La carrière naissante de pilote de Tony Rolt, débutée à l'âge de 18 ans en 1936, est contrariée par le début de la Seconde Guerre Mondiale en 1939. Devenu lieutenant, il est fait prisonnier à Calais lors de la débâcle du printemps 1940, juste avant le périlleux rapatriement maritime du Corps Expéditionnaire britannique depuis Dunkerque. Ses multiples tentatives d'évasion lui valent d'être transféré dans un Oflag (abréviation de Offizierslager, ou camp de prisonniers réservé aux officiers) situé dans la forteresse allemande de Colditz, près de Leipzig. Là-bas, il participe à un plan d'évasion particulièrement audacieux : la construction clandestine, dans les soupentes même du château, d'un planeur biplace conçu pour transporter deux évadés censés décoller depuis le toit ! Mais les prisonniers de Colditz sont libérés par les Alliés au printemps 1945, avant que cet incroyable projet soit mis à exécution, interrompant ainsi l'assemblage, déjà bien avancé, du planeur.
La paix revenue, Tony Rolt reprend le fil de sa carrière de pilote. En 1949, lors de la reprise des 24 Heures du Mans, il est au volant d'une Delahaye 135 S. Le 13 mai 1950, il est sur le circuit britannique de Silverstone, au départ du tout premier Grand Prix de l'histoire de la Formule 1. Un mois plus tard, le 24 juin, il décroche son premier top 5 dans la Sarthe, avec une quatrième place qui scelle le début d'une longue collaboration avec son compatriote Duncan Hamilton. Ensemble, ils disputent à six reprises les 24 Heures du Mans. En 1952, ils deviennent pilotes d'usine Jaguar, avec en point d'orgue la victoire à l'issue de l'édition 1953, puis la deuxième place l'année suivante derrière la Ferrari 375 Plus de Jose Froilan Gonzalez-Maurice Trintignant. Choqué par la tragédie mancelle du 11 juin 1955, Tony Rolt décide de mettre un terme à sa carrière de pilote, se lançant dans l'ingénierie automobile.
Outre sa victoire aux 24 Heures du Mans, couronnement de sa carrière de pilote, ses faits de guerre pendant le second conflit mondial avant sa capture ont valu à Tony Rolt la Military Cross, troisième plus haute distinction militaire britannique, assortie d'une barrette supplémentaire pour ses tentatives d'évasion.
Jean-Philippe Doret / ACO
Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, DIMANCHE 14 JUIN 1953, ARRIVEE. En sept participations, Tony Rolt (à droite) a eu six fois comme coéquipier Duncan Hamilton. Les voici en 1953, alors que Hamilton vient de recevoir en vainqueur le drapeau à damier de la 21e édition des 24 Heures du Mans.