24 Heures du Mans 1966 - Chris Amon (Ford), souvenirs d'une victoire (2/2)
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24 Heures du Mans 1966 - Chris Amon (Ford), souvenirs d'une victoire (2/2)

Auteur du premier des quatre succès consécutifs de Ford il y a cinquante ans, Chris Amon évoque longuement ce qui reste encore aujourd'hui la plus grande victoire de sa carrière : les 24 Heures du Mans.

Agé à l'époque de 22 ans, Chris Amon formait avec Bruce McLaren un duo 100 % néo-zélandais au volant de la Ford GT40 Mk II victorieuse. Dans cette seconde partie, il évoque plus précisément les 24 Heures 1966 et l'évolution des sports-prototypes depuis cinquante ans.

Que s'est-il passé à l'arrivée ?

Chris Amon : "L'idée était que les Ford de tête passent ensemble la ligne d'arrivée mais au final il était impossible d'avoir une arrivée ex aequo. Nous n'étions pas sûr de l'identité de l'équipage vainqueur."

Quel a été pour vous le moment le plus difficile de la course ?

"A cette époque, la vitesse de pointe de la GT40 dépassait de 160 km/h celle des autres voitures en piste, alors ça pouvait être assez effrayant, surtout la nuit sous la pluie avec cette brume en suspension qui masquait partiellement les voitures. J'ai trouvé particulièrement difficile le pilotage au crépuscule et à l'aube, car il n'y avait vraiment pas beaucoup de lumière. De plus, les voitures crachaient pas mal d'huile à l'époque pendant la course et lorsqu'il s'est mis à pleuvoir, c'était vraiment glissant. L'accélérateur collait un peu, ce qui n'est pas idéal lorsqu'on prend un virage."

Avez-vous pu dormir ?

"Non. Nous nous arrêtions toutes les 90 minutes pour remettre du carburant et nous n'étions pas autorisés à conduire plus de quatre heures d'affilée. Bruce pouvait dormir n'importe où, mais ce n'est pas mon cas. Lorsque je sortais de la voiture, je prenais une douche et je changeais de combinaison, car on mouillait vraiment sa chemise en pilotant la GT40. Pendant la nuit, j'ai eu des discussions très intéressantes avec Henry Ford II et son épouse Cristina."

Qu'en a-t-il été de la cérémonie du podium après l'arrivée ?

"Je dois avouer que j'avais 22 ans et que j'ai été très intimidé. Henry était sur le podium et je crois que sa femme était également là. Je ne me souviens plus très bien de ce qui s'est dit mais ce fut un moment de grande joie."

Qu'est-ce qui est le plus dur ? Le Mans 1966 ou Le Mans 2016 ?

"C'est difficile à dire, car les différences de vitesses étaient plus importantes à mon époque et les voitures n'offraient pas autant de protection passive. Le circuit était aussi plus dangereux. Nos voitures ne disposaient pas de direction assistée ou de transmission à palettes au volant, leur conduite demandait un gros engagement physique. A force de changer de vitesses, on se retrouvait avec de grosses ampoules au mains. Il fallait aussi ménager les freins, car ils étaient froids lorsqu'on arrivait au bout des Hunaudières. On risquait une rupture de disque car ils montaient énormément en température quand il fallait freiner de plus de 300 à 80 km/h. C'était certainement beaucoup plus dangereux à mon époque, mais si on voulait courir, il fallait faire avec. Je pense que les pilotes actuels encaissent beaucoup plus de force centrifuge. Ils doivent gérer différents réglages sur la voiture et ils ont beaucoup plus de choses à penser pendant la course. Mais en définitive, il y a une chose qui n'a pas changé en cinquante ans : l'endurance est le test ultime pour les hommes et les machines."

Cette victoire est-elle le sommet de votre carrière de pilote ?

"A l'époque, je m'intéressais sans doute plus à la Formule 1 qu'à l'endurance. On a dit de moi que j'ai été très malchanceux en F1 car j'aurais dû gagner beaucoup de courses, mais nombre de mes contemporains de l'époque se sont tués en F1, alors je crois que j'ai de la chance d'être toujours là. Mais gagner Le Mans avec Ford a bel et bien été un moment très spécial de ma carrière."

Que signifierait pour vous une victoire de Ford en 2016 ?

"Je serais très heureux pour Ford. J'ai gagné avec Bruce, qui n'avait plus que quatre ans à vivre après cette course. Alors si l'histoire se répétait pour Ford cette année, ce serait très émouvant pour moi. Je souhaite bonne chance à toute l'équipe."

D'après informations presse Ford - Traduction française Jean-Philippe Doret / ACO

Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, DIMANCHE 19 JUIN 1966, PODIUM. Bruce McLaren (à gauche) et Chris Amon (à droite) encadrent Henry Ford II, qui a assisté au triplé de ses voitures après avoir donné le départ de la course.

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