Après huit victoires en Formule 1 de 1968 à 1972, la carrière de Jacky Ickx reprend son envol en endurance dans la deuxième moitié des années 1970, et plus particulièrement aux 24 Heures du Mans. Déjà vainqueur dans la Sarthe en 1969, il s’impose de nouveau en 1975 et 76, respectivement sur Gulf Mirage et Porsche.
En 1977, toujours avec Porsche, il est associé pour la première fois à Henri Pescarolo, au volant de la 936 n°3. Entre 1969 et 1976, le Belge et le Français ont signé chacun trois victoires mancelles. Sur le papier, la combinaison Ickx/Pescarolo paraît imbattable. Mais les 24 Heures ont leurs propres lois, qui défient souvent celles de la logique. Après à peine quatre heures de course, alors qu'Henri Pescarolo est au volant, une bielle défectueuse provoque une casse moteur. A priori, tout semble perdu pour Porsche.
« Une course comme les 24 Heures du Mans 1977, on n'en connaît pas beaucoup dans une vie de pilote »
Confiée à Jürgen Barth et Hurley Haywood la seconde 936 engagée (n°4) est retardée après deux heures de course par un changement de pompe à injection et pointe au-delà de la quarantième place. Jacky Ickx rejoint l’Allemand et l’Américain et livre ce qui reste sans doute l'une des plus flamboyantes prestations de sa carrière. Pendant la nuit, il bat à trois reprises le record du tour établi en 1973 par François Cevert (Matra), le fixant à 3’36’’8 (226, 494 km/h de moyenne). A cinq heures du matin, Ickx, Barth et Haywood sont deuxièmes et quatre heures plus tard, les voici en tête après l'abandon de la Renault-Alpine de Jean-Pierre Jabouille et Derek Bell.
« Dans mes belles éditions des 24 Heures du Mans, 1977 est la première dont il faut se souvenir, car c'était a priori une course perdue, analyse Jacky Ickx. Elle avait commencé avec Henri Pescarolo, mais elle s'était arrêtée au bout de trois heures seulement. Je n'aurais pas dû gagner cette année-là. Une course comme celle-là, on n'en connaît pas beaucoup dans une vie de pilote. Ce fut magique parce que nous avons transformé une course perdue en une course gagnée, où toute l'équipe s'est sublimée. »
Malgré un piston perforé peu avant 15 heures qui contraint Jürgen Barth à terminer la course au ralenti (voir également l’épisode 6 de ce Calendrier de l’Avent), l’Allemand et ses deux coéquipiers de la Porsche 936 n°4 deviennent le premier équipage de trois pilotes vainqueur au Mans. Et avec ce quatrième succès, Jacky Ickx égale le record de victoires détenu à l’époque par son compatriote Olivier Gendebien, ajoutant un nouveau chapitre à une légende déjà riche.
PHOTO (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1977 - La 45e édition des 24 Heures du Mans voit à la fois la quatrième victoire de Jacky Ickx et de Porsche.