Le 23 juin 1951, Stirling Moss n'a pas encore 22 ans quand il dispute ses premières 24 Heures du Mans. Soixante ans plus tard, le 9 juin 2011, c'est au Mans qu'il annonce, à 81 ans sa retraite de toute compétition, à l'issue des qualifications d'une épreuve historique disputée en lever de rideau des 24 Heures du Mans. Né le 17 septembre 1929, le pilote britannique évolue dans un environnement familial sensible à la compétition automobile. Alfred, son papa, a disputé les 500 miles d'Indianapolis en 1924 (16e), Aileen, sa mère, participe régulièrement à des épreuves de maniabilité, quand sa soeur cadette Pat s'adonnera au rallye (elle deviendra à pluieurs reprises championne d 'Europe des rallyes). En 1951, quand Stirling Moss arrive comme rookie aux 24 Heures du Mans, il s'est déjà fait remarquer des observateurs et des acteurs du milieu automobile, il a décroché le Tourist Trophy, a participé à son premier GP de F1, en mai, le GP de Suisse. Sur une Jaguar XK120 C, portant le numéro 22, il se distingue: quand il prend la piste, en cinq tours bouclés, il bat trois fois le record. S'il est contraint à l'abandon, avec son équipier Jack Fairman, il reste dans les tablettes de l'édition de 1951, crédité de la meilleure performance chronométrique: 4'46''8 soit 169,356 km/h. Moss joue le rôle du lièvre chez Jaguar.
En 1952, 53 et 54, il s'engage toujours sur Jaguar et fait équipe cette fois avec Peter Walker. En 1952, l'épreuve tourne au désastre pour la marque britannique, qui en moins de trois heures perd toutes ses voitures, moteurs asphixiés, après une refonte aérodynamique qui a négligé le refroidissement du moteur. En 1953, les Jaguar dotées des freins à disque révolutionnent la course, elles autorisent des freinages nettement plus tardifs, ce qui n'est pas pour déplaire à Moss, qui se classe 2e, derrière la voiture soeur de Rolt-Hamilton, duo qui franchit le cap des 4000 km bouclés en 24 heures (4088,064 km). En 1954, il dispose d'une Jaguar type D. Sa pointe de vitesse lui permet de défier en début de course les Ferrari mais ses espoirs sont réduits à néant suite à des problèmes répétitifs d'alimentation. Il se procure quelques émotions aussi puisque, alors qu'il est crédité dans les Hunaudières d'une vitesse maximale de 278,148 km/h, il se retrouve privé de tout freinage à l'approche de Mulsanne.
En 1955, il pilote une Mercedes et a pour équipier Juan Manuel Fangio, le sujet du prochain épisode.