Pensez-vous que le programme GT est aussi important que celui en LMP1 du point de vue de la communication et du poids médiatique?

« Nous avons séparé notre stratégie. Le LMP est la parfaite vitrine pour montrer les capacités d’un constructeur en termes de technologie, c’est le summum. C’est pourquoi Porsche est si fortement impliqué en LMP1 car cela permet de démontrer que performance et économie d’énergie sont possibles en même temps. Le GT est le cœur de notre marque, particulièrement avec une icône comme la Porsche 911 qui court depuis 69 ans maintenant. La toute première version de compétition a, en effet, gagné trois semaines après sa construction et, depuis ce temps, nous sommes impliqués en compétition GT. C’est pourquoi nous avons deux programmes, le LMP et le GT, plus un troisième qui concerne la compétition Clients. C’est aussi notre ADN. La première auto à gagner une course appartenait certes à Porsche, mais était engagée par quelqu’un de la famille de Monsieur Porsche. Ce fut la première pierre de notre programme client. »

Parfois, certains observateurs ont le sentiment que l’évolution de GTE se rapproche du GT1. Qu’en pensez-vous ?

« Je pense que le GT1 était dangereux car c’était une tentation d’avoir une technologie de prototype dans une voiture de route ou qui y ressemblait. Les bases d’homologation ont été étendues et nous n'étions plus libres au niveau technologique. Ensuite, les équipes sont arrivées avec leurs voitures homologuées et tout a explosé. A cette époque, vous pouviez attirer des constructeurs qui n’avaient pas de voiture de sport à leur catalogue et ils partaient d’une feuille blanche. C’est toujours le risque en GT.

Au niveau du GTE, l’esprit est le bon, avec un haut niveau de performance, mais ce n’est pas trop sophistiqué, il n’y a pas trop d’aérodynamique, pas trop de libertés. En même temps, le règlement offre un bon terrain de jeu. Si on regarde les voitures, elles ressemblent à ce que l’on peut voir dans les rues, vous pouvez immédiatement les reconnaître. Du temps des GT1, ce n’était pas possible. »

Les 24 Heures du Mans approchent. Comment voyez-vous la course en catégorie LMGTE Pro ?

« Ce sera une course serrée et intéressante. Le niveau de chaque équipe est élevé, ce qui est une bonne chose. Personne n’est capable de dire qui va gagner. »

Quelles sont les forces et les faiblesses de vos concurrents aux 24 Heures du Mans ?

« En ce qui concerne Porsche, le fait que le moteur soit en porte à faux auparavant, nous ne pouvions plus bénéficier de toutes les libertés du règlement. C’est pourquoi nous avons changé sa place cette année pour le placer au centre et construit une nouvelle voiture. C’est bien mieux et nous avons réduit l’écart avec nos adversaires. Tout est nouveau : le programme, l’auto et l’équipe, nous continuons d’apprendre. Ford, avec sa monocoque carbone, a une voiture très bien créée et il y a une équipe professionnelle derrière. C’est certainement l'ensemble le plus fort du plateau. Ferrari a son V8 turbo en position centrale. Depuis que la voiture a été mise sur ses roues, ils sont toujours très compétitifs. Je pense que Ferrari, avec nous, est le plus proche de l’esprit GT, ils ont aussi un grand service compétition Clients. Aston Martin a un concept différent, avec là aussi une grande histoire en GT. De plus au Mans, ils attirent beaucoup de fans britanniques, c’est toujours bon de les voir dans les gradins, en face des stands. Pour finir, nous avons Corvette et son moteur Chevrolet V8, la voiture américaine classique. Eux aussi sont toujours très compétitifs au Mans et, en tant qu’équipe, je dois dire qu’ils ont un très bon état d'esprit. Quoi qu’il se passe, les gens de Corvette sourient, font de leur mieux et ont une super relation avec les autres équipes du paddock. »

Qu’en est-il de la vente de la nouvelle Porsche 911 RSR à des équipes privées ?

« Nous nous préparons à vendre des voitures à nos clients, mais cela n’ a pas été entériné par le Comité Directeur. J’espère que nous pourrons l’annoncer au Mans. Depuis 1964, nous vendons des RSR et je pense que nous continuerons ainsi. » 

Photo (Pascal Saivet / VSA) : Frank-Steffen Walliser ne manque rien de l'édition 2017 des 6 Heures de Spa-Francorchamps WEC.