L’année 1952 a marqué une double première dans l’histoire des 24 Heures et du sport automobile allemand, avec la victoire d’Hermann Lang, Fritz Riess et de Mercedes, première équipage et constructeur d’outre-Rhin vainqueurs au Mans. Pour saluer cet anniversaire, retour sur 70 ans et 24 histoires qui ont inscrit les marques allemandes et leurs pilotes au sommet de la légende mancelle.
A cette saga déjà riche pourrait même s’ajouter un chapitre exceptionnel : en 2023, pour l’édition du centenaire, Porsche visera sa vingtième victoire au général.
1952-2022 : 70 ans et 34 victoires
Depuis 1952, les constructeurs allemands ont remporté près de la moitié des éditions des 24 Heures disputées, avec 19 victoires pour Porsche, treize pour Audi, une pour Mercedes et une pour BMW. On pourrait même rajouter deux succès supplémentaires : Mercedes était également le partenaire de Sauber lors de sa victoire en 1989, tandis que la McLaren F1-GTR victorieuse en 1995 était propulsée par un moteur V12 BMW spécialement conçu pour elle.
1952 : Mercedes, une victoire « étoilée »
La première victoire sarthoise d’un constructeur allemand est un véritable triomphe, avec le doublé signé par les 300 SL de Hermann Lang/Fritz Riess (vainqueurs) et Theo Helfrich/Helmut Niedermayr (deuxièmes).
70 ans et 18 vainqueurs
Dix-huit pilotes allemands ont remporté les 24 Heures du Mans depuis 1952 pour un total cumulé de 31 victoires : (par ordre chonologique) Hermann Lang, Fritz Riess, Hans Herrmann, Jürgen Barth, Klaus Ludwig, John Winter, Hans Joachim Stuck, Jochen Mass, Manuel Reuter, Volker Weidler, Joachim Winkelhock, Frank Biela, Marco Werner, Timo Bernhard, Mike Rockenfeller, André Lotterer, Nico Hülkenberg et Marc Lieb.
Vainqueurs et autres records
Avec cinq victoires (2000, 2001, 2002, 2006, 2007), Frank Biela est le pilote allemand le plus victorieux aux 24 Heures. A égalité avec Derek Bell et Emanuele Pirro, il figure au troisième rang des vainqueurs des 24 Heures, seulement précédé par Tom Kristensen (neuf victoires) et Jacky Ickx (six victoires). Hans Joachim Stuck a détenu de 1985 à 2017 le record de la pole position, propriété depuis cinq ans du Japonais Kamui Kobayashi.
Les constructeurs allemands dans le top 5 des pilotes vainqueurs
Avec un cumul de 26 victoires, Porsche et Audi figurent également en bonne place dans le top 5 des pilotes les plus victorieux dans la Sarthe : Tom Kristensen (huit victoires sur neuf), Jacky Ickx (quatre sur six), Derek Bell (quatre sur cinq), Emanuele Pirro et Frank Biela (cinq sur cinq chacun).
Timo Bernhard et Mike Rockenfeller tiennent la distance
En 2010, en compagnie du Français Romain Dumas, Timo Bernhard et Mike Rockenfeller ont établi sur Audi R15 TDI Plus l’actuel record de la distance des 24 Heures du Mans : 5 410,713 kilomètres à 225,228 km/h de moyenne.
Le top 6 des allemandes
Avec cinq succès (2000, 2001, 2002, 2004, 2005), l’Audi R8 est le prototype allemand le plus victorieux aux 24 Heures. Suivent les quatre victoires cumulées des versions TDI (2011) et e-tron quattro (2012, 2013, 2014) de l’Audi R18. Avec trois victoires chacune, les Porsche 936 (1976, 1977, 1981), 956 (1982, 1983, 1984), 919 Hybrid (2015, 2016, 2017) et l’Audi R10 TDI (2006, 2007, 2008) complètent ce top 6.
1937-1939 : Adler et BMW, les pionniers du top 10
Adler est le premier constructeur allemand classé dans le top 10 : sixième et huitième en 1937, sixième et septième en 1938. En 1939, BMW monte encore plus haut avec sa 328 Touring Coupe, qui entre dans le top 5 (5e) et termine également septième et neuvième cette année-là.
1951 : Porsche, première participation, première victoire
Décédé en février 1951, Ferdinand Porsche n’a pu assister aux débuts de sa marque dans la Sarthe, finalement concrétisés par son fils Ferry. Aux mains du Manceau Edmond Mouche et d’Auguste Veuillet, importateur de la marque en France, la 356 n°46 termine vingtième du général et remporte sa catégorie. Et depuis maintenant 71 ans, Porsche n’a pas manqué une seule édition des 24 Heures.
