Dimanche 3 juin à 9 heures précises, les deux BR1 - AER sont parmi les premières à s’élancer sur le grand circuit. Jenson Button est au volant de la voiture #11. Dans le garage de l’équipe russe, l’ambiance semble un peu tendue. Un premier tour de reconnaissance en 6'07" et le pilote anglais revient à son stand. Tout juste sorti du cockpit, il livre ses premières impressions : « La piste est incurvée dans les Esses de la Forêt, au point que la voiture semble se diriger toute seule, comme si le pilote n’avait plus d’influence sur elle. Puis, dans les Hunaudières, la chaussée est bombée et c’est un peu délicat de passer d’un côté à l’autre. »

Comme SMP, toutes les équipes rappellent leurs voitures après un tour, le temps d’un rapide contrôle. Puis tout le monde repart… Sauf les deux LMP1 conçues chez Dallara. La suite se joue en coulisse. Explication : lors des 6 Heures de Spa-Francorchamps le mois dernier, le prototype s’est envolé subitement en haut du raidillon de l’Eau rouge. En conséquence, des modifications ont logiquement été apportées avec, notamment, l’adoption de quatre petits déflecteurs aux extrémités du capot avant. Sécurité avant tout. Il faut décortiquer les données télémétriques et s’assurer que la charge aérodynamique est désormais suffisante pour ne plus voir l’histoire belge se répéter.

Près d’une heure plus tard, Jenson Button repart… Et revient après une boucle. On parle encore de télémétrie. Cette fois, c’est un capteur de hauteur de caisse qui pose problème. La pièce défectueuse, placée sur le flanc gauche de l’auto, s’avère particulièrement difficile à atteindre. Les minutes s’égrènent. La Toyota d’Alonso boucle déjà son 20e tour. Jenson Button sautille sur la pointe des pieds, semble s’impatienter. Pendant ce temps, l’autre BR1 - AER tourne comme une horloge aux mains du pilote russe Matevos Isaakyan. Tant mieux, les enseignements de la #17 bénéficieront aussi à la #11 sur laquelle on obstrue partiellement l’écope d’air destinée au refroidissement des freins.

A 11 h 09, Jenson Button repart. Quelques minutes plus tard, il boucle son troisième tour de la matinée sans passer par la voie des stands. Enfin ! Premier chrono de référence en 3'35"545, un bon début. « Il apprend plus vite qu’un pilote lambda, commente Stéphane Sarrazin debout dans le box devant les écrans de classements. Hier, nous avons repéré le circuit ensemble, je lui ai montré quelques pièges à éviter, notamment les endroits où il ne faut pas dépasser les voitures plus lentes. » Près de 20 minutes plus tard, la barre symbolique des 3'30" est franchie. A 11 h 40, Jenson Button s’affranchit des 10 tours (dont 5 lancés) obligatoires. Sébastien Philippe, la manager français de l’équipe peut cocher la première case de sa to-do-list.