pu compter sur l’ACO. » Autre barrière : celle de la communication. « Les partenaires ne savent pas comment communiquer autour du handicap. »

Un message d’espoir

Les difficultés surmontées, la voiture du team SRT41 passe donc le drapeau à damier en 2021, « comme les valides. Ça met encore plus en relief la performance et la grandeur de l’exploit des pilotes ! » Les batailles et la joie de l’équipe lors de l’arrivée ont ému plus d’un spectateur. « Nous avons un capital sympathie auprès du public, des commissaires. Je reçois toujours des messages, des témoignages nous remerciant car on a donné envie de se battre. »

Au-delà du message d’espoir, Frédéric est aussi fier de la performance sportive. Il ressent de la « fierté d’avoir pu imposer SRT41 comme un team classique. Car c’est un projet abouti, sérieux ». Et la suite ? « Je pensais tout arrêter après 2021. Mais je suis un passionné, j’ai réécouté les sons de voitures, senti les odeurs, l’ambiance… »

Discussions avec des constructeurs

Des idées trottent dans la tête de Frédéric mais il a besoin d’une pause. Ainsi, en 2022, « il n’y a rien eu. Ces programmes sont très difficiles à financer et comme je porte SRT41 seul et que j’ai une activité professionnelle à côté, c’est compliqué ». Frédéric regrette que « la tendance soit plutôt à ce que ce type de projet tombe dans l’oubli quand personne ne le porte ». Pourtant, le « gros travail » sur le développement des techniques permettant à différents handicaps de piloter a déjà été fait, validé par le FIA et l’ACO.

Le pilote espère bien « reprendre le volant un jour pour les 24 Heures du Mans ». En attendant, il « discute avec certains constructeurs pour définir une filière qui participe à l’inclusion, en s’inspirant de ce que j’ai fait et en me prenant comme partenaire ». Tenace, Frédéric Sausset n’est pas prêt de laisser la brèche ouverte en 2016 se refermer !

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : Frédéric Sausset sur le podium des 24 Heures 2016, en compagnie de ses coéquipiers Jean-Bernard Bouvet et Christophe Tinseau ; l'Oreca engagée en 2021 par SRT41 était pilotée par Nigel Bailly, Takuma Aoki et Matthieu Lahaye ; Frédéric Sausset au volant de la Morgan lors de sa participation aux 24 Heures 2016.

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