« Jean Blaton était la quintessence du gentleman-driver », disait de lui son compatriote Jacques Swaters, premier importateur de Ferrari sur le continent européen, et qui fut à plusieurs reprises le patron de Jean Blaton au sein de l’Equipe Nationale Belge ou de l’Ecurie Francorchamps. Les années 1960 furent une belle époque pour ces entrepreneurs, dont certains pouvaient se targuer d’un beau coup de volant sur les circuits le week-end.
Jean Blaton est de ceux-là. Issu d’une famille de haute réputation dans le domaine des travaux publics, il est le deuxième d’une fratrie de quatre enfants, particulièrement férus de belles routières sportives. Jean Blaton se lie ainsi d’amitié avec Jacques Swaters, importateur du Cheval Cabré en Belgique. Et dispute sa première course en 1957 sur une 166 MM près de Charleroi, sous le pseudonyme de Beurlys, qu’il conservera par la suite.
L’année suivante, Jean Blaton débute aux 24 Heures du Mans. Malgré une météo exécrable et une sortie de route qui coûte cinquante minutes, il termine sixième sur une Ferrari 250 TR partagée avec Alain de Changy. En 1959, il passe sur 250 GT (châssis long) et signe son premier podium en compagnie de Léon Dernier (dit « Eldé »). Mais il abandonne en 1960 sur une sortie de piste à la courbe Dunlop pendant la troisième heure.
Après une année automobile quasi sabbatique en 1961, il est à nouveau troisième aux 24 Heures du Mans 1962 sur Ferrari GTO, toujours associé à Léon Dernier. Jusqu’en 1967, il termine systématiquement dans le top 5 – cinquième en 1964 (avec Lucien Bianchi), troisième en 1965 et 67 (avec Willy Mairesse), à l’exception d’un abandon en 1966. Le point d’orgue de cette période est une deuxième place en 1963. Venus au Mans par la route avec leur voiture de course depuis la Belgique, Jean Blaton, son coéquipier Gérald Langlois van Ophem, ainsi que leurs compagnons d’écurie Léon Dernier/Pierre Dumay, quatrièmes, fêtent ce superbe résultat d’ensemble au champagne à Paris, offrant le spectacle insolite de leurs Ferrari GTO, toutes « fraîches » sorties de 24 heures de compétition, garées dans le quartier de Pigalle !
En 1967, pour son dernier podium sarthois, Jean Blaton est un des témoins privilégiés du grand duel Ford-Ferrari. Il est aussi le seul gentleman-driver autorisé à disputer ces 24 Heures sur le nouveau prototype P4 du cheval cabré, qu’il partage avec son très rapide compatriote Willy Mairesse. Par la suite, il dispute encore à cinq reprises les 24 Heures du Mans, avec comme résultat notable une sixième place en 1975, avant de retrouver Ferrari en 1978 et 79. Cette dernière année, il boucle son dernier double tour d’horloge sarthois à la douzième place, en compagnie de Nick Faure, Bernard de Dryver et Steve O’Rourke. A partir du mitan des années 1980, il devient un éminent collectionneur habitué des courses historiques, qu'il dispute jusqu’à la septantaine.
En quinze participations, Jean Blaton aura couru onze fois au Mans au volant d’une Ferrari. Il aura vu également entrer dans sa famille un futur sextuple vainqueur des 24 Heures en la personne de Jacky Ickx, lorsque ce dernier épouse en première noces Catherine, fille d’Ado, frère aîné de Jean. Entrepreneur, gentleman-driver de haut vol, Jean Blaton fut aussi guitariste émérite, côtoyant quelques légendes du jazz comme son compatriote harmoniciste Toots Thielemans.
A sa manière, Jean Blaton aura marqué l’histoire des 24 Heures du Mans pendant les années 1960, à l’instar de ses compatriotes André Pilette, Olivier Gendebien, Lucien Bianchi, Willy Mairesse, Gérald Langlois van Ophem ou encore Gustave Gosselin. A sa famille et à ses proches, l’Automobile Club de l’Ouest exprime sa plus profonde sympathie.
PHOTO (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), 24 HEURES DU MANS, SAMEDI & DIMANCHE JUIN 1967. Jean Blaton au volant de la Ferrari 330 P4. Cette voiture avait été confiée par Ferrari à l’importateur Jacques Swaters, sous les couleurs de l’Equipe Nationale Belge.