Dirk Müller (Ford) - "Gagner avec Ford, j'en avais les larmes aux yeux"
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Dirk Müller (Ford) - "Gagner avec Ford, j'en avais les larmes aux yeux"

Dirk Muller s’est imposé en catégorie LM GTE Pro lors des 24 Heures du Mans 2016, en compagnie de Joey Hand et Sébastien Bourdais. L’Allemand, déjà sur le podium en 2011 avec BMW, revient pour nous sur cette victoire pleine d'émotion.

Dirk, vous étiez au volant à la fin de la course. C’est un sentiment spécial de terminer les 24 Heures du Mans, avec cette nouvelle voiture, en en l’emportant. Parlez-nous de vos derniers tours, et de ce que vous ressentiez.

"Le fait d'être au Mans est déjà un immense honneur. Piloter pour Chip Ganassi Racing et Ford en est un autre. Fêter les 50 ans de la première victoire Ford de cette façon, c’était juste irréel. J’étais dans la voiture pour les deux dernières heures. Que dire ! Quand j'ai commencé le dernier relai, je devais vraiment être à fond, parce que la concurrence nous chassait. J’ai dû pousser et essayer d’agrandir notre avance, pour être vraiment plus sereins au cas où quelque chose serait arrivé, comme rouler sur des débris par exemple. Je voulais me constituer une marge pour pouvoir, si besoin, repasser par les stands. Puis, vers la fin du deuxième relai, je commençais à compter les tours. Je devais faire 28 ou 29 tours, mais je pense que j’en ai fait un peu plus. Dans ma tête, j’avais un compte à rebours, je comptais à chaque fois que je passais par les chicanes dans les Hunaudières et Indianapolis, puis aussi en passant par les chicanes Ford. Puis, quand j'ai commencé à contrôler la distance avec le deuxième, l'équipe m'a dit de ne plus pousser. Cela m’a un peu fait peur. Quand on est pas à fond, tout change. La pression des pneus baisse, vous commencez à entrer dans les virages un peu trop tard, vous remettez les gaz peut-être un peu trop tôt. Cela casse le rythme. Je devais être très prudent et faire ce dernier tour. En voyant le drapeau à damiers, en entendant tous les cris à la radio, j’ai eu beaucoup d’émotions... après mon mariage et la naissance de ma fille, c’est sans doute le moment de ma vie le plus fort. J’en avais les larmes aux yeux".

24 heures plus tôt, vous étiez également au volant pour le départ. Les conditions étaient terribles. Du point de vue du pilote, c’était difficile à gérer?

"Après avoir décroché la pole position, j'ai eu l'honneur de commencer la course. C’était décidé depuis bien longtemps, Mike O'Gara (l’ingénieur des Ford GT n°68 et n°69) avait pris sa décision, après avoir parlé avec notre département ingénierie et l’équipe. La météo était bonne 10 minutes avant le départ. Nous savions tous que la pluie allait arriver, mais le mauvais temps est finalement arrivé avant le départ, et a tout compliqué. J’étais vraiment heureux d'apprendre que nous commencions la course derrière la voiture de sécurité, car il y avait beaucoup de pluie. La plupart des vibreurs étaient complètement sous l'eau. Ils sont restés sous l'eau de nombreux tours. Au niveau d’Indianapolis, et dans la forêt, l’eau était très présente. Je salue la direction de course qui a pris la bonne décision. Toutes les voitures sont restées en piste, sans drame."

Vous avez pris le volant à quatre reprises, et vous avez couvert la plupart des tours de la Ford GT n°68. Cette stratégie a été définie avant la course, ou elle est apparue avec les conditions de course (météo, slow-zones, rythme)?

"La stratégie initiale était que je commence la course, puis Joey, puis Sébastien. Mais la longueur des relais dépend toujours de la météo, donc avec la pluie au début, j’ai réalisé un triple relai assez long. Nous connaissions notre ordre de passage, mais la longueur dépendait de notre capacité à faire ou non des triples relais."

