Né en 1998, Thomas Laurent peut être considéré aujourd’hui comme le premier véritable jeune pilote issu de cette pyramide de l’endurance aujourd’hui en plein essor. Après avoir été champion du monde de karting en 2015, il fait directement le saut de l’endurance en 2016 sans passer par les formules de promotion monoplace. Il se distingue d’emblée en remportant cette année-là la première édition de Road to Le Mans. Devenue depuis un rendez-vous incontournable de la semaine des 24 Heures, cette course disputée sur le grand circuit de 13,6 kilomètres est aujourd’hui la plus prisée du calendrier de la Michelin Le Mans Cup, premier échelon de la pyramide de l’endurance, également constituée de l’European Le Mans Series et de l’Asian Le Mans Series jusqu’au Championnat du monde.
En 2017, Thomas Laurent rejoint la catégorie LMP2 en Championnat du monde d’Endurance FIA, où il partage avec Ho-Pin Tung et Oliver Jarvis le volant de l’Oreca n°38 de l’écurie Jackie Chan DC Racing. Pour ses premières 24 Heures, il se fixe trois objectifs : terminer la course, monter sur le podium LMP2 et remporter la catégorie. Le résultat final le comblera au-delà de tous ses espoirs.
Au fil de ces 85e 24 Heures du Mans, la lutte pour la victoire LMP2 prend la forme d’un long duel entre les deux Oreca de Jackie Chan DC Racing et celles de l’équipe suisse Vaillante Rebellion. Mais un nouvel enjeu de taille se profile quand les cinq prototypes hybrides de Porsche et Toyota accumulent les soucis en tête de la course : une place potentielle sur le podium du classement général.
Leader du classement général
A partir de la treizième heure, Thomas Laurent et ses coéquipiers s’installent en tête des LMP2, et sont à cet instant deuxièmes du classement général, seulement devancés par la Porsche 919 Hybrid de Neel Jani/André Lotterer/Nick Tandy. Mais le dimanche matin, peu après 11 heures, Lotterer s’arrête en bord de piste et abandonne sur un problème moteur.
L’Oreca n°38 est alors en tête. Deux heures durant, Thomas Laurent est un solide leader, avec à sa poursuite la deuxième Porsche 919 Hybrid de Timo Bernhard/Earl Bamber/Brendon Hartley. Retardée le samedi après trois heures de course par un changement de son moteur électrique avant, elle avait repris la piste à 19 h 35 en 56e position, avec 18 tours de retard. A 13 h 53, soit à 67 minutes de l’arrivée, Thomas Laurent est doublé par Timo Bernhard et la Porsche n°2 s’envole vers la victoire.
Sous le drapeau à damier, Thomas Laurent, Ho-Pin Tung et Oliver Jarvis s’imposent en LMP2 et signent le meilleur résultat de cette catégorie aux 24 Heures avec la deuxième place du classement général. C’est même un triomphe pour Jackie Chan DC Racing, qui s’offre un doublé avec la troisième marche du podium du général grâce à Alex Brundle, Tristan Gommendy et David Cheng (le « DC » de Jackie Chan DC Racing).
Par la suite, la pyramide de l’endurance ne cessera de se développer, avec l’émergence de pilotes venus du monde entier ambitionnant une carrière à long terme dans la discipline, comme Phil Hanson, Mikkel Jensen (futur pilote d’usine Peugeot en 2022), Salih Yoluc (premier Turc vainqueur au Mans, en LMGTE Am en 2020) ou encore Job van Uitert. S’y ajoutent de nombreux jeunes pilotes issus des formules de promotion monoplace : entre autres Gabriel Aubry, Louis Deletraz, Ferdinand Habsburg, Yifei Ye, Tom Blomqvist, Franco Colapinto, Roberto Merhi, Matthieu de Barbuat... Une nouvelle génération dont Thomas Laurent a été l’incontestable pionnier en 2016 et 2017.
Nul doute que les prochaines 24 Heures, la saison 2022 et les projets à venir en Hypercar et dans toutes les autres catégories en vue du centenaire des 24 Heures en 2023 nous révéleront bien d’autres jeunes talents. En attendant de les découvrir en piste l’an prochain, bonnes fêtes de fin d’année !
PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2017 – Au volant de l’Oreca n°38 de Jackie Chan DC Racing, Thomas Laurent est à 19 ans le deuxième plus jeune pilote de l’histoire des Heures à monter sur le podium du général après Ricardo Rodriguez. Le Mexicain avait lui aussi terminé deuxième en 1960 sur Ferrari, à 18 ans et 133 jours.