Le simple fait de s’aligner au départ 24 Heures du Mans suffit à faire passer n’importe quelle voiture à la postérité… Encore faut-il se qualifier ! Avec un meilleur tour à 136 km/h de moyenne, la Mig n’y parviendra pas.
Surprise lors de la révélation des invités aux 24 Heures du Mans 1993 : outre la présence attendue de Peugeot, Toyota ou Porsche, la liste mentionne le nom d’une voiture totalement inconnue et construite en Georgie par une marque réputée pour ses avions à réaction : Mig. Contre toute attente, la mystérieuse auto se présente bien aux essais préliminaires (ancêtre de la Journée Test) le 16 mai, sans pour autant tromper l'œil des observateurs avisés qui reconnaissent instantanément le projet Centenari développé à Monaco par l’Italien Fulvio Ballabio, 5ème des 24 Heures du Mans 1986. L’auto apparaît totalement d’origine, garnitures en cuir et cendrier inclus...
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Méconnue, la supercar du constructeur MCA (Monte-Carlo) n’en demeure pas moins révolutionnaire s’agissant de la toute première GT (avant la Bugatti EB110) à
reposer sur une coque en fibre de carbone. Légère, puissante et remarquablement aérodynamique, elle offre des performances de tout premier plan. |
Mais c’est une toute autre version qui se présente au pesage en juin. Le V12 bi-turbos de 550 cv issu de la Lamborghini Countach laisse place à un « vrai » moteur de course sorti des ateliers du spécialiste italien Motori Moderni et développant pas moins de 720 cv. Le dépouillement du cockpit et la pose d’autocollants complètent la préparation. Lors des essais, l’auto continue d’intriguer au point de faire le sujet principal d’un reportage diffusé au journal de 20 heures... Et pourtant, l’aventure tourne déjà au cauchemar ! Car si la GT géorgienne peut atteindre les 350 km/h en ligne droite, elle ne résiste que très mal à la torture des virages : « La châssis se vrille de partout et cela fait sauter les vitesses », déplore même l’un des pilotes Philippe Renault. Son équipier Gianpierro Consonni ne parvient à faire mieux qu’un tour en 5'59", à comparer avec les 3'25" de la pole position (Peugeot 905) et même avec les 4'06" de la meilleur GT (Porsche 911 SLM). C’est moins bien, aussi, que le temps de 4'53"88 réussi par la version routière en mai !
Seule non-qualifiée de l’édition 1993, la Mig réapparaîtra en fin d’année aux 6 Heures de Vallelunga où elle se classera 23ème à 93 tours des vainqueurs. En 1996, l’éphémère constructeur français Mega rachètera les droits du coupé qui ressortira sous le nom de Monte-Carlo mais ne sera jamais commercialisé.
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La Mig dans sa version "course" avec le V12 Motori Moderni de 3.5 litres développant 720 chevaux. Photos Jerry LEWIS-EVANS. |
Julien HERGAULT/ ACO