24 Heures du Mans - Comment faire le tour parfait ?
Au Mans, le « tour parfait » tient de la légende. Certains affirment qu’ils l’ont vécu, d’autres assurent qu’il n’existe pas. Décryptage avec les principaux intéressés.
Pas de trafic, des pneus frais, peu d’essence et des trajectoires parfaites. Voici les ingrédients de la formule magique d’un tour sans erreur. Plus facile à dire qu’à faire.
Long de 13,626 km, le circuit des 24 Heures du Mans comporte de nombreux pièges et points décisifs. « Un tour parfait commence avec la chicane Dunlop. C’est un virage difficile, avec une courbe rapide juste avant. Beaucoup de pilotes se font avoir. Les S de la forêt et le Tertre Rouge sont également déterminants pour bénéficier de la meilleure vitesse de pointe dans les Hunaudières. Si la voiture donne un bon feeling dans le premier secteur, vous avez des chances de faire un excellent tour », confie Tommy Milner (Corvette C8.R #64).
Arnage, virage crucial, est particulièrement ciblé par les pilotes. « Arnage est à basse vitesse, alors on essaye de freiner plus loin parce qu’on a l’impression d'être lent mais, avec la faible charge aérodynamique, il est facile de bloquer une roue et de rater un tour à cause de ça. » fait valoir Nicolas Lapierre (Alpine A480 - Gibson #36). Kévin Estre (Porsche 911 RSR-19 #92), est du même avis : « Le plus gros piège, c'est Arnage, c’est le virage que je trouve le plus délicat à négocier ». Les S Porsche, section rapide située à la fin du circuit, sont un autre juge de paix. « On peut gagner ou perdre beaucoup de temps dans cet enchaînement. Il faut avoir une confiance maximale en sa voiture » ajoute Tommy Milner.
"Je peux faire un meilleur tour qu'en 2017"
Kamui Kobayashi
Tenir un tel rythme pendant trois ou quatre minutes n’est pas donné à tout le monde. Selon Kévin Estre, « C'est difficile à gérer car cela revient à se questionner sur son engagement pendant qu’on roule. Dois-je continuer à 101 % ou 97 % ? C’est la question que l’on se pose après chaque virage. Se mettre à la limite et risquer de compromettre tout un week-end pour une seule boucle est mentalement difficile ».
Est-il seulement possible de réaliser un tel tour ? Là aussi, les avis divergent. « Je pense que ça existe, mais ça ne m’est jamais arrivé. C’est le but de tout pilote. Faisable, mais très difficile. Je n’étais pas loin lors de la première séance de qualifications l’an dernier, mais Le Mans reste le circuit le plus difficile au monde. Aucun virage n’est simple, avec moins d’appui aérodynamique qu'ailleurs et des grandes vitesses, en plus de la pression », explique Kévin Estre. Nicolas Lapierre, auteur de 18 pole positions en WEC, est du même avis : « Il existe mais je n’ai jamais été proche d’un tour parfait ici. Il faut aussi beaucoup de réussite et il y a peu d’occasions. Selon moi, seul Kamui Kobayashi (Toyota GR010 - Hybrid #7) y est arrivé. » Tom Kristensen vous donne ses conseils :
Le pilote Alpine fait référence au record du tour - 3’14’’791 - réalisé par le Japonais en qualifications lors des 24 Heures 2017. Malgré quatre poles en Sarthe, ce dernier n’est pas d’accord. « On n'aura jamais un tour parfait. Je peux faire mieux que mon tour de 2017. » Une déclaration qui laisse rêveur ! Rendez-vous jeudi à 20 heures pour l'Hyperpole, où l'un de ces pilotes tentera de s'approcher de la perfection.
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