« Forza Britannia » ou l’héritage des pilotes Ferrari britanniques
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« Forza Britannia » ou l’héritage des pilotes Ferrari britanniques

Le 11 juin dernier, James Calado est devenu le deuxième Britannique victorieux aux 24 Heures du Mans au volant d’une Ferrari. Avec une place unique dans l’histoire en tant que vainqueur de l’édition du Centenaire. Auparavant, plusieurs autres citoyens du Royaume-Uni ont brillé dans le top 10 sarthois depuis la première apparition de la marque au cheval cabré en 1949. Florilège d’une lignée qui a principalement marqué les années 1960 et 70.

Si le slogan « Forza Ferrari » (que l’on pourrait traduire par « allez Ferrari ») est un slogan bien connu des fans italiens, les fameux tifosi, les résultats majeurs des pilotes d’outre-Manche mériteraient bien un « Forza Britannia ».

James Calado, l’Anglais centenaire

Après avoir gravi tous les échelons des formules de promotion monoplace, il bifurque vers l’endurance en 2015 en rejoignant AF Corse, représentant officiel de Ferrari aux 24 Heures du Mans. A partir de 2017, il constitue avec Alessandro Pier Guidi l’un des équipages majeurs du Championnat du monde d’Endurance FIA, avec trois sacres mondiaux (2017, 2021, 2022) et deux victoires de catégorie mancelles en LMGTE Pro (2019, 2021). Tous deux gagnent une promotion méritée sur l’Hypercar 499 P, dont ils partagent le volant avec Antonio Giovinazzi. A noter que James Calado et Alessandro Pier Guidi ont remporté toutes leurs victoires en Championnat du monde d’Endurance FIA avec le même numéro de course : le 51.

Lord Selsdon, le premier vainqueur

Le nom de Peter Mitchell-Thomson, deuxième Baron Selsdon, est à jamais associé à l’histoire de Ferrari, en tant que vainqueur en 1949… et prête-nom de Luigi Chinetti. Ce dernier avait contourné le refus d’Enzo Ferrari d’aligner la 166 MM aux 24 Heures du Mans en la faisant engager par le Britannique. Et Luigi Chinetti passe plus de 22 heures au volant, ne le laissant à son coéquipier qu’en fin de course, lorsqu’il a jugé suffisant l’écart avec ses poursuivants. L’année suivante, la quatrième et dernière participation sarthoise de Lord Selsdon s’achève sur un abandon, sur une Ferrari à nouveau engagée par ses soins et partagée avec Jean Lucas. Il compte également deux participations avant-guerre, avec une quatrième place sur Lagonda en 1939.

John Surtees, le rendez-vous (presque) manqué

John Surtees et le Cheval cabré, c’est à la fois un exploit unique et un rendez-vous manqué. Arrivé chez Ferrari en 1963, il devient champion du monde l’année suivante, devenant le seul pilote couronné en Formule 1 et sur deux roues, après sept titres remportés en vitesse moto de 1956 à 1960. Parallèlement, de 1963 à 1965, sa pointe de vitesse et ses talents exceptionnels de pilote ingénieur en font un candidat régulier à la victoire aux 24 Heures du Mans, mais ne connaissent pas la même récompense. En 1963, il signe le record du tour en course, mais la 250 P qu’il partage avec le Belge Willy Mairesse est contrainte à l’abandon après 252 tours en tête. En 1965, il renonce une nouvelle fois après avoir pointé régulièrement au commandement. Il signe son meilleur résultat en 1964, avec la pole position et la troisième place, associé à Lorenzo Bandini. John Surtees claque la porte de Ferrari lors des essais de l’édition 1966, à la suite d’un conflit avec le directeur sportif Eugenio Dragoni.

Graham Hill et Stirling Moss, deux histoires de couronnes

Le premier est le seul détenteur de la Triple Couronne du sport automobile (champion du monde F1, 500 miles d’Indianapolis et 24 Heures). Quatre fois vice-champion du monde en F1 et deux fois deuxième aux 24 Heures du Mans, le second a tiré une certaine fierté d’être le « champion sans couronne ». Associés sur une Ferrari 250 GT en 1961, ils sont quatrièmes du classement général lorsqu’une lamelle du ventilateur éprise de liberté endommage une durite d’eau et provoque une surchauffe moteur qui les contraint à l’abandon. Moss est victime l’année suivante d’un accident qui met un terme à sa carrière, tandis que Hill termine deuxième en 1964 sur un Ferrari 330 P partagée avec le Suédois Jo Bonnier. En 2009, à quelques semaines de ses 80 ans, Stirling Moss a repris le volant de la 250 GT de 1961, entièrement restaurée par Ferrari Classiche, le département dédié aux voitures de collection de la marque.

