13h47 - Lorsqu’il s’élance pour la tentative de record de vitesse que MissionH24 a décidé d’établir ce jeudi sur le circuit du Mans, le pilote de la H24, Stéphane Richelmi sait que son entreprise risque d’être mal récompensée. Quelques minutes auparavant, dans les derniers moments de la première séance de la Road To Le Mans à laquelle il participait au volant du prototype électriquehydrogène au milieu des autres concurrents en voiture à propulsion conventionnelle, la météo a chaviré. Le ciel s’est assombri et la pluie a décidé de visiter le grand circuit de la Sarthe au plus mauvais moment pour le projet de MissionH24.
Des postes de commissaires sont remontés vers la Direction de Course des messages annonçant que des gouttes commençaient à tomber. Conciliabule exprès chez H24Racing : « On y va ou pas ? ». Echanges de regards, nouveau coup d’œil sur les données météorologiques et les informations du circuit. Pas de place pour l’émotion, mais faire preuve d’audace raisonnée.
Les points de contrôle de la vitesse instantanée qui ont été choisis pour capter la performance sont installés entre le Tertre Rouge et la première chicane de la ligne droite des Hunaudières. Il ne tombe sur la zone et les virages précédents, qui permettent de lancer la voiture, que des gouttes clairsemées. Il faut y aller, tout de suite. Un tour de circuit que Stéphane Richelmi va devoir lâcher comme un morceau de tour de qualification, mais sans tour de préparation, puisque la zone qui va enregistrer la vitesse est située à 3,7 km du départ. Stéphane va donc disposer d’une distance plus réduite que d’habitude pour mettre ses pneus slicks en température, et la séquence réservée à MissionH24 dans le planning de la journée de course ne permet qu’une tentative.
13h49 – Au moment où la n°24 sort du « speed trap » (littéralement, le « piège de vitesse ») dans lequel la vitesse a été en registrée, les écrans de contrôle du circuit du Mans affichent 290,8 km/h. Sur le compteur de son volant Stéphane Richelmi, lui, lit « 292,8 ». Il a continué à accélérer audelà de la zone, juste avant le freinage de la première chicane, et la voiture a gagné 2 km/h supplémentaires. Au bord de la piste, les ingénieurs qui surveillent en temps réel le fonctionnement du prototype grâce aux systèmes de télémétrie lisent les mêmes vitesses. Sourires. Soulagement après de longues minutes de tension. Rouler avec des pneus slick, n’ayant pas encore atteint leur température optimale de fonctionnement, sur une piste qui commence à se couvrir d’une pellicule d’humidité, est un exercice réservé aux pilotes de très haut niveau. Mission accomplie.
De retour au paddock de Maison Blanche, la réunion technique passe rapidement sur le record. Tout s’est bien déroulé, la voiture a dépassé les 290 km/h dans des conditions peu favorables, tout le monde est content. MissionH24 vient, à nouveau, d’écrire avec ce record une nouvelle page de l’histoire du sport automobile. Mais il faut maintenant se détacher de cette performance et revenir à une réalité plus immédiatement : préparer la seconde séance d’essais libre de la Road To Le Mans. Préparer les qualifications et les deux courses de 55 minutes. Un objectif chasse l’autre. Ainsi va MissionH24 depuis son lancement en 2018.
Stéphane Richelmi, pilote de la H24 : « Nous sommes sortis au seul moment où nous pouvions encore rouler en slicks et donner un sens à cette performance. Ce record, une vitesse de 290,8 km/h pour les capteurs de la zone de test et de 292,8km/h pour nos acquisitions embarquées, est une très belle performance. D’autant que je suis parti avec des pneus qui commençaient à refroidir, refroidissement accentué par la piste qui se couvrait d’une pellicule d’eau car il commençait à pleuvoir. Un tour de plus, avec des pneus plus chauds, donc plus performants, et nous passions la barre des 300 km/h. Ce sera pour une prochaine fois au Mans ! »