Fred Vasseur n’a pas hésité une seconde quand Tatiana Calderon lui a parlé de la proposition qu’elle venait de recevoir du Richard Mille Racing Team : disputer l’édition 2020 des 24 Heures du Mans avec Sophia Flörsch et Beitske Visser. « Fonce ! », lui a-t-il lâché tout de go. « Le projet m’a plu tout de suite, s’enflamme celui qui a fait faire à la Colombienne ses premiers tours de roue en F1 au lendemain du Grand Prix du Mexique 2018. Nous avons beaucoup parlé de son engagement au Mans avant qu’elle ne prenne sa décision, mais avec Philippe (Sinault) dont l’écurie gère l’Oreca07-Gibson et Richard [Mille], elle était entre de très bonnes mains. C’est un beau projet qu’elle ne pouvait pas laisser passer. »

Depuis leur première rencontre en 2017 quand elle faisait ses gammes chez DAMS en GP3, le patron de l’écurie helvétique n’a pas cessé de lui prodiguer ses conseils, tant sur la piste qu’à l’usine où elle s’est beaucoup investie dans son rôle de pilote de développement chargé des essais en simulateur. D’ailleurs, il ne tardait pas à la promouvoir au poste de pilote d'essais après un premier test concluant de 100 km au volant d’une F1 de la marque. Un autre allait suivre, sur la piste d’essais de Ferrari à Fiorano, mais de deux journées cette fois pour mieux cerner son potentiel. Le Français était encore là, quand elle signait en F2 pour BWT Arden en qualité d’équipière du regretté Anthoine Hubert et, pour la troisième année de suite, lui renouvelait sa confiance. Un signe qui ne trompe pas, l’homme n’étant pas réputé pour son altruisme.

« Elle a fait ce qu’elle pouvait en monoplace et je pense qu’elle l’a plutôt bien fait, souligne celui qui a eu entre les mains tout ce que la planète F1 compte de plus talentueux, de Lewis Hamilton à Charles Leclerc en passant par Nico Rosberg ou Sebastian Vettel. Elle avait très bien roulé quand nous l’avions mise dans la F1. Elle a tout à fait le niveau de performance requis pour rouler en Sport-Prototypes et réussir de belles choses en endurance. C’est quelqu’un qui est très pro dans l’approche, ce qui est très important en endurance. Elle est un vrai team player. Quand tu viens de la monoplace, le piège est de rester dans le délire de la perfo absolue. Si elle arrive à se mettre dans l’état d’esprit de l’endurance, ça se passera bien. C’est une fille très intelligente et je ne doute pas qu’elle y parvienne… »

Tatiana, qui dispute cette saison au Japon un championnat Super Formula  passablement tronqué par la crise sanitaire, pourrait être tentée de délaisser la monoplace pour embrasser dans le futur une carrière en endurance. C’est du moins ce que pense son patron. « Pour moi, conclut Fred Vasseur, c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans sa carrière. Elle entame un nouveau projet où les opportunités sont plus nombreuses qu’en monoplace. La F1, c’est dix écuries et 20 pilotes. En endurance, il est moins difficile de se construire un bel avenir. C’est tout ce que je lui souhaite, et cette édition des 24 Heures sera à ce titre importante pour elle ! »

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