Né en 1998, Petit Le Mans est devenu en près d’un quart de siècle l’un des rendez-vous majeurs de l’endurance mondiale aux côtés des 24 Heures du Mans, qui ont inspiré sa création, et des autres classiques américaines de la discipline à Sebring et Daytona. A la veille de l’édition 2021, et alors que la grande convergence entre l’ACO et l’IMSA est riche de superbes promesses d’avenir, voici dix histoires croisées entre le circuit des 24 Heures du Mans et le tracé américain de Road Atlanta, théâtre de Petit Le Mans.
Disputé sur 1000 miles (1600 kilomètres) ou dix heures de course, Petit Le Mans constitue la manche de clôture de la série d’endurance principale des Etats-Unis : tout d’abord American Le Mans Series (de 1999 à 2013), Tudor United SportsCar Championship (2014-2015) et aujourd’hui IMSA WeatherTech Sportscar Championship (depuis 2016). Cette course est l’œuvre d’un industriel américain, Don Panoz, dont l’enthousiasme et le dynamisme ont grandement contribué à la renaissance de l’endurance telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Don Panoz, fondateur et vainqueur
Fortune faite dans l’industrie pharmaceutique en tant que détenteur du brevet du patch nicotine, Don Panoz devient un acteur majeur de l’endurance pendant la deuxième moitié des années 1990. Après le rachat du circuit de Road Atlanta (dans l’Etat de Georgie, à quelques kilomètres de son domaine de Braselton) en 1996 puis la création de Panoz Motorsport en 1997, il crée l’American Le Mans Series sur la base du règlement technique de l’ACO, dont la première édition de Petit Le Mans, disputée le 11 octobre 1998, constitue l’acte de naissance. En 1999, un prototype Panoz piloté par Eric Bernard, David Brabham et Andy Wallace remporte la deuxième édition de Petit Le Mans, qui conclut la première saison de l’American Le Mans Series. En 2006, Don Panoz inscrit son nom au palmarès des 24 Heures du Mans, grâce à la victoire de catégorie de l’Esperante GT de l’écurie britannique Team LNT.
Ferrari, pionnier de Petit Le Mans
Déjà victorieuse de la catégorie LMP1 au Mans (8e du général), la Ferrari 333 SP de l’écurie américaine Doyle-Risi remporte la première édition de Petit Le Mans, avec au volant Eric van de Poele, Wayne Taylor (déjà associés au Mans) et Emmanuel Collard. Une année faste pour le dernier prototype du cheval cabré vu dans la Sarthe, qui s’était également imposé aux 24 Heures de Daytona et aux 12 heures de Sebring.
Quinze pilotes pour un doublé
Depuis 1998, quinze pilotes ont inscrit leur nom au palmarès croisé de Petit Le Mans et des 24 Heures du Mans : Michele Alboreto, Frank Biela, David Brabham, Dindo Capello, Brendon Hartley, Johnny Herbert, Neel Jani, Tom Kristensen, JJ Lehto, Allan McNish, Emmanuele Pirro, Nick Tandy, Andy Wallace, Marco Werner et Alexander Wurz. Sept d’entre eux ont remporté les deux courses dans la même année : Biela (2001), Pirro (2001), Kristensen (2002), McNish (2008), Capello (2008), Tandy (2015) et Hartley (2017).
Dindo Capello, le recordman
Avec cinq succès (2000, 2002, 2006, 2007, 2008), Dindo Capello est le pilote le plus victorieux à Petit Le Mans. L’Italien compte également trois victoires (2003, 2004 et 2008) aux 24 Heures du Mans, toutes partagées avec Tom Kristensen, avec qui il s’est également imposé à Petit Le Mans en 2002. Paradoxalement, Kristensen ne compte que ce seul succès à Petit Le Mans, alors qu’il détient les records de victoires aux 24 Heures du Mans (neuf).
