Comme bon nombre de jeunes Américains, Bill Sweedler a débuté par la Skip Barber Racing School. C’était dans les années 90, il venait de se marier et a préféré se concentrer sur une carrière professionnelle extra-sportive pour gagner sa vie. Le virus ne l’ayant pas quitté, le natif de New York est revenu au sport automobile à la fin des années 2000, mais comme il le précise sur son compte Twitter, la semaine, il se consacre au fonds d’investissement, Tengram Capital Partners, qui a cofondé, et le weekend, il enfile casque et combinaison pour devenir pilote. On pourrait penser que ce n’est pas facile de concilier les deux, mais "pour paraphraser l’une des idoles de mon enfance, Steve McQueen, 'le sport automobile c’est la vie. Après une course, on ne fait qu’attendre la suivante' (Racing is life. Anything before or after is just waiting.). Je vais prendre quelques libertés et modifiant un peu la citation : si on attend trop longtemps, on peut finir par trouver d’autres choses qu’on aime faire ! J’adore mon métier et j’adore courir, donc c’est finalement assez facile de trouver le bon équilibre entre les deux !"
Etant donné le palmarès de Bill Sweedler en sport automobile, on n’a aucun mal à le croire : victoire aux 12 Heures de Sebring (GTC) en 2012, aux 24 Heures de Daytona (GTD) en 2014, champion IMSA de la catégorie GTD en 2015 et, cerise sur le gâteau, victoire en LM GTE Am aux 24 Heures du Mans en 2016. "Je n’aurais pas fait mieux si j’avais dû écrire le scénario des 24 Heures du Mans 2016, avec ses hauts et ses bas : de la triste fin de Toyota sur casse mécanique au duel ininterrompu entre Ferrari et Ford. La victoire de catégorie de Scuderia Corse figurera dans l’annuel de cette édition des 24 Heures du Mans. La recette du succès est simples : travail d’équipe ! Ingénieurs, mécaniciens et pilotes, nous savions tous que nous pouvions remporter Le Mans avec une préparation minutieuse, entre Scuderia Corsa, Kessel et le soutien de Michelotto (préparateurs des Ferrari GT de course, ndlr) de notre Ferrari 458 Italia. Tout cela ajouté à la prestation sans faute de mes coéquipiers Townsend Bell et Jeff Segal a permis à notre équipe 100 % américaine de monter sur la plus haute marche du podium à l’issue des 24 heures de course."
Soit deux marches de mieux que lors de la première participation de Bill Sweedler au double tour d'horloge sarthois alors que le trio, certes bien aidé par le Directeur sportif Stefan Johansson, victorieux aux 24 Heures du Mans en 1997, avait tout à apprendre : "La première année nous a permis de comprendre toutes les subtilités des 24 Heures du Mans, ce qui fait toute la différence. Bien que j’ai participé à de nombreuses épreuves d’endurance, Le Mans ne ressemble à rien d’autre. L’événement dure une semaine qui débute par le Pesage dans le centre-ville du Mans. Après cela, les équipes se préparent pour une séance d’essais libres suivie de deux sessions d’essais qualificatifs qui se déroulent sur deux jours. Puis vient le vendredi, avec la grande Parade des Pilotes dans les rues du centre-ville du Mans, sous les acclamations de dizaines de milliers de fans. Lorsque le jour de la course arrive, le nombre de fans atteint 250 000 et toutes les équipes sont impatientes d’en découdre… enfin !"
S’il était impatient de prendre la piste, Bill Sweedler était tout aussi impatient de voir la course se terminer, même si la Ferrari n°62 possédait plusieurs longueurs d’avance sur ses adversaires : "Je HAIS la fin des course d’endurance quand nous sommes en tête car il y a tellement de choses qui peuvent mal tourner ! Fort heureusement, notre Ferrari a fonctionné à 100 % de ses capacités pendant 24 heures et ne nous a pas laissé tomber !"
A l’instar de 2015, la Ferrari 458 Italia a effectivement tourné comme une horloge, ce qui a d’ailleurs permis à Townsend Bell et Bill Sweedler d’être sacrés dans la catégorie GTD (qu’on peu assimiler à la catégorie LM GTE Am au Mans, même si le règlement technique est différent) à la fin de la saison du TUDOR United SportsCar Championship, devenu depuis le WeatherTech SportsCar Championship : "L’année 2015 fut une année de rêve ! Une année à savourer sans modération car cela n’arrive pas fréquemment. Si je fais le bilan, nous avons décroché une victoire de catégorie au Mans, à Daytona et à Sebring et deux titres (Pilotes et Equipe pour Scuderia Corsa, ndlr). Waouh ! Je ne pense pas que j’aurais pu rêver mieux… sauf peut-être une victoire aux 500 miles d’Indianapolis pour mon coéquipier Townsend Bell !"
Townsend Bell a effectivement participé une nouvelle fois à Indy 500 cette année et aurait pu l’emporter si la malchance n’avait pas frappé comme elle l’a fait en début d’année lorsque le programme du duo a tourné court suite à la décision de l’écurie O’Gara de cesser ses activités. Le succès du Mans n’en a que plus de saveur : "Le Mans est LA course à gagner pour tout pilote d’endurance. Je suis à la fois fier et impressionné d’avoir pu réaliser un rêve d’enfant. Je suis honoré d’avoir pu courir aux côtés de pilotes exceptionnels et contribuer modestement à l’histoire des 24 Heures du Mans avec les coéquipiers et mon équipe."
Quand on a accompli un rêve d’enfant, que peut-on souhaiter ? "Je suis toujours en train de savourer la victoire, conclut Bill Sweedler, donc je n’ai pas encore pensé à l’an prochain ! Mais je ne peux pas imaginer ne pas être de retour au Mans pour défendre notre trophée en 2017 !"
Photo : Bill Sweedler au Pesage des 24 Heures du Mans.
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