Après son accident de 1969, Henri Pescarolo est de retour au Mans pour une longue histoire et trente participations consécutives en tant que pilote, avant de devenir propriétaire d'écurie et "éleveur de champions."
Mais pour l'heure, la course mythique se refuse obstinément à lui. Les éditions 1970 et 1971 s'achèvent une nouvelle fois sur des abandons, dans les deux cas sur un problème moteur. Pire encore, à la suite de sa débâcle mancelle en 1970 (aucune des trois voitures engagées ne termine la course), Matra n'engage qu'une voiture l'année suivante et Henri Pescarolo se voit momentanément congédié par Jean-Luc Lagardère, patron du programme compétition. Le pilote français participe bien aux 24 Heures 1971, mais au volant d'un prototype Ferrari 512.
En 1972, Matra semble enfin avoir trouvé la bonne recette technique et humaine pour atteindre l'objectif de victoire fixé depuis 1966 par Jean-Luc Lagardère, qui rappelle Henri Pescarolo : "Cette année-là, lorsque je suis revenu chez Matra pour gagner, on m'a imposé un coéquipier en la personne de Graham Hill." Le pilote britannique affiche l'un des plus beaux palmarès de l'histoire du sport automobile, avec notamment cinq victoires au Grand Prix de Monaco. "C'était une véritable légende, il avait été Champion du Monde en Formule 1 (en 1962 et 1968, ndla) et vainqueur des 500 miles d'Indianapolis (en 1966), confirme Henri Pescarolo. Compte tenu de son âge (Graham Hill avait alors 43 ans), je pensais qu'il ne serait pas disposé à prendre des risques. Or non seulement j'ai découvert un personnage hors du commun, mais c'est lui qui a fait la différence pour la victoire, sous la pluie, pendant la nuit !" Après la chevauchée nocturne de 1968 sans essuie-glace (voir le deuxième épisode de cette saga), la pluie devient, quatre ans plus tard, l'alliée d'Henri Pescarolo. C'est sa première victoire sarthoise, à l'issue d'un beau duel avec la voiture soeur de François Cevert et Howden Ganley.
En 1973, Henri Pescarolo accueille un nouveau coéquipier, Gérard Larrousse : "Gérard et moi avons été tout de suite sur la même longueur d'onde. Comme moi, il montait dans la voiture pour gagner et non pour tirer la couverture à lui. Par exemple, lorsqu'il faisait un bon temps de qualification, je ne reprenais pas la piste pour essayer de faire mieux." Cette complicité exemplaire, indispensable élément pour la réussite aux 24 Heures du Mans, leur permet de résister en 1973 aux assauts de la Ferrari de Jacky Ickx et Brian Redman et de remporter la course.
En 1974, Henri Pescarolo est victime en fin de course d'un problème de boîte de vitesses. Après s'être arrêté dans la ligne droite des Hunaudières et avoir ouvert le capot moteur de sa voiture pour une réparation de fortune, il parvient à regagner son stand.
Cette mésaventure voit la confortable avance du duo Pescarolo-Larrousse fondre comme neige au soleil, mais celle-ci reste suffisante pour leur assurer une deuxième victoire consécutive. Et la troisième pour Henri Pescarolo, qui reste encore aujourd'hui le seul pilote français à avoir gagné trois 24 Heures du Mans d'affilée.
Mais d'autres histoires l'attendent pour le quart de siècle qui va suit ce superbe triplé... A suivre dans le prochain épisode...
Retrouvez les épisodes précédents de cette saga :
Episode 1 : 1966-1967, la découverte
Episode 2 : 1968-1969, l'exploit et l'accident