Bugatti au Mans : une légende, deux victoires et un circuit
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Bugatti au Mans : une légende, deux victoires et un circuit

CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Symbole du luxe ultime sur quatre roues de l’entre-deux-guerres mondiales, Bugatti a remporté deux victoires aux 24 Heures. Aujourd’hui parangon de l’automobile sportive extrême, la marque a également donné son nom à l’autre circuit du Mans, qui a su bâtir sa propre spécificité.

L’histoire mancelle de Bugatti commence dès la première édition des 24 Heures en 1923. L’unique exemplaire de la marque engagé cette année-là est une Brescia qui termine en dixième position, aux mains de Max de Pourtalès et Sosthène de La Rochefoucauld.

A cette même période, Ettore Bugatti présente sa voiture de route la plus célèbre : la Type 41, dite « Royale ». Etendard du luxe proverbial de la marque, elle est la plus parfaite incarnation de la devise de son fondateur : « rien n’est trop beau, rien n’est trop cher ». La Royale est hélas victime collatérale de la crise économique de 1929, avec seulement sept exemplaires produits de 1927 à 1933. Six sont encore en circulation aujourd’hui, et leur cote sur le marché des voitures de collection est à la démesure de la réputation de Bugatti.

Les « années 1930 glorieuses »

Malgré ce semi-échec côté route, Bugatti s’inscrit définitivement au panthéon des 24 Heures pendant cette décennie.

Cette légende à venir s’écrit tout d’abord au féminin. En 1930, Marguerite Mareuse engage une Type 40 dont elle partage le volant avec Odette Siko. Ce duo de dames termine à la septième place du classement général. Par la suite, Bugatti connaît des résultats en dents de scie, terminant sixième en 1932, neuvième en 1934 et quatorzième en 1935.

Pour que la marque inscrive son nom au palmarès des 24 Heures, il faut attendre l’avènement de la Type 57, surnommée « Tank » en raison de l’étonnant équilibre entre ses formes aérodynamiques arrondies et son allure agressive.

A son volant, Jean-Pierre Wimille s’impose à deux reprises, en 1937 avec Robert Benoist, l’un des tout meilleurs pilotes français de l’entre deux guerres, puis avec Pierre Veyron en 1939. Ces deux victoires sont assorties de deux nouveaux records de la distance, portés à 3 287 kilomètres en 1937 puis à 3 354 deux ans plus tard.

 

Après le décès prématuré de Jean Bugatti, fils d'Ettore, dans un accident de la route alors qu’il effectue des essais le 11 août 1939, la Seconde Guerre mondiale, des difficultés économiques après-guerre et la disparition d’Ettore Bugatti en 1947 entrainent celle de la marque. Elle fera par la suite l’objet de plusieurs relances, dont une aboutit à une participation aux 24 Heures du Mans pendant les années 1990.

1994, un retour pour un anniversaire

En 1994, 55 ans après la dernière apparition – et la dernière victoire – sarthoise de Bugatti, le patron de presse français Michel Hommell engage un exemplaire de l’EB 110. Présentée le 15 septembre 1991, cette GT propulsée par un moteur V12 turbocompressé de 3,5 litres doit son patronyme à la commémoration à cette époque du 110e anniversaire d’Ettore Bugatti, né le 15 septembre 1881.

Cette EB110 est confiée au Français Eric Helary, vainqueur des 24 Heures 1993 sur Peugeot en compagnie de Christophe Bouchut et Geoff Brabham, associé à ses compatriotes Jean-Christophe Boullion et Alain Cudini. Cet engagement salue en outre une ancienne tradition des 24 Heures : cette EB110 arrive par la route aux vérifications techniques.

Qualifiée 17e, la Bugatti n°34 remonte jusqu’à la sixième place avant de connaître des ennuis de turbocompresseur, avant de renoncer à seulement 45 minutes du drapeau à damier sur sortie de route.

Bugatti VEYRON, une voiture pour un vainqueur

En 2005, sept ans après la renaissance définitive de la marque sous l’égide du groupe Volkswagen, Bugatti présente la Veyron.

Baptisée du nom du coéquipier victorieux de Jean-Pierre Wimille en 1939, cette voiture d’exception est propulsée par un moteur 16 cylindres en W turbocompressé de 1 001 ch et sera produite à 450 exemplaires jusqu’en 2015. Elle dispose d’un système hydraulique piloté par un ordinateur qui adapte la configuration aérodynamique de la voiture en fonction de sa vitesse. En abaissant ainsi la garde au sol et en déployant un aileron arrière, la Veyron dépasse les 400 km/h en vitesse de pointe.

Cette débauche de puissance et de technologie en fait la digne héritière de la démesure qui était celle de Bugatti à l’époque de sa splendeur pendant les années 1930. Aujourd’hui, Bugatti et Bentley sont les seuls constructeurs ayant pris le départ des 24 Heures 1923 à être encore en activité, tous deux au sein du groupe Volkswagen.

Bugatti, un circuit pour une passion

Président de l’ACO de 1951 à 1973, Jean-Marie Lelièvre fut propriétaire de plusieurs Bugatti, et considérait – à juste titre – que la marque incarnait l’excellence automobile française de l’entre deux guerres. Et concrétise cette passion en baptisant Bugatti le circuit permanent du Mans inauguré en 1966.

En un peu plus d’un demi-siècle, le circuit Bugatti a accueilli pour la seule et unique fois de son histoire la Formule 1 en 1967, pour un Grand Prix de France remporté par Jack Brabham. En 1978 naissent les 24 Heures Motos, dont l’édition 2022 se déroule ces jours-ci (15-16 avril). Parallèlement, le circuit Bugatti a accueilli des épreuves labellisées « 24 Heures » de bien d’autres disciplines (camions, vélos, rollers).

Le 9 novembre 2003, l’ambassadeur du Centenaire Tom Kristensen inscrit sur le circuit Bugatti son nom au palmarès de l’unique édition des 1 000 kilomètres du Mans. Trente-cinq voitures sont au départ et les deux premiers de chaque catégorie bénéficient d’une invitation d’office pour les 24 Heures du Mans 2004.

Sur Audi R8, le Danois s’impose en compagnie du Japonais Seiji Ara. Ils sont accompagnés sur le podium de ces 1 000 km par la Courage de Sébastien Bourdais/Franck Lagorce/Stéphane Sarrazin (Pescarolo Sport) et la Dome de Jan Lammers/Andy Wallace (Racing for Holland). Cinq anciens vainqueurs des 24 Heures sont au départ : Tom Kristensen, Jan Lammers, Andy Wallace, Christophe Bouchut et Stéphane Ortelli. Ils seront rejoints les 12 et 13 juin 2004 par Seiji Ara, vainqueur de la 72e édition en compagnie de Kristensen et Dindo Capello.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS : La premier version de la Type 57 victorieuse des 24 Heures 1937 ; septième en 1930 sur Bugatti, Odette Siko (à droite) signera par la suite le meilleur résultat sarthois d'une pilote, avec la quatrième place sur Alfa Romeo en 1932 ; le départ de l'édition 1939 : la seule Bugatti engagée (n°1) remportera la course ; la Bugatti EB110 aux vérifications techniques, après avoir rallié Le Mans par la route ; Pierre Veyron (à droite sur la voiture) et son coéquipier Jean-Pierre Wimille (à sa droite), les vainqueurs de 1939 (D.R. / ARCHIVES ACO) ; en juillet 2019, les 110 ans de Bugatti avaient été célébrés sur le circuit manceau du même nom dans le cadre des Classic Days (MICHEL JAMIN / ACO).

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