Les hommes du colonel

Ronnie Hoare n’a certes jamais piloté de Ferrari dans la Sarthe, mais  n’en est pas moins une personnalité incontournable de l’histoire de la marque outre-Manche. Connu sous le surnom de « Colonel » en référence à son passé militaire, il acquiert tout d’abord une 250 GT en 1958. Puis il devient importateur Ferrari au Royaume-Uni en fondant en 1960 Maranello Concessionaires, qui dispute ses premières 24 Heures du Mans trois ans plus tard. D’emblée, Jack Sears et Mike Salmon terminent cinquièmes. En 1964, Graham Hill (voir également plus haut)/Jo Bonnier et Innes Ireland/Tony Maggs signent le meilleur résultat sarthois de l’écurie, avec respectivement la deuxième et la sixième place. En 1966, Piers Courage et Roy Pike signent avec la huitième place le meilleur classement d’une Ferrari cette année-là, en même temps qu’une victoire de catégorie.

Mike Parkes, Ferrari entre 24 Heures et route

Collaborateur au long cours du Cheval cabré, Mike Parkes partage avec John Surtees une remarquable sensibilité technique, qui lui a également permis de contribuer au développement de plusieurs Ferrari de route. Sa constance en course en a fait un fidèle de la marque aux 24 Heures du Mans. En dix départs sur Ferrari (sur onze participations), il signe quatre top 10, dont trois podiums (2e en 1961 et 1967, 3e en 1963). Il a également eu quatre vainqueurs des 24 Heures du Mans pour coéquipiers : Lorenzo Bandini (1962), Ludovico Scarfiotti (1964, 66 et 67), Jean Guichet (1965) et Henri Pescarolo (1971). Dans un tout autre registre, sa polyvalence lui a également valu de participer à la mise au point de la Lancia Stratos, l’une des reines des rallyes des années 1970.

Brian Redman, un duel pour la victoire

En quatorze départs de 1967 à 1989, la compétitivité de Brian Redman lui a valu de conduire une bonne partie des voitures qui ont marqué cette période : Ford GT40, Porsche 917, 935, 936 et 962C, BMW Art Car, Lola, Jaguar, Aston Martin… Et aussi le prototype Ferrari 312 PB en 1973. Il est associé à Jacky Ickx pour le retour de l’équipe d’usine du Cheval cabré après trois ans d’absence, face au constructeur français Matra, vainqueur en 1972. Le dimanche matin, Brian Redman et son coéquipier belge livrent un superbe duel face à  la Matra d’Henri Pescarolo et Gérard Larrousse. Après avoir dû céder le commandement à la suite d’un tête-à-queue de Redman puis d’un souci de réservoir d’essence, ils reviennent dans le même tour lorsque la Matra refuse de redémarrer lors d’un changement de pneus. Le duo anglo-belge reste à l’affût jusqu’à la casse moteur qui provoque l’abandon de Ickx à 14 h 27.

Après ce duel au sommet franco-italien, il faut attendre un demi-siècle pour revoir une écurie officielle Ferrari dans la catégorie reine des 24 Heures du Mans. Et en 2023, à l’instar de la 166 MM de 1949, la 499 P s’est imposée dès sa première participation, cette fois à l’issue d’une superbe lutte face à Toyota le dimanche matin.

CLIQUEZ ICI pour en savoir plus sur Antonio Giovinazzi et Alessandro Pier Guidi, les coéquipiers de James Calado, ainsi que pour d'autres histoires de pilotes italiens chez Ferrari.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : la victoire de Ferrari (n°51) à l'issue de l'édition du Centenaire, dont James Calado brandit le drapeau à damier ; entouré de ses coéquipiers Alessandro Pier Guidi (à gauche) et Antonio Giovinazzi, James Calado (au centre) pose son empreinte pour l'éternité dans la légende des 24 Heures du Mans ; les Ferrari de l'écurie britannique Maranello Concessionaires ont arboré à partir de 1964 une livrée rouge caractérisée par une bande centrale bleu ciel, avec ici à l'image en 1966 la 365 P2 (n°16) de David Piper, grand animateur des courses sport de la fin des sixties et du début des seventies, et Richard Attwood, qui offrira en 1970 à Porsche la première de ses 19 victoires mancelles ; Brian Redman à l'attaque au virage d'Arnage en 1973, au volant de la 312 PB (n°15) qu'il partage avec Jacky Ickx.

 

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