24 Heures du Mans – La ligne droite des Hunaudières, moment de bravoure pour les pilotes
Même entrecoupée de deux chicanes, la ligne droite des Hunaudières réclame une bonne dose de vaillance pour les pilotes des 24 Heures du Mans. Ils y atteignent des vitesses vertigineuses.
Elle constitue les 5,8 premiers kilomètres de la route du Mans à Tours. Chaque année, elle devient chasse gardée des pilotes. Elle, c’est la ligne droite des Hunaudières. Sur cette portion mythique, les pilotes de la catégorie Hypercar (catégorie reine de l’épreuve) évoluent à près de 340 km/h entre deux rails séparés de six ou sept mètres. Autant dire que la manœuvre peut vite devenir périlleuse. « Dans les Hunaudières, l’asphalte n’est pas lisse », décrit Louis Deletraz, pilote de l’Oreca 07-Gibson #9 de Prema Orlen Team. « La voiture est tirée de droite à gauche. La vitesse du vent a aussi une incidence sur son comportement. Des détails qu’on ne voit pas à la télévision mais que nous devons prendre en compte ».
Disponible uniquement aux regards des pilotes et des commissaires, la ligne droite des Hunaudières est un endroit à la fois mystérieux et fascinant pour les spectateurs. Patrick Pilet, pilote de l’Oreca #48 d’Idec Sport explique qu’il s’agit d’une portion « excitante sur laquelle on peut faire la différence en négociant bien les chicanes ». Les pilotes débutants qui empruntent les Hunaudières pour la première fois gardent ce moment en tête toute leur vie. « Ma première fois, c’était en 2019 avec la Rebellion R13-Gibson de Rebellion Racing et j’ai rapidement atteint les 350 km/h. Je me suis demandé ce que je faisais là. J’étais véritablement impressionné et ça m’a sauté au visage », reconnaît Louis Deletraz. Pour Patrick Pilet « ça m’est apparu plus étroit qu’à la télévision (rires). J’avais l’impression d’être dans un tunnel ».
"Parfois il y a des dépassements qui se font au millimètre"
Patrick Pilet, Idec Sport
La ligne droite des Hunaudières constitue l’endroit le plus facile pour doubler les retardataires. La différence de vitesse par rapport aux voitures de la catégorie LMGTE facilite la vie des pilotes des classes Hypercar et LMP2. Toutefois, ce n’est pas toujours vrai. « Parfois, il y a des dépassements qui se font au millimètre », reconnait Patrick Pilet. « On se doit de rester concentré, car à 330 km/h, on parcourt beaucoup de mètres en une seconde et il ne faut pas se louper au freinage des chicanes ». Au gré des tours, une accoutumance à la vitesse s’installe pour les pilotes. « Après mes premières 24 Heures, lorsque je suis retourné en championnat du monde de Formule 2, à 300 km/h, j’avais l’impression d’être très lent. Puis, lorsque j’ai pris l’autoroute pour rentrer chez moi, j’avais véritablement le sentiment d’être au ralenti », se souvient Louis Deletraz. « Dans les portions plus lentes, on s’imagine souvent qu’on pourrait sortir de la voiture et marcher à côté », s’amuse Patrick Pilet.
Souvenons-nous que c’est dans les Hunaudières qu’un exploit de l’histoire de la course et du sport automobile s’est dessiné. Le 11 juin 1988 : une WM P88 équipée d’un moteur Peugeot y a atteint la vitesse de 405 km/h.
Cette année et comme depuis 1923 (année de création de l’épreuve), des destinées (plus ou moins heureuses) se dessineront dans cette portion. Les spectateurs frissonneront et vibreront au gré des dépassements. Puis, une fois la course terminée, chacun pourra emprunter cette ligne droite emblématique puisque, rappelons-le, la ligne droite des Hunaudières est une route départementale ouverte à la circulation 355 jours par an... où la vitesse est limitée à 90 km/h.
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