24h Le Mans
Le Mans, là où tout prend sens I Bâties autour de l’expérience spectateur, les 24 Heures du Mans regorgent de marqueurs émotionnels qui, s’activant à mesure que la semaine de course défile, se transforment en souvenirs. L’ambiance sonore qui caractérise l’épreuve la rend unique. Parce qu’il ravit les oreilles des spectateurs, comme celle des acteurs, le bruit des moteurs est le pilier de l’environnement sonore du circuit.
Tous les spectateurs des 24 Heures du Mans rentrent chez eux avec des souvenirs auditifs. Si la voix emblématique du speaker officiel Bruno Vandestick est assurément mémorable, elle est régulièrement traversée, recouverte, enveloppée par le son des moteurs. Ouvrez grand vos oreilles pour les Hypercars. C’est le sommet de la performance. Suivez la sortie des stands de la Cadillac V-Series.R. Tout commence dans un silence électrique et puis, après quelques encablures et alors que le prototype américain est encore dans la voie des stands, le très rauque et reconnaissable V8 5,5 litres atmosphérique Cadillac s’ébroue bruyamment. C’est l’un des prototypes préférés du public en raison du son de son moteur. Rien à voir avec le mélange sonore à la fois brutal et feutré offert par le V6 bi-turbo Ferrari. Sollicités à l’extrême, on entend les turbos souffler, alors que le système hybride se montre très discret. Peugeot a, pour sa 9X8, fait le même choix d’architecture moteur couplé à un système hybride, et pourtant, impossible de confondre les sonorités produites par le prototype transalpin et le français. Bien différent encore, voilà le très vif V8 4,0 litres bi-turbo BMW. Assurément, le prototype de la marque bavaroise a le son de la modernité, où les petites cylindrées et les turbos pointus règnent en maîtres.
Tendez bien l’oreille, écoutez les différentes mécaniques à leurs plus bas régimes, guettez la violence de l’accélération qui va suivre. Tous turbocompressés, ces moteurs sont des monstres de couple, capables de propulser les prototypes des 24 Heures du Mans à plus de 300 km/h en quelques secondes. Et déjà, le bruit s’éteint dans le lointain. Si tout va bien et sauf arrêt au stand, il reviendra dans un peu plus de 3 minutes. On va commencer à le percevoir, à s’approcher, à grossir, vrombissant à travers les arbres ou les tribunes, entendre les rapports tomber et les régimes valser au gré du rétrogradage avant le virage de Mulsanne, s’éteindre quasiment au point de corde avant de renaître, puissant, rageur, obéissant aux ordres d’un pilote qui n’a de cesse de le solliciter à son maximum pendant 24 heures de course.
Alors parfois, c’est la casse. Plus de son. L’extinction de voix définitive. Le moteur a expiré, lui qui allait vaillant, tonitruant quelques kilomètres plus tôt encore, prenant tous ses tours joyeusement. Il a commencé à bégayer, puis ses propos sont devenus incohérents quand les soupapes se sont mélangées les unes aux autres ou quand l’électronique lui a fait perdre le rythme.
Voilà venir un peloton de GT3. C’est la « petite » catégorie de la plus grande course d’endurance, mais leurs mécaniques ne sont pas en reste, développant quelques 550 chevaux bien suffisants pour les envoyer flirter avec les 300 km/h dans la ligne droite des Hunaudières. Lequel distinguez-vous le mieux : le métallique Flat-6 Porsche ou les V8 des américaines Ford Mustang et Chevrolet Corvette ? Qu’importe à vrai dire, l’important, c’est que les gros cubes d’outre-Atlantique fassent parler la poudre et pour cela, ils nous en mettent plein les oreilles ! Parmi les GT3 européennes, la Ferrari 296 GT3 se distingue du peloton, évoluant dans un registre plus resserré en raison de sa cylindrée moindre. Dans tous les cas, à la sortie de la chicane Ford, la cavalerie déboule et ça s’entend. Les montées en régimes sont rapides et franches, tellement loin de ce qu’est capable de délivrer nos voitures de série.
