2000, 2001, 2002, 2004, 2005, 2006, 2007, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014… Qui a dit que le treize était maudit ? Sûrement pas le Dr Ullrich, qui en a fait le nombre porte-bonheur de la saga d’Audi aux 24 Heures du Mans.

Parmi ces treize victoires, certaines ont une valeur particulière, à la fois pour leur dimension technologique, mais aussi humaine. « Celle de 2011 a été spéciale pour moi », se souvient l’Autrichien. Et pour cause, avant même les douze coups de minuit, la marque aux anneaux avait perdu deux de ses trois voitures après deux accidents aussi effroyables que miraculeux, dont le souvenir suscite un éclair d’émotion dans le regard du Dr Ullrich : « Ce furent des montagnes russes d’émotions extrêmes, avec Peugeot à notre poursuite ». Et au final, un sprint hallucinant le dimanche pour le trio victorieux Fässler/Lotterer/Tréluyer, qui tiendra les spectateurs en haleine de sept heures du matin jusqu’au drapeau à damier, avec une marge de seulement 800 mètres sur une meute de quatre lionnes.

« À mes yeux, les autres grandes victoires d’Audi sont l’année 2000, où nous avions placé les trois voitures aux trois premières places, 2006 avec la première victoire du moteur diesel et 2012 avec l’hybride », poursuit celui qui a dirigé les activités sportives pendant 23 ans (de 1993 à 2016) après avoir travaillé sur la conception du moteur TAG-Porsche de Formule 1 pour McLaren au début des années 1980.

Audi se réinvente au Mans

Ces victoires de 2000, 2006 et 2012 offraient d’ailleurs de très pertinentes variations sur le slogan d’Audi à cette époque : Vorsprung durch Technik… un constructeur qui « avance grâce à la technologie », jusqu’à se bâtir une toute nouvelle image sur route, capable de faire jeu égal avec les grandes rivales Mercedes et BMW, non seulement sur un marché allemand ultra concurrentiel mais aussi à l’international. « Je suis certain qu’il y a eu un impact, car Le Mans est l’une des trois courses les plus connues au monde, et y gagner aide indiscutablement au développement d’une marque, confirme le Dr Ullrich, aujourd’hui conseiller auprès de l’ACO. Audi s’est développé grâce à aux technologies éprouvées en compétition, et toutes sont arrivées ensuite sur les voitures de route pour le bien de nos clients. Après le rallye, le supertourisme, les quatre roues motrices, Audi avait besoin d’un nouveau défi, qui a été les 24 Heures du Mans, la course la plus célèbre du monde, symbole de technologie, de vitesse et d’endurance. »

La victoire « en famille »

Cette marche en avant technologique et victorieuse s’est accomplie au rythme d’une aventure humaine unique en son genre. Car Audi en compétition selon le Dr Ullrich, c’est aussi un esprit de famille dont la convivialité a fait date dans l’histoire des 24 Heures du Mans, et a été appréciée par tous, public comme professionnels : « J’ai créé et incarné cette idée selon le principe suivant : comment créer une famille meilleure que les autres ? En faisant en sorte que chacun, dans son rôle, fasse partie d’un ensemble, et donne le maximum pour que l’ensemble fonctionne à la perfection. »

L’avancée technologique à visage humain… Et si c’était la définition idéale des 24 Heures du Mans ?

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : la première victoire - et le premier triplé  - d'Audi en 2000 ; le Dr Ullrich soulève le trophée d'une dixième victoire inoubliable d'Audi en 2011 ; Marcel Fässler, André Lotterer et Benoît Tréluyer, déjà vainqueurs en 2011, fêtent en 2012 la première victoire sarthoise de la technologie hybride ; le Dr Ullrich en compagnie de Leena Gade, première femme victorieuse en tant que chef de voiture avec le trio Fässler/Lotterer/Tréluyer en 2011, 2012 et 2014.