Y a-t-il un moment clé de la course, un moment précis où vous étiez derrière le volant dont vous vous souviendrez toujours ?

"Pour être honnête, non. Je dois dire qu’à chaque fois que j’ai été dans la voiture, tout le monde était à sa place autour de moi. Je pouvais repérer les voitures LM P1 revenant sur moi. Je savais où ils allaient dépasser. La partie la plus difficile concerne sans doute les slow zones. Il fallait toujours être conscient de la taille de la zone, ne pas accélérer trop tôt. Au final, cette édition restera comme une course sans problème. Je me demande même s'il y avait une égratignure sur la voiture. Tout est allé dans la bonne direction, je suis vraiment fier de ça."

Vous partagez avec Sébastien Bourdais une particularité. Vous deux étiez les seuls pilotes Ford qui ont débuté au Mans... au siècle dernier, en 1999 ! Cela signifie que vous avez beaucoup d'expérience, au Mans, mais dans le sport-automobile en général. Cela vous a aidé ?

"C’est toujours bon d’avoir de l’expérience. Je me souviens très bien de 1999. C'était il y a longtemps, mais je me rappelle. Cette course était vraiment différente de 1999, mais vous savez, à chaque virage, à chaque accélération, à chaque kilomètre, on acquiert de l'expérience. Ce qui est très important, c’est de le faire ensemble. Partager. Avec Sébastien, qui a remporté tant de championnats en Champ Car et vient de remporter une course à Detroit (IndyCar). Avec Joey, avec qui j’ai déjà partagé le podium et avec qui j’ai gagné un championnat aux États-Unis. Je pense que c’est ça la clé, l’échange entre nous."

Effectivement, vous étiez déjà avec Joey chez BMW aux 24 Heures du Mans en 2011, et vous aviez livré une course solide. Y a-t-il des similitudes entre ces deux éditions ?

"Piloter avec Joey, c’est toujours très amusant et un grand plaisir. Nous sommes plus que coéquipiers, nous sommes de grands amis. Nous aimons les mêmes choses et je suis très heureux de l’avoir dans ma vie. En 2011, nous étions ensemble avec Andy (Priaulx, pilote de la Ford GT n° 67) et nous avions terminé troisième sur le podium. Je l'ai toujours dit, c’est énorme de terminer sur le podium, en particulier au Mans, mais cette année, nous nous battions pour la victoire. A l’époque, nous avions eu quelques petits problèmes qui nous ont coûté un peu de temps, au niveau technique, et la course était vraiment différente. Et puis, avec la Ford GT, je me suis senti tout de suite comme à la maison. C’est un plaisir d'être dans cette voiture. Pour être honnête, la BMW M3 et la Ford GT sont très différentes, vous ne pouvez pas vraiment comparer les deux."

Le Mans est maintenant terminé. Le moment est venu de se reposer ?

"Le Mans est terminé et je le vois, ça se calme au niveau de la quantité de messages que je reçois et de tout ce qui se passe sur les médias sociaux. J’ai pas mal d’amis qui viennent me voir. J’ai eu le droit à une fête de la part de ma famille. Je suis vraiment, vraiment fier de ma femme Daniela. Elle a organisé une soirée au top le lundi à la maison. Partager entre amis cette victoire, c’était la cerise sur le gâteau. Car il n'y a pas beaucoup de temps pour se détendre. Il y a Watkins Glen qui approche, une course de six heures avec deux pilotes, et en même temps je suis ici (l’entretien a été réalisé alors que Dirk Müller se trouvait au Goodwood Festival of Speed) célébrant le grand 50e anniversaire de la victoire de Ford en 1966 et notre victoire cette année."

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Photo : Dirk Müller, pilote expérimenté, a été l'homme clé de la victoire Ford, réalisant une grande partie des relais, et livrant une course sans erreurs. 

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