1970 : Porsche, une première victoire « toutes catégories »
Après Mercedes en 1952, il aura fallu attendre dix-huit ans pour voir la deuxième victoire d’un constructeur allemand dans la Sarthe. En 1970, Porsche s’impose dans toutes les catégories en piste, avec la victoire au général (et en catégorie Sport) de la 917 de Richard Attwood et Hans Herrmann, de la 908 de Rudi Lins/Helmut Marko en Prototypes 3 Litres (3e du général), de la 914/6 de Claude Ballot-Léna/Guy Chasseuil en GT 2 Litres (6e du général) et de la 911 S en GT 2,5 Litres de Nicolas Koob/Erwin Kremer (7e du général).
1970-2017 : deux constructeurs allemands au sommet des 24 Heures
Porsche et Audi ont remporté plus du tiers des éditions des 24 Heures déjà disputées. Mais si Porsche a remporté ses dix-neuf victoires de 1970 à 2017, Audi a signé ses treize succès sur une période beaucoup plus courte, soit de 2000 à 2014, et un total de dix-sept années de présence de 1999 à 2016.
1971-2010 : Porsche et Audi toujours plus vite !
Grâce à Porsche puis Audi, l’Allemagne détient le record de la distance des 24 Heures depuis 1971, avec tout d’abord cette année-là Helmut Marko et Gijs van Lennep (Porsche 917) puis Timo Bernhard, Romain Dumas et Mike Rockenfeller (Audi R15 TDI Plus) depuis 2010.
1974-1982 : Anny-Charlotte Verney, « première dame » de Porsche aux 24 Heures
Détentrice du record de participation d’une femme pilote dans la Sarthe, la Mancelle Anny-Charlotte Verney a piloté à neuf reprises une Porsche aux 24 Heures en dix participations de 1974 à 1983, avec comme meilleur résultat la sixième place en 1981.
1975-2010 : BMW ou l’art en piste
A l’initiative du gentleman-driver et commissaire-priseur Hervé Poulain, la 43e édition des 24 Heures voit la participation de la première BMW « Art Car », ainsi surnommée car décorée par un artiste contemporain. Au volant de cette 3.0 CSL à la livrée signée d’Alexander Calder, on retrouve aux côtés d’Hervé Poulain l’Américain Sam Posey, ainsi que le Français Jean Guichet, vainqueur en 1964 sur Ferrari. Suivront Frank Stella en 1976, Roy Lichtenstein en 1977 puis Andy Warhol en 1979 pour le meilleur résultat d’une BMW « Art Car » aux 24 Heures, avec la sixième place du général pour Hervé Poulain, Marcel Mignot et Manfred Winkelhock. La dernière BMW de cette lignée vue aux 24 Heures du Mans avait été décorée en 2010 par Jeff Koons.
1979-1985 : Klaus Ludwig, le premier multiple vainqueur
Victorieux sur Porsche en 1979, 1984 et 1985, Klaus Ludwig est le premier pilote allemand à signer plus d’une victoire aux 24 Heures. Il a été rejoint depuis par Frank Biela (cinq victoires), Marco Werner, André Lotterer (trois victoires chacun), Hans Joachim Stuck, Manuel Reuter et Timo Bernhard (deux victoires chacun).
1979 et 2013 : deux stars hollywoodiennes pour Porsche
En 1979, pour son unique visite aux 24 Heures, Paul Newman termine deuxième du général et remporte sa catégorie, au volant d’une Porsche 935 partagée avec Dick Barbour et Rolf Stommelen. En 2013, pour ses deuxièmes 24 Heures, Patrick Dempsey est au volant d’une Porsche 911 GT3 RSR. En partenariat avec la structure allemande Proton Competition, il dispute à nouveau la course en 2014 et 2015 et termine chacune de ces trois éditions. Puis il remporte en tant que patron de Dempsey-Proton Racing la catégorie LMGTE Am en 2018, avec au volant Julien Andlauer, Matt Campbell et Christian Ried.
1984-2013 : neuf victoires franco-allemandes
Cinq pilotes français ont inscrit leur nom au palmarès des 24 Heures au volant de voitures allemandes. Le premier d’entre eux est Henri Pescarolo, qui a signé en 1984 sa quatrième victoire sur Porsche 956. Egalement quadruple vainqueur, Yannick Dalmas s’est imposé sur Dauer-Porsche en 1994 et BMW en 1999. Romain Dumas a remporté ses deux victoires avec Audi (2010) et Porsche (2016). Deux autres pilotes français sont montés sur la plus haute marche du podium des 24 Heures avec Audi : Benoît Tréluyer (2011, 2012, 2014) et Loïc Duval (2013).
1984-2014 : Reinhold Joest, l’autre record allemand avec Porsche et Audi
Outre les 32 victoires cumulées de Porsche et Audi, le propriétaire d’écurie le plus victorieux aux 24 Heures du Mans (quinze succès) vient lui aussi d’Allemagne. D’abord concurrent privé ou semi-officiel avec Porsche, Reinhold Joest accompagne ensuite la saga d’Audi en tant qu’équipe d’usine de la marque aux anneaux.
