24 Heures du Mans, un certain style de départ
Retour

24 Heures du Mans, un certain style de départ

CENTENAIRE DES 24 HEURES – LE MANS, L’EXCEPTION ⎮ Outre la longévité et les exploits en piste, la légende des 24 Heures du Mans s’est bâtie sur une procédure de départ unique en son genre. Pendant près d’un demi-siècle, l’image des pilotes traversant la piste en courant vers leur voiture est entrée dans la mémoire collective, avant le départ lancé en vigueur depuis 1971.

Mais si le départ en épi - également dénommé départ type Le Mans (Le Mans-style start en anglais) - est le plus célèbre, les 24 Heures du Mans ont connu quatre procédures au fil de leur histoire : arrêté en ligne (1923 et 1924), arrêté Type Le Mans (de 1925 à 1969), arrêté en épi avec pilote à bord (1970) et lancé (depuis 1971).

Après deux années de départ arrêté, le premier départ type Le Mans est donné en 1925 aux Hunaudières. Cette année-là, les exigences financières du propriétaire des terrains des Raineries, utilisés en 1923 et 24, multiplient le loyer par trois, ce à quoi l’ACO ne souscrit pas, préférant s’installer au milieu de la ligne droite des Hunaudières. Le terme de l’époque était départ en arêtes de poisson (les pilotes montant d’abord la capote de leur voiture, comme exigé par le règlement).

Ce départ des voitures dans le style Le Mans, bien que le plus spectaculaire, les pilotes courant vers leurs voitures placées en épi du côté opposé de la piste, est remis en cause en 1968, à la suite de l'accident du Belge Willy Mairesse dans le premier tour de course, probablement dû à une portière mal fermée de sa Ford GT40. Par la suite, il n’a jamais repris la compétition et met fin à ses jours en septembre 1969. Mais trois mois plus tôt, son compatriote Jacky Ickx va révolutionner le départ des 24 Heures.

1969 : Jacky Ickx « en marche »  vers la victoire

Le danger provenait surtout des pilotes qui se lançaient dans la course sans s'être harnachés correctement, mais il y avait aussi quelques contacts entre les voitures. C'est la raison pour laquelle en 1969 Jacky Ickx décide de donner une leçon et un exemple. Au baisser du drapeau, il traverse la piste au pas, s'installe au volant, boucle son harnais et lance le moteur de sa Ford GT40 alors que la Porsche 917 de Rolf Stommelen, partie de la pole position, aborde déjà le Tertre Rouge. Le lendemain, Ickx remporte la course dans le dernier tour avec quelques mètres d'avance sur la Porsche 908 d’Hans Herrmann.

En 1970, le départ est légèrement modifié avec cette fois les pilotes à bord, qui ne courent donc plus vers leur voiture. L'année suivante, ce départ en épi voiture arrêtée est définitivement abandonné et une nouvelle procédure est mise en place. Les voitures sur deux rangées, dans l’ordre décroissant des temps réalisés en qualifications, s’élancent sept minutes et demie avant l’heure du départ réel, derrière la voiture officielle appelée « leading car » pour un tour d’échauffement progressif. La voiture officielle s’effaçant avant la ligne, le détenteur de la pole position règle alors le rythme des derniers 200 mètres. Parfois appelé « type Indianapolis », en référence à la course de monoplace de 500 miles (800 km) disputée chaque année à la fin du mois de mai sur le circuit ovale du même nom, ce départ lancé est toujours en vigueur aujourd’hui.

Péripéties et autres astuces…

Dans l’histoire des 24 Heures il y eut quelques « figures » involontaires exécutées par les pilotes, tel ce tête-à-queue magistral d’Edgar Berney avec sa Bizzarini, ou encore ce départ à 56 voitures au lieu de 55, un équipage équatorien ayant forcé la porte d’accès à la piste pour engranger une belle somme promise en cas de départ. On ne peut oublier non plus Jean Manuel Fangio enfournant, dans la précipitation, le levier de vitesse dans sa patte de pantalon, ce qui lui fait rater le départ espéré. Ces excès insolites de précipitation s’expliquent notamment par le fait que passer en tête à la fin du premier tour constituait une publicité recherchée par les marques et une source d’admiration supplémentaire guettée par les pilotes, parfois gratifiés de primes alléchantes.

Plus près de nous, notons que le contact à gauche du tableau de bord sur les Porsche est une réminiscence directe du départ Type Le Mans : encore présente aujourd’hui sur les voitures de route du constructeur allemand, cette astuce permet au pilote de conjuguer démarrage de la main gauche et passage de la première de la main droite. La piste du circuit, légèrement en pente, nécessitait également de caler la roue arrière. Pendant longtemps, l’ACO a ainsi fourni une belle cale bleue et jaune (les couleurs du club) pour éviter bien sûr de serrer les freins à main. Il n’était pas rare de voir les pilotes de voitures découvertes s'entraîner à  « voltiger » au-dessus des pare-brises et portières pour gagner du temps.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : le premier départ en épi de l'histoire des 24 Heures en 1925, pour une troisième édition remportée par le constructeur Lorraine Dietrich ; l'envol de l'édition 1966 vu des premières positions, dominées par Ford qui remportera sa première victoire ; le premier départ lancé, emmené par les Porsche 917 de Pedro Rodriguez/Jackie Oliver (n°18) et Vic Elford/Gérard Larrousse (n°21). A nter à gauche sur l'image la Porsche 911 qui emmenait les concurrents s'écarte, pour un départ imminent.

Partenaire Majeur

Partenaires premium

Partenaires officiels

Tous les partenaires