Nick Tandy et la Porsche 911, l’exploit de 2015
Après sa première victoire mancelle en juin avec Earl Bamber et Nico Hülkenberg, Nick Tandy remporte quelques mois plus tard l’une des éditions les plus mémorables de Petit Le Mans. La pluie provoque non seulement de multiples neutralisations et drapeaux rouges, mais génère aussi d’énormes problèmes d’adhérence pour les prototypes. Nick Tandy et ses coéquipiers Patrick Pilet et Richard Lietz se jouent de tous les pièges au volant de leur Porsche 911 RSR, qui devient la première GT victorieuse à Petit Le Mans, dix-sept ans après son succès au général aux 24 Heures du Mans.
Brendon Hartley, le marathonien de 2017
Dernier pilote en date à avoir signé dans la même année le doublé 24 Heures/Petit Le Mans, le Néo-Zélandais Brendon Hartley a connu une fin de saison 2017 particulièrement riche. Outre ces deux victoires à trois mois et demi d’intervalle, il remporte son deuxième titre de Champion du monde d’Endurance avec Porsche et fait ses débuts en Formule 1 en disputant les cinq derniers Grands Prix de la saison chez Toro Rosso (aujourd’hui Alpha Tauri).
Petit Le Mans et 24 Heures du Mans, une exception française
Sept pilotes français ont inscrit leur nom au palmarès de Petit Le Mans, cumulant douze victoires : Eric Bernard, Emmanuel Collard, Franck Montagny, Patrick Pilet, Olivier Pla, Nicolas Prost et Stéphane Sarrazin. Montagny et Sarrazin ont signé sur Peugeot trois victoires consécutives (2009, 2010 et 2011), Nicolas Prost deux (2012 et 2013), tandis qu’Emmanuel Collard a remporté la première édition en 1998… Mais aucun de ces douze pilotes n’est monté sur la plus haute marche du podium des 24 Heures du Mans.
Peugeot et Ligier, les vainqueurs français
En 2009, quelques mois après sa troisième victoire aux 24 Heures du Mans, Peugeot met un terme à la domination d’Audi à Petit Le Mans. La marque au lion signe trois succès consécutifs à Road Atlanta avec au volant les Français Stéphane Sarrazin et Franck Montagny, en duo en 2009, puis associés à Pedro Lamy en 2010 et Alex Wurz en 2011. Ligier remporte l’édition 2016 de Petit Le Mans grâce au prototype JS P2 (catégorie LMP2) engagé par l’écurie américaine Michael Shank Racing. En 2017, cette voiture sert de base à la Nissan Onroak DPi victorieuse sous les couleurs de Tequila Patron ESM.
Audi ou la preuve par neuf
La marque aux anneaux est le constructeur le plus victorieux à Petit Le Mans, avec neuf victoires consécutives de 2000 à 2009, et huit doublés 24 Heures/Petit Le Mans en 2000, 2001, 2002, 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008. A noter également que tous les pilotes Audi vainqueurs à Petit Le Mans se sont également tous imposés aux 24 Heures du Mans : Michele Alboreto, Frank Biela, Dindo Capello, Johnny Herbert, Tom Kristensen, JJ Lehto, Allan McNish, Emanuele Pirro et Marco Werner cumulent 32 victoires sarthoises et vingt sur le circuit de Road Atlanta.
PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO & CHRISTIAN VIGNON) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS - Galerie de portraits sur le circuit des 24 Heures des voitures s'étant distinguées à la fois aux 24 Heures et à Petit Le Mans. De haut en bas : la Panoz victorieuse de la deuxième édition de Petit Le Mans en 1999 ; la Ferrari 333 SP de l'équipe Doyle/Risi, victorieuse en LMP1 au Mans en 1998 et lauréate de la première édition de Petit Le Mans ; l'Audi R10 TDI aux mains d'Allan McNish en 2008 ; la 908 HDi FAP de Peugeot, premier constructeur français vainqueur à Petit Le Mans ; l'Audi R8 compte cinq victoires aux 24 Heures du Mans et six à Petit Le Mans.