Lorsqu’il dispute ses premières 24 Heures du Mans en 1996, Alex Wurz a 22 ans. Fils de pilote (son père Franz est un ancien multiple champion d’Europe de rallycross), ce jeune Autrichien est riche d’un beau palmarès en formules de promotion en Allemagne, où il est titré en Formule Ford en 1992, avant de finir vice-champion en Formule 3 deux ans plus tard. Cette personnalité douée et aussi insolite (il porte des bottines de course de deux couleurs différentes) est associée sur Joest-Porsche TWR à l’Américain Davy Jones et à l’Allemand Manuel Reuter, vainqueur des 24 Heures 1989 sur Sauber-Mercedes avec son compatriote Jochen Mass et le Suédois Stanley Dickens.
De Joest-Porsche TWR à Benetton
Si les classements horaires de cette 64e édition la font apparaître en tête 24 heures sur 24, la Joest-Porsche TWR n°7 de Wurz/Jones/Reuter doit toutefois surveiller les deux Porsche 911 GT1 d’usine. Très compétitives, ces dernières sont finalement retardées par divers soucis, tandis que le trio vainqueur affiche une régularité métronomique et dominatrice, avec 4 559 kilomètres en tête sur une distance totale parcourue de 4 814.
Cette victoire vaut paradoxalement à Alex Wurz une promotion en Formule 1. Peu avant les 24 Heures, l’Autrichien avait rencontré Flavio Briatore. A l’époque patron de l’équipe Benetton, celui-ci lui avait promis un essai en cas de victoire sarthoise. Le team-manager italien pensait-il vraiment Wurz capable d’une telle performance, qui plus est pour sa première participation ? Lui seul le sait. Toujours est-il qu’il tient parole : après avoir disputé trois Grands Prix chez Benetton en 1997, Alex Wurz est titularisé pour les saisons 1998, 1999 et 2000.
Une nouvelle carrière en endurance
Après une décennie de Formule 1, passée à la fois en tant que titulaire et pilote essayeur, il retrouve l’endurance, dont il devient l’un des fers de lance de 2008 jusqu’à sa retraite fin 2015. Chez Peugeot, il remporte ses deuxièmes 24 Heures du Mans (2009) et s’impose aux 12 Heures de Sebring (2010) puis à Petit Le Mans (2011).
Lors de la renaissance du Championnat du Monde d’Endurance FIA en 2012, il rejoint Toyota, à qui il offre cette même année sa première victoire dans cette compétition, associé au Français Nicolas Lapierre. En 2014, il passe tout près de son deuxième succès aux 24 Heures du Mans. Longtemps leader, la Toyota qu’il partage avec Kazuki Nakajima et Stéphane Sarrazin est contrainte à l’abandon sur un incendie consécutif à un souci électrique.
Toujours conseiller de Toyota (et aussi chez Mercedes en Formule 1) et également Président du GPDA (association des pilotes de Grand Prix) depuis sa retraite de pilote, Alex Wurz aura connu un parcours pour le moins original. Promu en Formule 1 après sa victoire aux 24 Heures du Mans, il a finalement conquis dans la deuxième partie de sa carrière l’un des plus beaux palmarès de l’endurance du dernier demi-siècle.
PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1996 - Dès sa première participation, Alex Wurz (au volant sur la photo ci-dessus) avait pour coéquipier un ancien vainqueur des 24 Heures, l'Allemand Manuel Reuter (au volant sur la photo du haut).