À 38 ans, le multiple champion du monde des rallyes relève un nouveau défi : les 24 Heures du Mans. Comment s’est-il préparé ? Quelles sont ses ambitions ?
Quoi faire après une carrière en championnat du monde des rallyes WRC couronnée par huit titres ? Pour Sébastien Ogier, comme pour son prédécesseur Sébastien Loeb (neuf titres), cela passe par les 24 Heures du Mans. Toujours lié à Toyota cette année pour quelques épreuves du WRC, le Gapençais pourrait prétendre à un baquet dans une Hypercar s’il se révélait aussi excellent en LMP2 qu’il peut l’être en spéciale. Si on ne doute pas que c’est dans un coin de sa tête, le pilote du Richard Mille Racing Team garde les pieds sur terre. « Je suis conscient que le défi est difficile. Il faut être honnête : il y a plus de chances que ça ne réussisse pas. » Il se reprend immédiatement. « Enfin, qu’est-ce que ça veut dire réussir ? Je ne m’attends pas à devenir le meilleur pilote de circuit, il faut être réaliste : il y a des mecs qui font ça depuis des années, qui pèsent 20 kg de moins que moi, c’est des avantages énormes dans ces catégories. J’ai envie de me faire plaisir avant tout, de découvrir cet univers du circuit et de l’endurance, et puis essayer d’aller le plus haut possible. » Voilà pour les ambitions, elles sont très élevées. Mais quoi d’étonnant de la part d’un pilote qui évolue au plus haut niveau depuis 15 ans ?
Après Walter Röhrl, Colin McRae ou Sébastien Loeb, c'est au tour de Sébastien Ogier de sauter du rallye aux 24 Heures du Mans.
Toshiaki UEDA (ACO)
Son obsession du poids revient tout de suite dans la conversation, quand on aborde son niveau de préparation. « Physiquement, je me suis assez bien préparé, notamment en perdant du poids parce que, vu ma taille, j’ai tendance à avoir pas mal de kilos en trop par rapport à beaucoup d’autres pilotes. Par rapport à mes coéquipiers aussi [Lilou Wadoux et Charles Milesi, ndlr]. Cela joue énormément sur la performance ici, donc j’ai essayé de faire le maximum. Je suis quasiment revenu au poids de forme de mes 25 ans, se réjouit-il. C’est deux ou trois kilos, je ne vais pas aller au-delà, mais c’est toujours l’idée de faire les choses au mieux. » C’est clair, nous sommes en présence d’un grand champion qui se prépare comme tel. Pourtant, il ne s’attend pas à souffrir autant que dans sa discipline de prédilection. « Les contraintes physiques sont différentes, mais presque moins exigeantes. Ce sont des courses longues, mais, une semaine de rallye, c’est très long physiquement et mentalement. Là, au Mans, je vais monter parfois dans la voiture pour une heure et demie ou deux. C’est un peu intense, il peut faire très chaud dans le cockpit, mais on a le temps de souffler dans les lignes droites. »
Sébastien Ogier (au centre) fait équipe avec Charles Milesi et Lilou Wadoux.
Jean-Philippe BOYER (ACO)
Engagé au volant du prototype Oreca 07-Gibson #1 dans une catégorie LMP2 aussi fournie (27 concurrents) que disputée, Sébastien Ogier va trouver une adversité à sa mesure. « L’adrénaline va commencer à monter, et j’ai tout à découvrir » reconnaissait-il au pesage. Car il n’est pas adepte du simulateur « J’ai fait une session de 2 heures cette semaine, histoire d’avoir quelques repères et de gagner ainsi un peu de temps sur mes tous premiers tours. » En grand professionnel qu’il est, Sébastien Ogier ne veut qu’une chose avant de prendre le départ de ses premières 24 Heures du Mans : rouler, rouler, et encore rouler ! « Partager la voiture à trois, forcément ça limite le temps de roulage, et c’est assez frustrant parfois, admet-il. D’un autre côté, je trouve ça cool. Cette expérience du partage est intéressante, d’autant plus quand on a un coéquipier comme Charles [Milesi, ndlr, vainqueur LMP2 en 2021 avec l'équipe WRT] qui est une bonne référence et qui peut donner quelques clefs pour essayer de progresser. » Ses aptitudes spécifiques de pilote de rallye devraient l’aider à atteindre très vite un niveau de performance élevé. « S’adapter vite, c’est normalement la caractéristique d’un pilote de rallye, et c’est un de mes points forts. » Il a déjà piloté la voiture lors de l’épreuve belge, au mois de mai, et il va naturellement s’appuyer sur cette expérience, particulièrement si les conditions météo venaient à se dégrader. « J’ai eu tout un relais sous la pluie à Spa, ce qui me permet d’avoir quelques repères. »
Quelles que soient les conditions en course ce week-end, Sébastien Ogier aura les regards braqués sur lui. Les attentes sont aussi fortes que le pilote est brillant.