Photo : Arnaud Cornilleau - ACO/Nikon

Les 24 Heures du Mans sont avant tout une aventure humaine. Avoir une voiture gagnante ne suffit pas : le facteur humain peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Ce sont les Hommes qui construisent la victoire et chaque équipage possède des qualités intrinsèques différentes. L’histoire humaine des quatre équipages lauréats des 24 Heures du Mans 2011 mérite que l’on s’y attarde. Commençons avec la catégorie LM GTE Am.

Am comme Amateur. Un qualificatif qui sied parfaitement à deux des trois pilotes de Larbre Compétition qui ont une activité professionnelle la semaine et enfile la combinaison ignifugée le weekend. Patrick Bornhauser dirige la compagnie de déménagement Demeco tandis que Julien Canal est directeur des opérations des quatre restaurants McDonald du Mans. Le premier est venu du business vers le sport automobile, alors que le second a choisi de ne pas devenir pilote professionnel.

Pilote professionnel, Gabriele Gardel (G²) l’est assurément. Il peut même se targuer d’un titre de Champion du Monde, acquis en 2005 en FIA-GT au volant d’une Ferrari 550 préparée par Prodrive et engagée, déjà, par Larbre Compétition. Le Suisse ne s’est pas arrêté là, avec les titres 2006, 2007 (Aston Martin) et 2010 (Saleen) en Le Mans Series (LM GT1). S’il n’y a pas de titre pilote en ILMC, Gabriele Gardel n’en a pas moins participé au titre décroché par Larbre Compétition en 2010 (Saleen) et 2011 (Corvette). Il a montré qu’il pouvait prendre le volant de voitures à la philosophie différente – il s’est aussi essayé au GrandAm et à la Porsche Carrera Cup - et se construire un palmarès éloquent grâce à ses capacités d’adaptation.

Capacités d’adaptation dont Julien Canal a su faire preuve aussi en passant de la monoplace à l’endurance. Le Manceau a découvert le circuit des 24 Heures en 2009 avec une Formula Le Mans, mais pour ses vrais débuts dans la course d’endurance mancelle, il va faire très fort en remportant sa catégorie (aux côtés de Gabriele Gardel) avec une Saleen, peu réputée pour sa fiabilité ! Pourtant, Julien Canal est un rookie en endurance avec une première course disputée au Castellet en avril 2010, soit quelques deux mois avant les 24 Heures du Mans 2010.

Ces 24 Heures du Mans 2010, Patrick Bornhauser aurait dû les disputer si des ennuis de santé n’en avaient décidé autrement. L’Orléanais a assouvi sa passion de la course automobile dans des compétitions aussi différentes que le Trophée Visa dans les années 80 ou le rallye-raid avant d’arriver en endurance. Fidèle à Larbre Compétition depuis 2007, le gentleman-driver a conquis deux titres de Champion de France, avec deux voitures différentes, avant de remporter sa catégorie aux 24 Heures 2010 avec une Corvette. « C’est l’un des plus beaux weekends de ma vie et certainement le plus beau weekend de ma vie de pilote, » s’est exclamé le pilote français à l’issue de la course.

On aurait pu penser qu’un équipage avec des parcours aussi éclectiques aurait du mal à trouver des marques et à travailler ensemble, mais les expériences diverses et variées vécues par chacun leur ont permis de s’adapter rapidement les uns aux autres, et ce, d’autant plus qu’on pouvait compter sur Jack Leconte, le propriétaire de l’écurie Larbre Compétition, pour y veiller.

Cécile Bonardel

Photo : Le Mans (Sarthe, France), 24 Heures du Mans, Lundi 6 juin 2011, vérifications techniques. L'éclectisme des pilotes de Larbre Compétition les mènera à la victoire le dimanc.