CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Alors que la 499 P, l’Hypercar de Ferrari, est l’une des voitures les plus attendues de l’édition du Centenaire, retour sur les années 1990 sarthoises du cheval cabré, incarnées par deux icônes : la F40 et la 333 SP.
Si la victoire dès sa première participation de la F1 GTR de McLaren a été l’une des grandes surprises des 24 Heures du Mans 1995, Ferrari a également marqué cette 63e édition, avec deux voitures fondamentalement différentes qui ont écrit deux grands chapitres de la légende croisée du cheval cabré et des 24 Heures.
F40, le chant du cygne d’Enzo Ferrari
Apparue en 1987, la Ferrari F40 célèbre le quarantième anniversaire de la marque, comme le suggère son patronyme. Mais lorsque décède Enzo Ferrari le 14 août 1988, elle va occuper la place singulière de dernière voiture née du vivant du Commendatore. Et à ce titre, va se retrouver au cœur de l’explosion de la cote des Ferrari de collection, qui perdure encore aujourd’hui dans les ventes aux enchères du monde entier.
La carrière de la F40 aux 24 Heures du Mans est courte, avec un total de huit exemplaires sur trois éditions. Après l'abandon de la pionnière engagée par Obermaier Racing en 1994, deux des trois voitures en piste en 1995 reçoivent le drapeau à damier, avec respectivement les douzième et dix-huitième places pour Michel Ferté/Olivier Thévenin/Carlos Palau (Pilot Aldix Racing) et Gary Ayles/Massimo Monti/Fabio Mancini (Ennea SRL/Ferrari Club Italia). A l’inverse, les quatre F40 au départ sont toutes contraintes à l’abandon l’année suivante.
333 SP, un rêve de passionné
Alors que la F40 termine les 24 Heures pour la première fois en 1995, la première 333 SP vue dans la Sarthe lors de cette édition remonte jusqu’en troisième position avant de renoncer sur un problème moteur après seulement sept tours couverts.
Ainsi nommée en référence à sa cylindrée unitaire (333 cm3 pour chacun de ses douze cylindres et SP pour Speciale Prototipo), la 333 SP est le premier prototype Ferrari vu dans la Sarthe depuis la 312 P engagée par l’écurie NART de Luigi Chinetti en 1974, un an après la dernière apparition des prototypes d’usine 312 PB. Cette 333 SP est née d’un entrepreneur italien passionné.
Créateur des accessoires automobiles (volants, jantes) MoMo (acronyme basé sur les deux premières lettres de Moretti et Monza), Gianpiero Moretti parvient à convaincre Piero Ferrari et Luca di Montezemolo, dirigeants de la marque à cette époque, de lancer l’étude d’un prototype destiné à courir des deux côtés de l’Atlantique, aux 24 Heures du Mans comme en endurance américaine.
1997-1998 : les jours de gloire de la 333 SP
En 1996, les deux 333 SP au départ abandonnent, mais les nouveaux développements sous la conduite de la 333 SP vont porter leurs fruits en 1997 et 1998 grâce à l’ingénieur britannique Tony Southgate, à qui on doit les Jaguar victorieuses au Mans en 1988 et 1990.
Associé à son compatriote Max Papis et au Belge Didier Theys, Gianpiero Moretti voit sa passion récompensée en 1997 avec la sixième place, qui restera le meilleur résultat de la 333 SP au classement général des 24 Heures. L’année suivante, celle de l’équipe Doyle/Risi termine huitième et s’impose en catégorie LMP1, aux mains de Fermin Velez, Wayne Taylor et Eric van de Poele.
En 1999, la dernière Ferrari 333 SP vue au Mans est engagée par l’équipe française JB Racing et renonce à la septième heure sur casse moteur. Depuis vingt ans, la maison de Maranello a prolongé de fort brillante manière son héritage sportif sarthois dans les différentes catégories GT. Mais ceci est une autre histoire à suivre très bientôt dans le cadre de ce Centenaire, en attendant de découvrir l’Hypercar 499 P sur le circuit des 24 Heures du Mans dans à peine deux mois.
PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1995-1999 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : En 1995, la première 333 SP (n°1) vue aux 24 Heures était pilotée par René Arnoux, Jay Cochran et Massimo Sigala, tandis que la F40 LM signe son meilleur résultat sarthois, avec la douzième place de Michel Ferté/Carlos Palau/Olivier Thévenin (n°34) ; l'écurie italienne Ennea SRL a engagé deux F40 LM en 1995 et trois en 1996, avec ici à l'image la voiture de Luciano della Noce/Anders Olofsson/Carl Rosenblad (n°44), suivie par celle de Paul Belmondo/Eric Bernard/Jean-Marc Gounon (n°45) ; les Ferrari 333 SP de Gianpiero Moretti (n°3) et de l'écurie Doyle/Risi (n°12) sont les seules à avoir terminé dans le top 10 du classement général, avec respectivement la sixième place en 1997 et la huitième en 1998.