Pourquoi une Nascar au départ des 24 Heures du Mans 2023 ?
Annoncé en février 2022, le retour du 56e Stand, dédié à une voiture innovante, réunit les 24 Heures du Mans et la Nascar, organisatrice de l’une des compétitions majeures du sport automobile américain. Un nouveau chapitre de la longue histoire entre Sarthe et États-Unis.
2023 marque le 75e anniversaire de la naissance de la Nascar (acronyme de National Association for Stock Car Auto Racing). La coïncidence historique avec le Centenaire est au cœur d’un défi de taille : rien de moins qu’adapter au circuit des 24 Heures du Mans un coupé dernière génération de la Cup Series, le championnat principal de la Nascar, qui compte 36 manches. Une manière particulièrement audacieuse de saluer la convergence entre le double tour d’horloge sarthois et l’organisme tutélaire du championnat d’endurance américain IMSA WeatherTech Sportscar Championship.
Cette idée hors norme réunit dans le 56e Stand (également nommé Garage 56) de prestigieux partenaires d’outre-Atlantique : General Motors, Goodyear et Hendrick Motorsports – écurie la plus titrée de la Cup Series avec quatorze sacres et 296 victoires à l’heure où ces lignes sont écrites.
Arnaud CORNILLEAU (ACO)
"Ce genre de projet n'arrive qu'une fois dans une vie de pilote."
Mike Rockenfeller, vainqueur des 24 Heures du Mans 2010
Pour le développement et l’adaptation de la Chevrolet Camaro ZL1, il fallait un fin connaisseur des 24 Heures. Familier de General Motors – il a été pilote d’usine Corvette Racing au Mans 2018 et 2019, pour ses deux dernières participations en date – Mike Rockenfeller a surtout remporté la course en 2010, sur Audi, en compagnie de Timo Bernhard et Romain Dumas. Une expérience inestimable, donc : « C’est effectivement la raison pour laquelle je suis impliqué. Quand ils m’en ont parlé, je me suis dit qu’ils étaient fous (sourire), mais je comprends l’idée. C’est un projet qui n’arrive qu’une fois dans une vie de pilote et c’est excellent pour la diversité non seulement des 24 Heures du Mans, mais aussi du sport automobile en général. »
« Tout est différent en Nascar : le poids, le limiteur de régime pour les stands, il n’y a pas de rétroviseur », poursuit le pilote allemand. Si les principes de base d’un coupé Nascar Cup Series sont conservés, il a fallu optimiser le poids, l’aérodynamique par la présence de nombreux appendices, ajouter phares et rétroviseurs… Autant d’éléments qui ont accentué le caractère musclé de la Camaro ZL1 utilisée en Nascar. Ce que confirme Mike Rockenfeller : « qu’il s’agisse de son aspect ou du son du moteur, cette voiture impressionne le public ». Ce qui fut bel et bien le cas lors de son passage au Pesage.
MICHEL JAMIN (ACO)
"L'idée était vraiment de garder l'esprit Nascar."
Jenson Button, champion du monde de Formule 1 2009
« Nous aurions pu ajouter un aileron à l’arrière pour obtenir de l’appui supplémentaire, mais l’idée était vraiment de garder l’esprit Nascar », ajoute Jenson Button, qui retrouve les 24 Heures cinq ans après son unique participation mancelle dans l’ancienne catégorie reine LMP1. La ZL1 respecte également une autre spécificité : le pilote s’installe au volant en passant par la fenêtre !
Le vainqueur des 24 Heures 2010 et le champion du monde F1 2009 sont associés à une légende vivante du sport automobile américain. Sept fois titré, Jimmie Johnson est le premier champion Nascar Cup Series à relever le défi manceau : « Le Mans est très respecté et considéré par mes collègues de la Nascar, et j’ai fait beaucoup de jaloux, sourit-il. Mike m’a beaucoup aidé, il pousse vraiment l’équipe. Jordan Taylor (pilote officiel Corvette Racing et Cadillac, ndlr) a également été très important. »
LAURENT CARTALADE (ACO)
"Les 24 Heures du Mans sont très respectées par mes collègues de la Nascar."
Jimmie Johnson, septuple champion Nascar Cup Series
« Je ne pense pas qu’on puisse apprendre quoi que ce soit à quelqu’un comme Jimmie Johnson. Nous nous sommes véritablement entraidés », indique Mike Rockenfeller. Un échange équitable entre l’un des vainqueurs de l’édition la plus rapide de l’histoire des 24 Heures et le codétenteur du record de titres en Nascar Sprint Cup. Et un équipage singulier pour une voiture qui ne l’est pas moins. Celle-ci offre un ultime clin d’œil. Le numéro de course de cette Camaro ZL1 fait à la fois référence aux 24 Heures du Mans et à l’ancien pilote Hendrick Motorsports Jeff Gordon, aujourd’hui retraité, et quatre fois titré en Cup Series avec le 24.
La Nascar et Le Mans, c’est donc une histoire d’anniversaires. En 1976, la célébration du bicentenaire de la Déclaration d’indépendance américaine avait donné lieu à une première convergence avec, au départ de la 44e édition, la présence sur la grille de départ d’une Ford Torino et d’une Dodge Charger. Quarante-sept ans après, le Centenaire de 24 Heures et 75 ans de Nascar seront célébrés dans le 56e Stand par la présence de la Chevrolet Camaro, autre icône sportive américaine.
Arnaud CORNILLEAU (ACO)
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