Cette 36e édition est notamment marquée par la première victoire d'une livrée qui va devenir la plus célèbre de l'histoire de l'endurance : le bleu ciel et l'orange de la compagnie pétrolière Gulf, partenaire de l'équipe britannique de John Wyer et de ses Ford GT40. Le constructeur américain remporte la troisième de ses quatre victoires consécutives, ainsi que le Championnat du Monde des Marques 1968, dont les 24 Heures constituaient la dernière manche. Les couleurs de Gulf s'imposeront à deux autres reprises, en 1969 et 1975.
-Présent dans la Sarthe depuis 1951, Porsche fait un pas de plus dans ses ambitions de victoire au classement général avec son nouveau prototype, baptisé 908. Quatre exemplaires sont au départ, auquel il faut ajouter une version reconditionnée de la 907 vue l'année précédente, baptisée 907/8.
-Cette volonté est confirmée à l'issue des qualifications. Le pilote suisse Jo Siffert offre au constructeur allemand sa première pole position mancelle, en 3'35''4 (225,109 km/h de moyenne). Trois 908 figurent aux trois premières places, devant la Ford GT40 des futurs vainqueurs Pedro Rodriguez-Lucien Bianchi.
-Le départ de la course est marqué par l'accident de Willy Mairesse. Mal refermée après le départ, la portière de sa Ford GT40 s'envole et provoque une très violente sortie de route. Après un long coma, le Belge ne pilotera plus en course. Aux 24 Heures 1969, son compatriote Jacky Ickx protestera contre la dangerosité du départ en épi en marchant vers sa voiture.
-Au volant de la Matra la plus rapide en qualifications (cinquième), Henri Pescarolo signe l'exploit de la course, avec une folle chevauchée nocturne sous la pluie en panne d'essuie-glace, relayée (principalement à la radio) par des médias français enthousiastes. La légende de l'homme au casque vert s'écrit lors de cette édition 1968, quatre ans avant la première de ses quatre victoires.
-L'autre belle performance française est à mettre au crédit d'Alpine, qui place quatre voitures de la huitième à la onzième place à l'arrivée. En huitième position figure André de Cortanze, futur concepteur de la Peugeot 905 victorieuse en 1992 et 1993, associé au volant de l'Alpine A220 n°30 à Jean Vinatier.
-Autre beau tir groupé à l'arrivée, celui d'Alfa Romeo : le premier constructeur italien vainqueur au Mans (de 1931 à 1934) termine aux quatrième, cinquième et sixième places.
-Le Belge Lucien Bianchi et le Mexicain Pedro Rodriguez s'imposent respectivement à l'issue de leur treizième et onzième participations. Le premier trouvera la mort un an plus tard au volant d'un prototype Alfa Romeo, lors des essais préliminaires des 24 Heures 1969. Disparu lui aussi en course en 1971, le second n'aura reçu qu'à deux reprises le drapeau à damier (septième en 1965, vainqueur en 1968) au fil de ses quatorze départs.
Cliquez ici pour retrouver le premier épisode de cette saga dédiée aux 24 Heures du Mans 1968.
Photo : L'A220 André de Cortanze emmènent un peloton de quatre Alpine, classées de la huitième à la onzième place du général.