1991-1997 : la drôle de vie de la TWR-Porsche WSC
D’abord vue au Mans en tant que Jaguar XJR 14 en 1991 puis Mazda MXR-01 en 1992, elle devient Joest-Porsche WSC en perdant son toit et en troquant son moteur atmosphérique 3,5 litres pour un Porsche 3 litres turbocompressé. Pour cette troisième vie, elle signe deux victoires consécutives aux 24 Heures en 1996 (Davy Jones/Alex Wurz/Manuel Reuter) et 1997 (Michele Alboreto/Stefan Johansson/Tom Kristensen).
Jean-Philippe BOYER (ACO)
1998 et 2018 : Porsche au rendez-vous de ses anniversaires
Né en 1948, Porsche a fêté deux grands anniversaires de son histoire sur le circuit des 24 Heures du Mans. En 1998, la marque célèbre son demi-siècle en remportant sa seizième victoire au général avec la 911, son modèle le plus célèbre. En 2018, année des 70 ans, cette même 911 remporte la catégorie LMGTE Pro (quinzième du général).
1999 : BMW et Williams, partenaires au-delà des 24 Heures
En 1998 et 1999, BMW s’engage en prototype aux 24 Heures du Mans avec la V12 LM, conçue en collaboration avec Williams Engineering. Après un double abandon en 1998, BMW et Williams présentent en 1999 une version évoluée, dite V12 LMR. La chevauchée en tête de Tom Kristensen, JJ Lehto et Jörg Müller s’achève sur une sortie de route, mais Yannick Dalmas, Pierluigi Martini et Joachim Winkelhock, partis sur un rythme moins élevé, remportent la course. Ce succès est complété par la cinquième place de la V12 LM privée de Bill Auberlen, Thomas Bscher et Steve Soper. En 2000, BMW et Williams poursuivent leur aventure commune en Formule 1, et ce jusqu’en 2005.
1999 et 2012 : Audi, quatre voitures et deux modèles
En 1999, pour sa première apparition aux 24 Heures, Audi présente deux configurations de carrosseries différentes : prototype ouvert avec deux R8R (pour Roadster) et fermé avec deux R8C (pour Coupé). En 2012, la marque aux anneaux engage sur le même principe deux versions différentes de son prototype R18 : deux TDI (turbo diesel) et deux e-tron quattro (version hybride).
2012 : l’hybride au pouvoir
Audi impose pour la première fois la technologie hybride dans la Sarthe, avec le doublé des prototypes R18 e-tron quattro des vainqueurs Marcel Fässler/André Lotterer/Benoît Tréluyer et de leurs dauphins Dindo Capello/Tom Kristensen/Allan McNish. Depuis lors, l’hybride est invaincu aux 24 Heures au fil des dernières éditions, avec six victoires germaniques pour Audi (2012, 2013, 2014) et Porsche (2015, 2016, 2017) avant le règne de Toyota depuis 2018.
2015 : Nico Hülkenberg, l’invité surprise
Avant que Nico Hülkenberg ne remporte à son volant la 83e édition des 24 Heures du Mans (associé à Earl Bamber et Nick Tandy), le volant de la troisième 919 Hybrid engagée par Porsche a d’abord été proposé à deux autres pilotes de Formule 1 : Fernando Alonso puis Jean-Eric Vergne, qui n’ont pu honorer cette invitation.
PHOTOS (D.R./ ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 1952-2012 – De haut en bas : la Mercedes 300 SL, première voiture allemande victorieuse aux 24 Heures en 1952 ; les vainqueurs de 1952 de gauche à droite : Hermann Lang, Alfred Neubauer (patron de l’équipe Mercedes) et Fritz Riess ; première victoire et premier triplé pour Audi en 2000 ; Adler, premier constructeur allemand dans le top 10 des 24 Heures en 1937 ; la 917 de Richard Attwood et Hans Herrmann signe en 1970 la première des 19 victoires de Porsche ; la Porsche 935 K3 d’Anny-Charlotte Verney aux 24 Heures 1981, associée aux Américains Bob Garretson et Ralph Cooke ; la BMW M1 selon Andy Warhol en 1979 ; la Porsche de Paul Newman en 1979 ; la TWR-Porsche victorieuse en 1997, avec au volant Michele Alboreto ; la Porsche 911 victorieuse en catégorie LMGTE Pro en 2018 pour le 70e anniversaire de la marque ; à même la piste, Joachim Winkelhock félicite son coéquipier Pierluigi Martini, qui vient de franchir en vainqueur avec sa BMW la ligne d’arrivée des 24 Heures 1999 ; les quatre Audi R18 des 24 Heures 2012 : au premier plan la version hybride e-tron quattro, suivie des deux prototypes en version turbo diesel.