Créée en 1963 par l’industriel Ferrucio Lamborghini, né sous le signe du taureau, Lamborghini était d’abord spécialisé dans la construction de tracteurs agricoles destinés à répondre à une demande croissante d’une Italie dévastée par la Seconde Guerre mondiale et en pleine reconstruction. À l’inverse de ses concurrentes transalpines comme Ferrari, Alfa Romeo, Maserati ou Lancia, l’engagement en compétition de la marque au taureau est tout à fait contemporain. Aux 24 Heures du Mans, l’histoire a réellement débuté en 2006 alors que la marque soufflait, cette année-là, ses 55 bougies. Cependant, il y eut une première tentative auparavant.
La première apparition de Lamborghini aux 24 Heures du Mans remonte à 1975. Paul Rilly engage une 400 GT à moteur V12 pour Roger Le Veve et lui-même. Alignée en catégorie GTX, cette voiture ne parvient pas à se qualifier à la suite d’un accident survenu lors des essais. Le désengagement inattendu des troupes du NART de Luigi Chinetti aurait pu permettre à la voiture d’être repêchée. Cependant, les moyens de communication étant alors ceux de l’époque, l’information est arrivée bien trop tardivement aux oreilles d’un Paul Rilly décontenancé.
En 2006, la catégorie LMGT1 (catégorie reine des voitures de Grand-Tourisme, NDLR) accueille une Murcielago R-GT engagée par le Team JLOC (Japan Lamborghini Owners Club). Cette voiture conçue et développée dans les ateliers de Reiter Engineering en Bavière affronte les Aston Martin DBR9, Corvette C6.R, Saleen S7-R et Ferrari 550 GTS. À son volant, on retrouve l’italien Marco Apicella puis les Japonais Yasutaka Hinoi et Koji Yamanishi. À l’issue d’une course ponctuée de nombreux problèmes techniques, la voiture ne parvient pas à boucler le dernier tour de course et se retrouve non classée à l’arrivée de cette 74e édition.
L’année suivante, JLOC est de retour avec le soutien logistique de l’équipe sarthoise DAMS. Atsushi Yogo remplace Yasutaka Hinoi. Après une première participation formatrice, on espère retrouver une voiture plus performante et fiable, mais la Murcielago R-GT noire ne connaît guère de meilleur résultat. Marco Apicella sort violemment à la première chicane des Hunaudières lors de la première séance d’essais. Si la voiture est remise en état pour la course après un travail remarquable des mécaniciens, l’aventure ne dure qu’un seul et unique tour : boîte de vitesse cassée.
En 2008, c’est une équipe russe, Interprogressbank Spartak Racing, qui aligne la Murcielago R-GT. Roman Rusinov, Mike Hezemans et Peter Kox pilotent cette voiture désormais parée d’une robe blanche et directement supervisée par Hans Reiter. Après une deuxième place de catégorie lors des 1000 km de Spa-Francorchamps, l’optimisme est de rigueur avant le départ. Las, la course de la #55 est émaillée de défaillances techniques qui ne permettent pas aux pilotes d’inscrire la voiture sur la feuille de résultat final, car la distance parcourue est insuffisante pour rentrer dans la règle des 70%, basée sur le kilométrage de l’Audi R10 TDi victorieuse.
JLOC fait son retour en Sarthe en 2009 avec une voiture assemblée au Japon. En manque de préparation, la voiture confiée à Yutaka Yamagishi, Marco Apicella et Atsushi Yogo entame difficilement les essais. Lors de son premier tour de piste, Yogo immobilise la voiture à la suite de la rupture de l’arbre de transmission. L’équipe qui ne possède pas l’organe de rechange dans son stock de pièces se met alors à la recherche de celui-ci pour finalement sonner à la porte des ateliers de Hans Reiter en Allemagne. Les deux cardans sont montés sur la voiture, mais lors des essais du jeudi, une importante fuite d’huile est décelée. Dans ce contexte tendu et quelque peu désespéré, Marco Apicella déclare forfait. En course, la voiture boucle un seul tour et rentre à son stand pour y abandonner. Nullement découragée, l’équipe poursuit l’aventure en 2010 en engageant une Murcielago répondant à l’appellation LP670 R-SV. L’objectif est de rallier l’arrivée, mais une fois de plus, des problèmes techniques à répétition forcent JLOC à jeter l’éponge après 18 heures de course.
Si la Lamborghini Murcielago n’est pas parvenue à atteindre ses objectifs sportifs, cette voiture a tout de même marqué les esprits par son physique imposant et la sonorité de son V12.