24 Heures du Mans – la préparation mentale des pilotes
Longtemps négligé, le mental des athlètes est désormais au cœur du débat. Les pilotes des 24 Heures du Mans 2021 parlent de leur expérience.
Si des pilotes de nationalités et d'âges différents s’affrontent sur la piste, tous reconnaissent l’importance de la préparation mentale. Loïc Duval (Realteam Racing #70), neuf participations au compteur et une victoire au général en 2013, se confie. « Je suis de l’ancienne génération : nous venions au circuit, bien physiquement, sans trop nous préoccuper des conditions extra-sportives. Aujourd’hui, c’est différent. Je m'entraîne avec MotionLab, une structure suisse basée au Mont-sous-Lausanne. Ils me font travailler la condition physique, en altitude, dans des pièces chaudes ou humides. En parallèle, ils appuient aussi sur le sommeil et l’aspect mental dans le cadre de la performance. »
Les pilotes de course sont unanimement reconnus comme des athlètes depuis très peu de temps. De nos jours, les prototypes demandent d’énormes efforts physiques et mentaux, ce qui ne laisse plus de place au doute. « Il faut être au top physiquement, or, jusqu’à présent, nous n’étions pas des « athlètes de haut niveau » à proprement parler. Des améliorations ont été apportées, mais il reste de la performance à trouver dans la préparation poursuit Loïc Duval. La pandémie, qui nous donne plus de temps pour nous, favorise cette transition. »
"Le mental représente 100% de la performance. Tout se joue là-dessus."
Loïc Duval
Matt Campbell, tout autre profil et pilote Dempsey-Proton Racing sur la Porsche 911 RSR-19 #77, acquiesce. « La préparation mentale doit toujours être optimale, peu importe la course. » L’appel à des entraîneurs spécifiques est de plus en plus fréquent, y compris en sports mécaniques. Les pilotes d’endurance n’échappent pas à la règle. En effet, une aide extérieure peut contribuer à mieux gérer la pression, l’adversité et toute autre difficulté rencontrée le jour de la course.
Rebondir après un échec est difficile, pour les jeunes débutants qui jouent gros lors d’évènements comme les 24 Heures du Mans aussi bien que pour les pilotes les plus titrés comme en témoigne Sébastien Buemi (Toyota Gazoo Racing #8) : « Je pense encore beaucoup à 2016, même en ayant gagné par la suite ».
Selon des études scientifiques, 35% des athlètes ont été, sont ou seront affectés par des problèmes de santé mentale au cours de leur carrière. Une dimension à ne pas négliger.
Antonin VINCENT (ACO)
C’est le cas de Franco Colapinto, plus jeune pilote du plateau et rookie. Le pilote G-Drive Racing est prêt à affronter le mythique tracé, non sans une aide psychologique. « J’ai un coach mental pour m’aider, nous travaillons beaucoup ensemble et je pense que ça paye. Le mental, dans une épreuve d’endurance, est extrêmement important. Sur une course de 24 heures, vous devez être concentré à chaque instant. Je me suis beaucoup préparé, mais nous verrons après la course.
"J’ai un coach mental pour m’aider"
Franco Colapinto
Quant à l'importance relative du mental par rapport au physique, les acteurs de cette 89e édition sont partagés. Pour Roberto Merhi (Aurus 01 - Gibson #25), c’est « 50% physique, 50% mental. C’est une course très stressante. Il faut être lucide tout du long, surtout la nuit ». Franco Colapinto, 18 ans seulement, juge importante la dimension mentale. « L’approche mentale peut faire la différence entre le gagnant et le perdant. Mon équipe m’a surtout averti sur les difficultés liées à la nuit, avec la fatigue, le trafic ... On doit être mentalement capable de les surmonter. » D’autres, à l’image de Loïc Duval, sont plus tranchés. « Le mental représente 100% de la performance. Tout se joue là-dessus. Si on perd ses moyens, après un tête-à-queue par exemple, c’est très compliqué et ce peu importe la condition physique. »
Des jeunes loups aux plus expérimentés, personne ne coupe plus à cette préparation. À en juger par l'actualité des autres sports, on peut s'attendre à ce que ce sujet soit davantage mis en lumière dans les années à venir.
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