C’est en 1989, à l’occasion du salon automobile de Detroit, que la Viper est présentée comme concept-car. Elle est pensée pour tenter de rajeunir l’image de la marque Dodge, vieillissante et peu glorieuse aux yeux du public américain. A l’international, Dodge ne possède pas une très grande notoriété…
Face à l’enthousiasme que reçoit ce concept, décision est prise de lancer la production. La voiture s’impose d’emblée comme la sportive moderne des Etats-Unis, une réincarnation des mythiques muscle-cars des décennies passées. Il faut avouer que Dodge n’y va pas dans la finesse : intérieur dépouillé avec gros cadrans, moteur V10 aluminium de 8 litres surpuissant de 450ch. Le 0 à 100 km/h tombe en moins de quatre secondes, tandis que 13,8 secondes suffisent pour atteindre les 200 km/h. Caroll Shelby, pilote de course américain reconverti dans la préparation de voitures de série, est associé au projet pour « adouber » cette Dodge Viper. Lui qui a donné naissance à la mythique Shelby Cobra, est un ambassadeur de choix pour cette Viper qui ne demande qu’à mordre la concurrence des voitures de sport.
Après la Viper RT/10, premier modèle lancé en production, une variante, la Viper GTS, débarque. Courte, décapotable, avec une partie arrière presque « coupée » au couteau, la Viper RT/10 est un roadster. La GTS est-elle un coupé, avec toit en dur et lignes plus arrondies. La Dodge Viper GTS incarne le renouveau, et s’inspire clairement de la ligne des Cobra Daytona des années 60. Souvent présentée en livrée bleue avec des bandes blanches, elle ne passe pas inaperçue.
Les Viper RT/10 et GTS sont de véritables voitures de course homologuées pour la route. Pas une surprise donc si certains ont eu l’idée de les modifier pour les emmener sur les circuits, et notamment aux 24 Heures du Mans. Deux Dodge Viper RT/10 sont au départ des 24 Heures du Mans en 1994, engagées par l’équipe Rent-A-Car Racing Team / Luigi Racing. La meilleure se classe à la 12e place avec René Arnoux, Bertrand Balas et Justin Bell au volant. Une prestation remarquée de l’autre côté de l’Atlantique. Décision est prise de produire la Chrysler Viper GTS-R, version de course dérivée de la GTS. L’équipe française Oreca est chargée du développement avec l’aide de la maison mère Chrysler. Le succès sera impressionnant : victoires au général aux 24 Heures de Daytona, aux 24 Heures de Spa-Francorchamps et aux 24 Heures du Nürburgring. Dans la Sarthe, la Viper ne peut pas se battre pour la victoire au général, mais remporte sa catégorie (GT2) en 1998, 1999 et 2000.
Une seconde génération de Viper (2003) puis une troisième génération (2013) ont vu le jour. Si le succès commercial ne fut pas au rendez-vous, les SRT Viper produites depuis 2013 ont été déclinées en version course, et sont apparues aux 24 Heures du Mans en 2013 et 2015.
Geoffroy Barre
Photo : La première Dodge Viper en version "coupé" est la GTS, ici dans sa livrée mythique bleue à bandes blanches. Elle se révèle très proche sur le plan aérodynamique de la GTS-R, titrée à trois reprises en GT2 aux 24 Heures du Mans à la fin des années 90.